Avec l’ACADEM, « rechercher l’efficacité » au service de la pensée stratégique française

Direction : ACADEM / Publié le : 29 octobre 2023

Tel est le souhait du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, venu inaugurer ce jeudi l’Académie de défense de l'École militaire, avant une série d’échanges et de débats sur la pensée stratégique, la documentation, les capacités militaires ou le Moyen-Orient.

Discours fondateur de l'ACADEM de Sébastien Lecornu, ministre des Armées © ACADEM

Plus de 800 personnes ont assisté ce jeudi 26 octobre au lancement de l’Académie de défense de l'École militaire (ACADEM), dans l’amphithéâtre Foch de l’implantation historique parisienne : autorités civiles, militaires, élus de la République et représentants du monde universitaire. Cette journée inaugurale a permis à la fois de détailler les objectifs de l’ACADEM, et d’organiser son premier événement d’importance.

Le général de corps d’armée Benoît Durieux, directeur de l’IHEDN et de l’Enseignement militaire supérieur, a pris ce jour ses nouvelles fonctions de président de l’ACADEM. Il a commencé son discours par une citation du plus célèbre ancien élève de l'École militaire : « Savez-vous ce que j’admire le plus dans le monde ? C’est l’impuissance de la force pour organiser quelque chose. Il n’y a que deux puissances dans le monde, le sabre et l’esprit. A la longue, le sabre est toujours battu par l’esprit. » Celui qui écrivait cela au Grand maître de l’université avait pour nom Napoléon Bonaparte, formé en ces murs en 1784.

« Sans équivalent en Europe, et probablement dans le monde »

Commentaires du général Durieux : « Il n’y a pas d’arme plus puissante qu’une idée. Il n’y a pas d’arme qui ne soit d’abord le résultat d’une idée. Il n’y a pas d’entreprise humaine qui ne soit, en définitive, guidée par une ou plusieurs idées. Aujourd’hui, ce triple constat est particulièrement vrai dans le domaine de la guerre, dans le domaine de la géopolitique, dans le domaine de la défense, c’est-à-dire dans les domaines de la réflexion qui nous rassemblent ici ce matin. »

Mentionnant aussi d’autres fameux étudiants passés par ces lieux fondés en 1751, comme le maréchal Foch ou le général de Gaulle, le président de l’ACADEM a insisté : « Plus que jamais, alors que les rapports géopolitiques se durcissent, que les cadres auxquels nous étions habitués disparaissent, nous avons besoin de stratégie », sachant que « toute stratégie se définit comme une dialectique entre nous et les autres, ce qui nécessite de comprendre le monde qui nous entoure ». Mais aussi comme « une dialectique entre le présent et l’avenir ».

Le général Durieux a bien sûr évoqué les 21 organismes qui composent l’ACADEM, « relevant non seulement de toutes les armées et composantes du ministère des Armées mais aussi de la Première ministre et du ministère de l’Intérieur », précisant que « ce regroupement, il est sans équivalent en Europe, et probablement dans le monde. »

Discours d'ouverture du général de corps d'armée Benoît Durieux, président de l'ACADEM © ACADEM

« Une confédération, un forum et une interface »

« Cette académie de défense est une confédération, un forum et une interface », a-t-il détaillé. Une confédération d’organismes « un peu à l’image de ce qui a été développé par le CNRS pour les groupements d’intérêt scientifique ». Un forum différent à la fois des établissements d’enseignement supérieur et des think tanks : « Ici, dans les murs de la vieille école, juristes et officiers des forces spéciales, historiens et sous-mariniers, politistes et pilotes de chasse, économistes et artilleurs, pour ne prendre que quelques exemples, se côtoient débattent, écrivent et enseignent ensemble ». Cette diversité est enrichie « par la multitude des stagiaires étrangers et des délégations de nos partenaires et alliés ».

L’ACADEM représente enfin une interface, « un point de contact unique. Vous connaissez la boutade fameuse d’Henry Kissinger dans les années 70 : "L’Europe, quel numéro de téléphone ?" On ne pourra plus dire cela de l'École militaire », puisque l’ACADEM permettra d’orienter quiconque vers l’un ou l’autre de ses organismes.

Remerciant le ministre des Armées, assis au premier rang, d’avoir « non seulement accepté, non seulement soutenu mais encore érigé au rang de priorité » le projet de l’ACADEM, le général Durieux lui a cédé la parole après diffusion d’un film de présentation.

© ACADEM

« On n’est jamais mort d’une indigestion de trop d’idées ! »

Comme l’officier, Sébastien Lecornu est revenu dans son discours sur les nombreuses tentatives passées de créer une telle académie de défense. « Pourquoi ça n’a pas été fait avant ? », a-t-il demandé, avant de rappeler son « admiration sans borne pour le gaullisme militaire des années 60 » : « Globalement ils ont tout réussi, sauf cela ! » Évoquant la « petite maladie française du cloisonnement » entre les différentes forces vives intellectuelles du pays, le ministre a insisté : « Ce cloisonnement commençait à nous affaiblir. Au regard des circonstances du monde et des menaces telles qu’elles pèsent sur la société, il y avait un décalage entre le discours et la réalité du monde. Il y avait urgence à opérer un décloisonnement ». Ce que l’ACADEM permet de faire.

Mais « en rassemblant ce qui est épars, il n’est pas question d’abîmer l’indépendance » de chaque organisme : « On va rechercher l’efficacité. Cette vingtaine d’organismes doit trouver sa place au sein de l’ACADEM », qui doit agir comme « le jaune d’œuf dans la mayonnaise ». Le locataire de l’hôtel de Brienne a aussi salué la volonté d’ouverture à l’international de la nouvelle Académie : « C’est aussi vrai pour les milieux otaniens, où la France n’occupe pas toute la place qu’elle devrait avoir, à mon sens ». Si l’ACADEM a vocation à s’ouvrir, elle doit aussi servir « à développer une pensée bien française », a précisé Sébastien Lecornu, ajoutant : « On n’est jamais mort d’une indigestion de trop d’idées ! »

Discours fondateur de l'ACADEM de Sébastien Lecornu, ministre des Armées © ACADEM

Retrouvez le détail du lancement de l’ACADEM

Pour illustrer la dimension de forum de l’ACADEM, cette journée inaugurale s’est poursuivie par une série de tables rondes et ateliers, dont on peut retrouver les intervenants et points essentiels sur le réseau social X :

« La pensée stratégique française : pour quoi et pour qui ? L'ACADEM et l'écosystème de recherche stratégique » ;

« Quel réseau documentaire pour les études sur la guerre et la stratégie ? Ressources, acteurs, services » ;

« Vaincre demain : l'enjeu du (des) couplage(s) des capacités militaires ? » ;

et « Recomposition géopolitique au Moyen-Orient : prochaine surprise stratégique ? ».

Réflexion sur la pensée stratégique française © ACADEM

Le Paris Defense and Strategy Forum les 13 et 14 mars

Parmi les futurs événements notables, dès le 28 novembre, un colloque organisé avec l’état-major des armées se penchera sur les forces morales de la nation. Le 8 décembre, un autre événement fera le point sur les différents aspects de la guerre en Ukraine avec plusieurs partenaires étrangers. Et les 13 et 14 mars, aura lieu la première édition du Paris Defense and Strategy Forum, un rendez-vous international sur le thème « Europe at the crossroads ».

Prochain colloque ACADEM

Les forces morales de la nation

Informations et inscriptions

Lancement de l'ACADEM le 26 octobre 2023 à l'École militaire © ACADEM

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Visionner le lancement de l'ACADEM en replay

Les discours des autorités et les interventions des experts sont disponibles sur notre chaîne Youtube.

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