De Paris au Kansas : deux semaines d’exercice CAVAGNIAL avec l’US Army Command and General Staff College pour l’Ecole de guerre – Terre
Fort Leavenworth compte parmi les lieux mythiques au panthéon de l’US Army. Sur les bords du Missouri, ce camp, installé à quelques encablures de l’ancien Fort de Cavagnial - fondé par François Coulon de Villiers en 1744 – regroupe les écoles les plus prestigieuses auxquelles aspirent les officiers de l’armée de terre américaine.
Au sein de l’Army University, l’US Army Command and General Staff College (US Army CGSC) figure en bonne place. Cette école a pour mission de former chaque année plus d’un millier d’officiers supérieurs américains et une centaine d’alliés aux opérations des grandes unités aéroterrestres. Ce centre est considéré aujourd’hui comme le creuset intellectuel de l’armée de Terre américaine. C’est donc tout naturellement que l’Ecole de guerre – Terre a saisi l’opportunité de venir s’entraîner avec les officiers américains à Fort Leavenworth, à l’occasion d’une séquence intense de deux semaines en février 2024.
L’Exercice CAVAGNIAL a ainsi poursuivi deux objectifs : familiariser les officiers stagiaires français à la méthode de planification américaine, la Military Decision-Making Process américain (MDMP), à l’occasion d’une première semaine de planification, puis faire travailler les officiers américains sur une deuxième phase de planification en utilisant la méthode française, la méthode d’élaboration de la décision opérationnelle tactique (MEDOT). Pour ce faire, des états-majors binationaux regroupant une quarantaine de stagiaires ont été constitués afin de conduire ces phases de planification tactique de niveau division. Ce travail a été conduit à partir d’un scénario d’exercice exigeant et extrêmement complet, développé par l’US Army CGSC et portant sur un conflit de haute intensité en Asie du Sud- Est.
L’intérêt principal de cette première phase d’appropriation de la MDMP américaine pour les officiers français a résidé dans la découverte de la profondeur de l’analyse américaine. Les groupes d’officiers stagiaires américains sont en effet constitués de spécialistes d’horizons très divers, parfois même issus d’autres armées et des services interarmées. Ainsi il n’est pas rare de voir un aumônier, un conseiller juridique et un spécialiste des achats discuter des courses of action (mode d’action) à adopter pour la division. Cette grande diversité d’expertises offre l’opportunité d’examiner en profondeur chaque problème tactique, et permet de proposer au chef opérationnel des analyses pertinentes voire des options innovantes. Le défi principal pour les Français a résidé dans la différence d’approche à l’égard de la planification : celle des Américains se focalisant sur la recherche de conditions et de critères pour basculer d’une phase à l’autre, plutôt que sur la construction de séquences successives dans des délais précis.
Après un week-end consacré pour les Français à la découverte du Middle West et de ses charmes, la deuxième semaine a constitué l’occasion d’une nouvelle phase de planification, cette fois-ci en déroulant une phase de MEDOT complète. Alternant les postures d’instructeurs et de chefs de cellule, les officiers français ont ainsi pu initier leurs homologues américains aux notions d’effet majeur et aux exigences liées à la lettre et à l’esprit des missions reçues. Cette deuxième semaine a donc permis de mesurer les différences, mais surtout les proximités entre nos méthodes de planification.
« Ce genre d’exercice de niveau division est fondamental dans notre cursus. Il est indispensable de
développer notre interopérabilité avec nos alliés, notamment l’armée de Terre française », nous a confirmé le Major Haake, officier stagiaire de l’US Army CGSC. Un constat partagé par les stagiaires de la 137 e promotion de l’Ecole de guerre – Terre, qui sont repartis du Kansas convaincus de la nécessité de travailler notre interopérabilité, en maîtrisant la langue et les procédures, mais aussi et
surtout au travers d’interopérabilité humaine, indispensable à la pleine compréhension mutuelle.
Source : CEMS-T
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