Entretien avec l’ADC Stéphane, contrôleur de navigabilité au sein de la DIRNAV

Direction : DSAÉ / Publié le : 03 mars 2022

L'ADC Stéphane est contrôleur de navigabilité à la DSAÉ. Mécanicien de l'armée de l'air, il réalise des examens de navigabilité sur l'ensemble des flottes des autorités d'emploi. Il nous raconte ici ses missions et le déroulé d'un examen de navigabilité. C’est un contrôle physique et documentaire d’un aéronef afin de vérifier sa conformité avec la réglementation et donc avec les exigences de navigabilité.

Portrait d'un contrôleur de navigabilité © SGC Ilmany

Mon adjudant-chef, comment préparez-vous l'examen de navigabilité ?

Avant la réalisation de cet examen, je prépare mon référentiel de contrôle qui s’appuie sur la fiche de navigabilité et sur le référentiel de navigabilité, le cas échéant. Je vérifie les données impératives applicables pour l’aéronef concerné à l’aide des informations consultables sur les sites des autorités de certification primaire (cellule, hélice et moteur, équipements), mais aussi sur le site de la DGA.

Avec ce référentiel de contrôle (RdC), j’analyse les documents fournis par l’unité lors de la demande d’examen de navigabilité pour vérifier que la configuration appliquée correspond à l’applicable.

En cas de doute, je peux contacter le référent RdC de la flotte concernée d’une part, mais aussi l’unité, pour obtenir des extractions complémentaires, d’autre part.

Comment se déroule un examen de navigabilité et que contrôlez-vous ?

Durant une semaine (cas général), l’examen de navigabilité permet de contrôler :

  • les consignes de navigabilité et documents impératifs cellule, moteur, hélice, équipements ;
  • équipements, par échantillonnage, à partir des extractions fournies par l’OGMN ;
  • dossiers de visite : la commande de l’OGMN, les tâches de maintenance effectuées en fonction du PEA en vigueur (surtout si évolution du PEA en cours de visite) ;
  • le contrôle physique sur avion, la conformité de l’aéronef : plaquette d’identification, manuel de vol, marquages de sécurité, livrets de l’aéronef comprenant les réparations structurales, FIA, HIL/ CIL etc. Tout élément se trouvant dans l’aéronef est vérifié par le contrôleur.

Le contrôle documentaire et physique d’un aéronef n’est pas exhaustif en raison du temps contraint. Durant tout l’examen de navigabilité, le dialogue est permanent avec le point de contact OGMN désigné par l’unité. Dans le cas d’un applicable impératif non effectué, je consulte l’OGMN. Soit l’OGMN commande les travaux et les réalise immédiatement, soit il apporte les justificatifs acceptables pour ne pas les appliquer ou pour les reporter.

L’examen de navigabilité se termine par la réunion de clôture, permettant ainsi de communiquer les constats et les niveaux (1, 2 ou observation) associés à l’OGMN. Le compte-rendu d’examen aéronef (CREA) est ensuite signé par le représentant de l’OGMN puis par le contrôleur. Toutes les données de l’examen de navigabilité, y compris les constats, sont enregistrées dans le SI–CN EMPIC (système d’information de la DSAÉ). Le suivi et la correction des constats est à la charge de l’OGMN en liaison avec moi-même.

D’une façon générale, le contrôleur est en autonomie lors de l’examen mais il est soutenu par l’échelon central en cas de problème ou de litige, et systématiquement lors des constats de niveau 1.

Quelles sont les difficultés et constats le plus souvent rencontrés ?

Le contrôle physique de l’aéronef s’effectue en fin d’examen car il permet de vérifier si les anomalies rencontrées lors du contrôle documentaire sont confirmées ou non, et ainsi de lever les doutes. Par conséquent, même si les unités demandent parfois de procéder au contrôle physique de l’aéronef en début d’examen de navigabilité pour des besoins opérationnels, cette anticipation est à éviter car non productive. En revanche, il est possible de planifier finement la date de revue aéronef.

La mise à jour de la documentation est une source régulière de constat lors des examens de navigabilité notamment pour les manuels de vol qui font intégralement partis du périmètre de l’examen de navigabilité.

En raison des informations non exploitées lors de la phase préparatoire, les travaux correctifs éventuels effectués à l’occasion d’un examen de navigabilité nécessitent une certaine vigilance : document libératoire, tests, vol de bon fonctionnement/contrôle et CRS/APRS.

Pour les équipements, les constats les plus fréquents sont non-seulement la non-conformité des documents libératoires acceptables (ou bien l’absence), le dépassement des butés d’entretien ou des limites de vie, mais aussi, fréquemment, l’enregistrement erroné des prochaines échéances dans les systèmes d’informations.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Le bon accueil dans les unités est à souligner. Lors d’un examen de navigabilité, il arrive parfois que nos explications sur un point particulier permettent aux acteurs locaux de mieux appréhender certaines exigences de navigabilité. C’est un côté gratifiant du contrôleur que de dépasser le cadre strict de l'examen de navigabilité et de mettre son expérience au profit de l’OGMN.

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