Le bureau numérique, 1er employeur de civils à l’état-major de la Marine

La transformation numérique de la Marine est un enjeu majeur pour renforcer sa supériorité opérationnelle et informationnelle. Au cœur de cette évolution, la collaboration accrue entre militaires et civils permet de répondre efficacement aux défis technologiques et stratégiques.

Izia, apprenti dans la Marine © I. Colineaux / Marine nationale

Izia, apprenti dans la Marine

Lancée en 2023 par le bureau numérique (BNUM), la stratégie de transformation numérique centrée sur la donnée de la Marine, nommée « SIGNAL » (Supériorité Informationelle pour la Guerre NavALe) vise à renforcer l’efficacité opérationnelle de la Marine dans un environnement compétitif et imprévisible, en exploitant la force de la don­née et de l’intelligence artificielle (IA).

Pour mener à bien cette transformation, la Marine s’appuie de plus en plus sur du per­sonnel civil en raison de l’évolution rapide et de la complexité des compétences requises dans le domaine numérique. Aujourd’hui, le BNUM est le premier employeur de personnel civil au sein de l’état-major de la Marine. Les compétences techniques pointues et souvent plus actualisées des civils viennent compléter l’expérience et les savoir-faire opérationnels des militaires. Les militaires peuvent donc se concentrer sur les missions nécessitant spéci­fiquement leur statut. Cette complémentarité permet à la Marine d’améliorer sa capacité à répondre aux défis technologiques actuels et futurs.

Le numérique, un marché en tension

Le marché des métiers du numérique est en tension, particulièrement dans les domaines de la cyber sécurité, du cloud, de la data science et de l’IA. En France et à l’échelle mondiale, la demande en compétences numériques excède largement l’offre. Pour faire face à la concurrence des entreprises du privé et faci­liter une embauche rapide, la Marine s’appuie sur des recrutements type « contrats de pro­jet ». Grâce à ces statuts, introduits par la loi de transformation de la fonction publique en 2019, les armées peuvent recruter des profils spécialisés pour des missions précises. Cette synergie entre militaires et civils participe à la construction d’une Marine plus forte, plus agile et plus efficace face aux combats navals de demain.

 

Apprenti, un premier pas dans la Marine

7 % des civils sont des apprentis : 180 jeunes – 24 ans en moyenne – du CAP à bac+5, qui exercent dans une quinzaine de domaines (numérique, communication, opérations en milieu maritime, achats). Cette première expérience leur permet de découvrir un métier, mais aussi les codes de la Marine, et leur ouvre les portes de l’Institution. Après leur alternance, à eux de choisir : s’ils désirent poursuivre au sein de la Marine, ils peuvent le faire en passant un concours ou en signant directement un contrat. C’est le cas d’Izia, ancienne apprentie à la préfecture maritime de Brest, recrutée à l’issue de sa formation.

Cols bleus : Comment êtes-vous arrivée dans la Marine ?

Izia : En deuxième année de mon master de droit des espace et activités maritimes à l’Uni­versité de Bretagne Occidentale, à Brest, j’ai eu la possibilité de trouver une alternance pour terminer mon cursus. J’ai été retenue sur un poste d’apprentissage au sein de la préfecture maritime de l’Atlantique, à la division action de l’État en mer (AEM).

C. B. : Quelles sont vos missions ?

I. : En tant qu’apprentie, j’ai réalisé des syn­thèses sur les accords de coopération inter­nationale adoptés par le préfet maritime de l’Atlantique et quelques États voisins, dans les domaines relevant de l’action de l’État en mer, comme le sauvetage, la pollution maritime, l’as­sistance aux navires en difficulté et la circula­tion maritime. Aujourd’hui, j’assiste le chef de pôle sûreté et police en mer qui est un agent de la direction générale des douanes et droits indi­rects. Je m’occupe principalement de la sécuri­sation en amont d’événements liés au monde de la mer (ce que nous appelons « manifestations nautiques »). Notre bureau se charge d’adop­ter les arrêtés pour créer des zones de règle­mentation, par exemple lors de l’Arkea Ultim Challenge qui a eu lieu le 7 janvier dernier, ou plus récemment lors du Relais des Océans pour accueillir la flamme olympique. Le dis­positif était plus important que d’habitude et nous a tous beaucoup mobilisés. J’en garde un souvenir fabuleux, ayant eu la chance de pou­voir assister depuis le plan d’eau au départ de la flamme vers l’Outre-mer. Le prochain gros dossier sera le Vendée Globe en novembre.

C. B. : Comment s’est déroulée votre intégration ?

I. : Ce fut rapide grâce à la variété de profils et de statuts qui existe au sein de la division AEM : militaires, civils, administrateurs des affaires maritimes et douaniers. À mon arri­vée, j’avais reçu un livret d’accueil du person­nel civil, bien utile pour apprendre les grades, et se familiariser avec les forces et les unités au sein de la Marine.

C. B. : Quel avantage voyez-vous à travailler dans une équipe mixte, civilo- militaire ?

I. : Le fait de travailler avec des militaires offre une grande richesse dans les échanges, facili­tant la collaboration dans le travail et sur les dossiers transverses. Aujourd’hui, j’ai décou­vert un univers qui m’est devenu totalement familier. J’ai même été initiée à la navigation. Avec mon compagnon, nous avons acquis notre propre voilier, de 6,5 mètres. Naviguer procure un sentiment incroyable.


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