Des profils variés, paroles de marins

À peine sortis des bancs de l’école, ayant effectué une première carrière dans le privé ou encore anciens militaires, les civils de la Marine présentent des profils éclectiques. À Brest, Toulon, Cherbourg ou encore Fort-de-France, ils œuvrent avec enthousiasme vers un seul objectif : permettre à la Marine de mener ses missions à terre, sur, sous et au-dessus de la mer. Cols bleus leur a tendu le micro pour mieux les connaître.

Civil de la Marine © T. Wallet / Marine nationale

Civil de la Marine en train de souder

Agent sous contrat de catégorie A du pôle cohésion nationale (état- major de la Marine)

Adrien

« Je suis le seul permanent du pôle cohésion nationale à Balard, tous les autres membres sont réservistes ! Depuis mon arrivée dans la Marine en mars dernier, j’y assure la coordination et le pilotage des quatre bureaux : réserve opérationnelle, jeunesse, relations avec les entreprises et monde maritime. Je dois m’as­surer que tous travaillent dans leur périmètre sans empiéter sur celui des autres et éviter les pertes d’information. J’occupe également les fonctions de chef de cabinet du contre-amiral Laurent Berlizot. Comme il n’y a ni directeur de cabinet, ni secrétariat, mes missions sont variées : de la tenue de l’agenda de l’amiral à l’organisation d’événements nationaux en pas­sant par la rédaction de notes et de courriers ou encore l’organisation des déplacements du chef. Auparavant, j’étais mon propre patron puisque j’avais une agence immobilière. Je dois avouer que je ne découvre pas la Marine car depuis 2010 je suis réserviste opérationnel et instructeur PMM. Raison pour laquelle j’ai postulé. Je ne suis pas déçu, j’apprends en per­manence et aucune journée n’est identique. Par ailleurs, les marins avec qui je travaille au sein de l’état-major m’ont très bien accueilli et inté­gré. Bon nombre d’entre eux me surprennent, ils sont loin de chez eux car célibataires géo­graphiques et, malgré cela, restent positifs et oeuvrent avec enthousiasme pour le bien com­mun. On voit rarement cela dans le privé. »

 

Sous-directeur affaires générales et ressources humaines (SSF Toulon)

Jean-Charles

« Quand on grandit à Tou­lon comme moi, on a tous envie à seize ans d’accéder aux bateaux gris devant nous. Pur produit du ministère des Armées, j’ai toujours été civil de la Défense. Si j’ai commencé comme ouvrier de l’État groupe 5, aujourd’hui je suis sous-directeur affaires générales et res­sources humaines du service de soutien de la flotte (SSF). Ma mission est d’assurer le sou­tien interne au profit des agents du SSF sur la partie ressources humaines grâce aux bureaux personnels civils et personnels militaires. Pour la partie affaires générales, ma mission consiste à manager les bureaux du secrétariat géné­ral, de l’informatique et des casernements et infrastructures. La promotion sociale est un élément dimensionnant de la Marine. Tout le monde peut évoluer et accéder à des postes à responsabilités même en commençant au plus bas de l’échelle, à partir du moment où on veut progresser, il y a des vraies opportunités. »

 

Experte sûreté nucléaire pour la rénovation de l’INBS île Longue (SSF Brest)

Gwenaëlle

« J’ai commencé ma carrière professionnelle en tant qu’offi­cier de Marine sous contrat (OSC) de 2003 à 2018. Désormais civile de la défense, je suis affectée au service de soutien de la flotte (SSF) de Brest. Mon rôle est d’analyser les impacts des travaux sur la sûreté de l’installation nucléaire de base secrète (INBS) de l’île Longue, où se réalise le Maintien en condition opération­nelle (MCO) des sous-marins de la Marine nationale. À la suite d’un réexamen de sûreté, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a conclu que l’INBS devait effectuer des tra­vaux de rénovation. Je dois donc m’assurer de la disponibilité des installations, du respect du code du travail et des exigences réglementaires liées aux activités de l’INBS. Cela implique la relecture de documents techniques sur la sûreté nucléaire, un contact régulier avec d’autres spécialistes du domaine nucléaire (radioprotec­tion, gestion des déchets…) et le personnel mili­taire de la Direction générale de l’armement (DGA). »

 

Adjoint au chef du département expertise juridique (SSF Brest)

Gaëtan

« La Marine n’est pas ma culture d’origine. Avocat en droit public, j’ai exercé au barreau de Brest pendant près de neuf ans. J’ai choisi la Marine car elle est au coeur d’enjeux forts, tant au niveau national qu’au niveau local, où elle exerce une forte influence sur le bassin d’emploi. Cette double perspective est très intéressante et j’avais à coeur de pouvoir apporter ma contribution. L’un des rôles du service de soutien de la flotte (SSF) est de passer et d’exécuter des contrats pour entretenir la flotte. Dans ce cadre, la première mission du département d’expertise juridique est de participer à la sécurisation de la procé­dure de passation des marchés et de contrôler la qualité des contrats préparés. La deuxième mission est d’apporter tout conseil utile en matière juridique au chef d’organisme, mais également à tous les services du SSF qui nous sollicitent, lorsqu’ils rencontrent des situations conflictuelles ou précontentieuses. Je m’inscris dans un milieu beaucoup plus collectif qu’au­paravant, la Marine est un environnement avec des expertises variées ; c’est très nourrissant de travailler avec ces différents professionnels et de leur permettre de porter au bout leur dossier. »

 

Mécanicien à l’atelier moteur hors-bord (base navale de Fort-de-France)

Jean-Christophe

« Après avoir suivi une for­mation de mécanicien dié­séliste à La Rochelle et travaillé deux ans dans la marine marchande, je suis revenu en Martinique où j’ai d’abord exercé comme mécanicien indépendant en marine de plaisance. En 2021, j’ai répondu à un appel à candidature et après un examen pratique, j’ai été recruté à la base navale. Avant d’arriver, j’appréhendais un peu de travailler dans le milieu militaire et finalement j’ai été agréable­ment surpris. Si les statuts entre civils et mili­taires sont distincts, lorsque nous travaillons ensemble, il n’y a pas de différence et j’ai de très bons rapports avec mes camarades militaires. De surcroît, nous avons les moyens de travail­ler dans de très bonnes conditions. Ayant aussi travaillé dans le privé, j’apprécie la différence. Nous sommes soutenus tant sur le plan tech­nique que social et bénéficions du soutien de la hiérarchie. Franchement, je conseille aux jeunes de venir travailler dans les armées, que ce soit sous statut civil ou militaire, la forma­tion qu’ils y recevront leur mettra le pied à l’étrier pour bien démarrer dans la vie. »

 

Agent gestion des stocks (SLM Cherbourg)

Mathilde

« Encouragée par mes professeurs à faire un stage, je suis entrée un peu par hasard dans la Marine. L’esprit et l’ambiance qui régnaient m’ont plu au point de me faire rester. D’abord stagiaire puis apprentie, je suis aujourd’hui agent de gestion des stocks au service logistique de la Marine (SLM). Contrairement à Brest ou Tou­lon, Cherbourg est une petite base navale, nous sommes neuf à la division logistique. L’avan­tage d’être peu nombreux, c’est de toucher à tout. Ma mission est de m’occuper du stock qui est à terre. Sur un logiciel, je passe tous les mou­vements d’entrées et de sorties de notre maga­sin y compris les inventaires et les éliminations. Notre mission principale est la délivrance de matériel pour les unités de Cherbourg et des autres ports. Ce qui me plaît, c’est de voir la finalité de mon travail : pour que les bateaux fonctionnent, il faut les entretenir et les réparer, donc avoir les pièces nécessaires à disposition. »

 

Responsable technique et qualité au laboratoire d’anthropora-diométrie (base navale de l’île Longue)

Frédéric

« Je suis entré à l’École des matelots en 1997 en tant qu’électromécanicien de sécurité avant de me réorienter en 2003 en passant le Brevet technique (BT) de radioprotection. La radio­protection correspond à la prévention et à la protection des travailleurs exposés aux rayon­nements ionisants. Devenu civil de la défense en 2014, j’ai été affecté au laboratoire d’an­throporadiométrie de l’île Longue en tant que responsable technique et qualité. Mon travail est de gérer l’aspect référentiel documentaire du laboratoire, l’analyse et la validation des examens, la maintenance de l’installation et assurer le contrôle qualité des mesures et des équipements. J’apprécie le fait d’avoir pu pro­gresser au sein de la Marine nationale à travers plusieurs formations afin de gagner en compé­tences et en responsabilités. »

 

Chef par intérim du CommLab (base navale de Toulon, FOSIT)

Valérie

« Pourquoi la Marine ? À Toulon, impossible d’en­visager autre chose ! (rires) Depuis toute petite, je baigne dedans car mon père était cadre au centre d’essais de la Méditer­ranée. Infographiste de formation, j’ai travaillé dans une maison d’édition avant d’atterrir à la sécurité sociale des militaires. En arrivant au CommLab, j’ai trouvé un formidable esprit d’équipage. Le CommLab fonctionne comme une famille bienveillante et motivante, nous travaillons tous ensemble et sommes très poly­valents, la clef pour faire avancer les projets même en l’absence d’un d’entre nous. Il n’y a aucune mise à l’écart qui serait la conséquence de notre statut car la Marine croit en nous. Je sens une réelle volonté de nos clients (principa­lement le SRM et la DPM) de nous tirer vers le haut. Cette valorisation s’exprime à travers les moyens qui nous sont octroyés. En parallèle, le fait d’être civil nous offre un regard exté­rieur qui nous rapproche de notre public. Nous devons attirer et intéresser les jeunes aux acti­vités de la Marine pour aider au recrutement. Chaque projet est un nouveau défi à relever. C’est passionnant. »

 

Expert essais expérimentations (CEPA/10S)

Laurent

« Tout jeune, l’aéronau­tique me faisait rêver. Aujourd’hui, je suis per­sonnel navigant d’essais et expert essais expérimentations au Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale (CEPA/10S) à Hyères. J’assiste le comité directeur et les officiers rapporteurs (chefs de projet) pour les expérimentations et certaines problématiques liées à la sécurité des vols. Je conduis certaines expérimentations en vol. J’interviens dans la rédaction des dossiers adressés à la DGA pour disposer des autorisations d’expérimentations sur nos installations prototypes devant équi­per les aéronefs de la Marine nationale. Je conduis les visites de sécurité pour relever les cas de non-conformité susceptibles d’impacter la sécurité des vols. Je suis également pilote de processus, le CEPA/10S étant certifié ISO 9001. Le poste est intéressant car très varié, que ce soit au niveau des tâches à réaliser ou des inter­locuteurs et il y a une vraie proximité avec les opérationnels. D’autre part, il y a un bel esprit d’équipage au CEPA, ce qui fait que je me sens totalement marin. »

 

Responsable d’opération projection-soutien, (SSF Toulon)

Marc

« Être civil au sein de la Marine est un rôle à part entière. Le service de soutien de la flotte est le lieu où s’exprime le mieux la complémentarité entre civils et militaires. Chargé de la gestion de la maintenance de flotte de navires (à savoir les porte-hélicoptères amphibies et les bâtiments ravitailleurs), je dois assurer la disponibilité des navires. Mon travail s’articule autour de deux missions essentielles : préparer et gérer des périodes de maintenance et être en mesure de dépanner rapidement tout navire soumis à une avarie où qu’il soit dans le monde. Je dois également penser au temps long en anticipant l’obsolescence des équipements et préparer l’accueil des nouveaux navires, en lien avec le budget prévu par la loi de pro­grammation militaire. Si l’esprit marin consiste à se battre pour une mission, à s’approprier le navire sur lequel on travaille, alors oui, je l’ai, sans l’ombre d’un doute. J’éprouve toujours une immense satisfaction à voir revenir un navire d’une mission longue sans encombre. »

 

Adjoint au chef de magasin aéronautique (BAN de Hyères)

Laurent

« J’occupe un poste de logistique dans l’aéronau­tique navale, dédié à l’ap­provisionnement et la délivrance des matériels aéronautiques. Destinés à être montés sur les hélicoptères de la base, les matériels sont éga­lement délivrés aux forces présentes sur des théâtres d’opérations extérieures. Je veille à la bonne application des ordres de mouvements délivrés par la Direction de maintenance aéro­nautique. Ma mission consiste aussi à encadrer six civils et militaires, planifier les tâches des opérateurs et les former sur le tas. Enfin, nous devons assurer le stockage et la conservation des matériels dans de bonnes conditions. Il y a un vrai esprit d’équipage dans mon équipe, c’est très agréable. Civil ou militaire, chacun a ses spécificités, mais le quotidien est partagé ensemble. Lorsqu’on réalise une sortie de maté­riels pour rendre opérationnel un aéronef, on a un sentiment d’appartenance à la Marine. »

Adrien, agent sous contrat de catégorie A au pôle cohésion nationale de l'EMM © P. Brichaut / Marine nationale

Adrien, agent sous contrat de catégorie A au pôle cohésion nationale de l'EMM

Jean-Charles, sous-directeur affaires générales et ressources humaines

Gwnenaëlle, experte sûreté nucléaire pour la rénovation de l'INBS île Longue

Gaétan, adjoint au chef de département expertise juridique du SSF Brest

Jean-Christophe, mécanicien à l'atelier moteur hors-bord de la base navale de Fort-de-France

Frédéric, responsable technique et qualité à la base navale de l'île Longue

Valérie, chef par intérim du CommLab à la base navale de Toulon

Laurent, expert essais expérimentations CEPA/10S

Marc, responsable d'opération projection-soutien au SSF Toulon

Laurent, adjoint au chef de magasin aéronautique BAN Hyères

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