Des stages pour les blessés

Le sport, clé de la reconstruction

Chaque année, des marins, blessés ou malades, bénéficient de stages de reconstruction par le sport. Ces derniers de pratiquer une activité physique, créer du lien social et renouer avec l’Institution.

Rugby fauteuil © CNSD

Rugby fauteuil

J'ai eu un cancer du sein, un an de chimiothérapie et subi cinq opérations». D’emblée, le premier maître Anne-Gaëlle* annonce la couleur. Un verdict qui aurait pu ébranler n’importe qui, même après 20 ans de Marine dont une majorité passée à bord des bâtiments. Heureusement, être marin c’est aussi un esprit d’équipage, et pouvoir compter sur la grande famille Marine pour remonter la pente. C’est là qu’intervient la cellule d’aide aux blessés et d’assistance aux familles de la Marine (CABAM). «Avant de reprendre le travail, la CABAM m’a proposé un stage de reconstruction par le sport.» Anne-Gaëlle avait besoin de reprendre son souffle, de vérifier si elle était encore capable de se lever le matin à heure fixe. Entourée d’un kiné, d’un moniteur d’entrainement physique militaire et sportif (EPMS) et des référents de la CABAM, elle a relevé son premier défi : se réapproprier son corps, en faisant du vélo, de la trottinette et de la voile, «un effort physique modéré, mais le plus important était de réaliser que je pouvais le faire.»

En plus d’un soutien et d’un accompagnement administratif, médical, social, juridique et humain, la CABAM propose depuis 2022 ses propres stages de réadaptation par le sport afin de motiver les malades et les blessés et d’enclencher leur processus de reconstruction. Il existe actuellement deux stages par an financés par l’association Entraide Marine 1 pouvant accueillir jusqu’à dix marins. Le second maître Pierre* en a lui aussi bénéficié. Après un accident de travail et un alitement de plusieurs mois, «cela m’a permis de rompre l’isolement et de recréer du lien avec la Marine. Si la CABAM ne m’avait pas contacté, je ne les aurais jamais connus.» L’activité sportive suscite la cohésion et des encouragements, sans porter de jugement. Elle place le blessé ou le malade dans une dynamique valorisante quelle que soit sa pathologie. «Le sport fait du bien au moral, souligne Clémence de Vitry, assistante sociale d’Entraide Marine. J’ai vu des marins qui ne se connaissaient pas se confier des choses très personnelles et garder contact des mois après.»

« Handicapables »

«On parle de reconstruction par le sport, mais il faut surtout voir les stages sportifs comme un premier jalon, une main tendue», admet Clémence de Vitry. «Une fois l’isolement terminé, c’est là que peuvent démarrer les démarches administratives, des envies professionnelles. C’est un premier pas dans la vie d’après.» Il existe ainsi une multitude de stages de reconstruction par le sport, organisés par le Centre National des Sports de la Défense (CNSD), le Cercle sportif de l’Institution nationale des Invalides (CSINI) ou la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre (CABAT) laquelle organise annuellement les Rencontres militaires blessures et sports (RMBS). Ces rencontres s’articulent autour d’activités physiques adaptées à chaque handicap et permettent aux blessés de l’ensemble des armées et services de retisser du lien social. C’est le cas du maître Corentin*, commando Marine, souffrant d’un stress post-traumatique. «J’avais fait part de mon envie à la CABAM de participer aux Invictus Games et ils m’ont proposé de commencer par un stage RMBS, où les rencontres sont primordiales. J’ai découvert plusieurs sports dont le rugby fauteuil.» Corentin a ensuite fait un stage multisports, plus intense et proche de la compétition.

L’objectif est de «montrer à chacun qu’il est capable, on parle alors d’handicapable. Ce sont des blessés, oui, mais en situation de handicap», explique le commandant Erwan Lebrun, ancien chef du dispositif de reconstruction par le sport pour les armées. C’est pourquoi chaque stage est ouvert à tous et s’adapte à l’ensemble des handicaps et pathologies. «J’ai en tête l’exemple d’anciens militaires qui, par le travail et la volonté, sont allés au-delà de leur handicap et de leurs blessures et sont aujourd’hui au sein du Bataillon de Joinville pour participer aux Jeux Paralympiques.»

D’autres stages sont également ouverts aux familles par le CNSD ou le CSINI, par exemple le stage d’équitation adaptée, qui permet de faire vivre aux blessés des expériences corporelles et émotionnelles avec le cheval. La famille, dont l’accompagnement reste indispensable dans le parcours de reconstruction du blessé, est également conviée. En 2025, un village des blessés devrait voir le jour au CNSD, dans une structure adaptée, capable d’accueillir une centaine de blessés et leurs familles.

* Prénoms modifiés

Des stages pour les blessés © Marine nationale

Des stages pour les blessés

Des stages pour les blessés

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