80 ans de la Libération de Strasbourg : Mémoire et Hommage
Le 23 novembre 1944, Strasbourg est libérée après d’intenses combats menés par la 2e Division Blindée (2e DB) du général Leclerc. Cet événement historique, tant attendu depuis l’occupation de l’Alsace par les forces nazies, incarne l’aboutissement du serment de Koufra et marque une étape clé dans la reconquête de la France. La Mission Libération revient en détail sur cet événement.
Un serment tenu : Leclerc et la libération de Strasbourg
La libération de Strasbourg est indissociable du serment de Koufra, prononcé en mars 1941 par le général Leclerc. À cette époque, dans l’oasis libyenne de Koufra, alors qu’il dirige les Forces Françaises Libres, Leclerc promet que le drapeau tricolore flotterait à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg. Trois ans plus tard, ce serment devient réalité.
« Ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »
- Serment de Koufra, 1941
- Libye

Après des combats victorieux à Andelot et Vittel, la 2e DB, intégrée au 15e Corps américain du général Haislip, poursuit son avancée. En novembre 1944, elle prend la ville de Baccarat, mais se heurte à des problèmes logistiques, notamment de ravitaillement en carburant, et à une résistance allemande féroce dans le massif des Vosges. Pour les Alliés américains, Strasbourg n’est pas un objectif prioritaire, leur attention se portant sur les régions industrielles du nord de l’Allemagne. Cependant, Leclerc insiste auprès d’Eisenhower, obtient le feu vert pour avancer et décide de concentrer ses forces sur la libération de Strasbourg.
Le Serment de Koufra : un moment indissociable de la Libération de Strasbourg.
Le 13 novembre, les colonnes de la 2e DB, commandées par Dio, Massu et Mignonnet, s’élancent à travers les Vosges en direction de Strasbourg. Contrairement aux avis de plusieurs de ses conseillers alsaciens, Leclerc choisit de traverser le massif, jugé impraticable pour les chars. Ce pari audacieux s’avère décisif pour le succès de l’opération. Le 22 novembre, Saverne est libérée, et le lendemain, les faubourgs de Strasbourg sont atteints. Le matin du 23 novembre, le lieutenant-colonel Rouvillois entre dans la ville et envoie le message codé à Leclerc : « Tissu est dans iode », signifiant que Strasbourg est libérée. À 14 h 20, le drapeau français flotte à nouveau sur la cathédrale, concrétisant le serment de Koufra.
Le rôle des habitants et des FFI dans la libération
À Strasbourg, la libération prend la population par surprise. Les habitants, occupés à leurs affaires quotidiennes, voient les chars français entrer dans la ville. L’évasion du Gauleiter Wagner vers l’Allemagne ne suffit pas à protéger l’administration nazie : environ 15 000 civils allemands sont faits prisonniers, tandis que le général Vaterrodt et ses troupes se retranchent dans le Fort Ney, au nord de Strasbourg. Ce dernier ne se rend que le 25 novembre.
Les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) jouent un rôle crucial dans la libération. En plus de renforcer les troupes françaises sur le terrain, elles agissent comme guides et traducteurs, facilitant la progression des soldats alliés dans une ville encore marquée par la présence ennemie. Cependant, les combats ne s’arrêtent pas le 23 novembre. De violents affrontements ont lieu dans le quartier de l’Esplanade, où plusieurs casernes allemandes sont situées, et dans le port du Rhin. Les bombardements allemands depuis l’autre rive continuent, et la destruction des ponts bloque temporairement le passage des Alliés vers l’Allemagne.
Un contexte de guerre prolongée en Alsace
La libération de Strasbourg ne signifie pas la fin des combats en Alsace. Au nord de la région et autour de Colmar, des batailles font rage jusqu’en février 1945. La situation devient encore plus critique en décembre 1944 lorsque Hitler lance une contre-offensive dans les Ardennes, obligeant les Alliés à redéployer leurs troupes. Les forces françaises risquent alors de devoir évacuer Strasbourg, mais le général de Gaulle s’oppose fermement à cette décision, considérant la capitale alsacienne comme un point stratégique et symbolique.
Grâce à une intervention directe auprès de Churchill et Eisenhower, de Gaulle obtient le maintien des forces françaises et de certaines unités américaines à Strasbourg. Ce bras de fer diplomatique permet de préserver la ville, mais les combats se poursuivent, notamment à Gambsheim et Hatten, où une terrible bataille de blindés dure 12 jours. Ce n’est qu’en février 1945 que la poche de Colmar est enfin libérée, scellant définitivement la reconquête de l’Alsace.
« Objectif : Strasbourg-pont de Kehl… Ne pas s'attarder, mais charger au maximum…... Arrêter les personnalités importantes... »
- Strasbourg, 1944.

Retrouvez le livret de la cérémonie de la Libération de Strasbourg au format numérisé :
🔗 Le livret numériséLe camp de Natzweiler-Struthof : mémoire des déportés
À 50 kilomètres de Strasbourg, le camp de concentration de Natzweiler-Struthof incarne les atrocités nazies en Alsace. Seul camp de concentration situé en territoire français, il est libéré par les troupes américaines le 25 novembre 1944. Construit en 1941, il a accueilli près de 52 000 déportés, principalement des résistants, des Juifs et des opposants au régime nazi. Les conditions de détention y étaient particulièrement inhumaines, exacerbées par le climat montagnard.
Symbole de la barbarie nazie, ce camp est aujourd’hui un lieu de mémoire incontournable. Après sa libération, il a été transformé en camp d’internement pour collaborateurs alsaciens, avant de devenir un site dédié au souvenir.
Pour en savoir plus sur le Mémorial
Les incorporés de force : une mémoire douloureuse
En Alsace-Moselle, plus de 134 000 jeunes ont été incorporés de force dans l’armée allemande. Parmi eux, de nombreux "malgré-nous" ont été envoyés sur le front russe, où les conditions étaient particulièrement éprouvantes. Beaucoup n’en sont jamais revenus, et ceux qui ont survécu ont souvent été emprisonnés dans des camps soviétiques, notamment celui de Tambov.
Cette histoire, marquée par le rejet et les représailles, reste une blessure profonde pour la région. Si la mention "Mort pour la France" a été attribuée à la majorité des incorporés de force, elle illustre les drames vécus par les jeunes Alsaciens et Mosellans pris dans l’engrenage de la guerre.
Incorporés de force, résistants et déportés : plongez dans les destins inspirants de trois Alsaciens qui ont marqué l’Histoire par leur courage face à l’occupant nazi :
La Libération de Strasbourg en 3 figures
80 ans après, une mémoire toujours vivante
Pour les 80 ans de la Libération de Strasbourg, de nombreuses commémorations mettront en lumière les héros de cette épopée. Des initiatives éducatives, comme celles du collège de Saverne, invitent les jeunes à devenir acteurs du devoir de mémoire à travers des projets historiques et des cérémonies.
Ces commémorations rappellent l’importance de transmettre cette histoire, d’honorer les sacrifices et de célébrer la liberté retrouvée, tout en soulignant la nécessité de préserver la paix. Strasbourg, symbole de résilience et de mémoire, continue d’inspirer les générations actuelles et futures.
Retour en images sur la cérémonie de Strasbourg
La galerie photos des 80 ans de la Libération strasbourgeoise.
Les photos de la cérémonie