FARNBOROUGH 2022
Farnborough 2022 peut être vu comme une édition de transition et de reprise suite à la crise sanitaire. De transition, avec une absence de grandes nouveautés majeures dans le domaine de l’aviation militaire notamment. L’apparition de nouveaux armements, drones et équipements révélés pour la première fois au niveau international amorce une reprise de l’activité. Suite au conflit en Ukraine, le salon est essentiellement composé d’exposants occidentaux et asiatiques.
Un salon de transition …
Le mot transition peut paraitre rude mais il revêt un côté positif pour ce salon. Il ressort de la visite du Hall consacré au consortium britannique BAE Systems que la recherche et le développement ne sont pas arrêtés, au contraire même, ce domaine est en expansion. Le programme de futur avion de combat de sixième génération « Tempest » n’est plus uniquement un projet sur le papier, tout comme les coopérations annoncées avec la Suède, l’Italie (capteurs) et le Japon (motorisation et radar). Le « Jaguar », futur radar du Tempest, sera le fruit d’une coopération entre Mitsubishi Electric et BAE Systems. Les équipements radar et capteurs devraient être installés en 2026 sur le Boeing 757 Excalibur, banc d’essai du Jaguar développé par Leonardo. Les Japonais réaliseront des essais sur un autre appareil. Le Jaguar est annoncé comme un nouveau radar dérivé de la dernière génération ECRS MK II , radar à antenne active, également prévu pour les futurs Eurofighter tranche 3 de la Royal Air Force. Si tout se passe comme prévu, BAE Systems annonce le vol de son premier prototype en 2027. Il est remarqué que le design final de l’appareil n’est pas encore arrêté, il est fort probable qu’il soit proche de la maquette échelle 1 déjà présentée. Ce programme est un fédérateur du savoir-faire britannique dans le domaine de l’aéronautique et de la recherche à l’instar du programme Eurofighter actuellement.
La société britannique Aeralis offre une solution innovante dans le domaine de la conception d’avion de combat léger ou de drone par l’assemblage de modules préfabriqués et proposés sur étagère. Ceux-ci permettront au client de disposer d’un aéronef évolutif répondant exactement à son cahier des charges. En cas de besoins complémentaires, il suffira d’installer le ou les modules nécessaires. A titre d’exemple, ce principe permet de ne disposer que d’une seule chaîne de maintenance, et entraînera une diminution des coûts. Pour être plus explicite, Aeralis propose de partir d’un avion d’entraînement de base mono ou biréacteur, de le transformer en avion d’entraînement avancé par simple changement de voilure, puis de le modifier en drone en remplaçant simplement le cockpit par un système sans équipage. Présenté pour la première fois lors du salon DSEI en septembre 2021 et ayant présenté deux maquettes échelle 1 lors du salon DIMDEX 2022 au Qatar, Aeralis annonce son objectif de disposer d’un premier prototype volant pour 2025. L’industriel est déjà en partenariat avec seize compagnies dont Rolls-Royce, Safran, Thales ou encore Martin Baker pour ne citer qu’elles. La firme a d’ores et déjà reçu un soutien financier de Barzan Holdings(Qatar). La finalisation de la conception est prévue pour l’automne et le centre d’essai devrait ouvrir en 2024. Aeralis nous a confié être en contact avec les autorités françaises dans le cadre du remplacement des Alpha Jet et notre interlocuteur serait très fier que la Patrouille de France tout comme les Red Arrows choisissent son avion.
Une forte présence turque est à souligner lors de cette édition 2022, avec Turkish Aerospace et notamment la présentation des appareils Hürjet et TFX. L’avion d’entraînement avancé Hürjet, révélé pour la première fois lors de l’édition 2018 de Farnborough, a changé de couleur et porte les peintures rouge et blanche des couleurs de la Turquie. Son cockpit comprend un grand écran tactile, partageable en cinq écrans, et permet au pilote de choisir l’information dont il a besoin au moment précis. Il pourrait s’agir de la dernière apparition de cette maquette, puisque son premier vol de est prévu pour le 18 mars 2023.
Ce sera aussi le cas pour le TFX . L’avion de combat multirôle devrait effectuer son premier roulage le même jour, celui de la célébration de la victoire de Galipoli lors de la première guerre mondiale. L’avionneur annonce un premier vol trois ans plus tard, le 18 mars 2025. Le premier prototype du TFX devrait être équipé du même réacteur que le F-16, le General Electric F110 que TAI maitrise totalement. Le but fixé est que le TFX de série soit 100% turc. Pour cela, la filiale motorisation de TAI (TRMotor) dispose déjà des études de conception préliminaires et de nouveaux outils, notamment dans le domaine numérique. Le moteur est annoncé pour 2028. Il est incontestable que l’avionneur turc a progressé de manière significative. Il y a encore 6 ans il proposait la première version du turbopropulseur Hürkus. Aujourd’hui il propose l’Hürjet, un biréacteur supersonique avec une vitesse annoncée de Mach 1.4.
Du côté du marché des hélicoptères, la compagnie Bell poursuit ses programmes V-280 et Bell 360. Le Bell « Valor » V-280, destiné à remplacer le Blackhawk au sein de l’US Army et des forces spéciales, est en compétition dans le programme FLRAA (Future Long Range Assault Aircraft) contre le Lockheed/Boeing Defiant X. Il profite de toute l’expérience acquise avec la gamme d’hélicoptères tilt-rotor V-22 Osprey en service depuis le début des années 2000. Seul le type de propulsion est comparable puisqu’ils disposent tous les deux de moteurs de la famille Rolls-Royce T406/AE1107. La comparaison s’arrêtera là, puisque le V-280 dispose de deux moteurs fixes et seuls les rotors sont basculants, permettant de diminuer le poids de la structure. Concernant l’avancement, le premier vol de l’hélicoptère de série est prévu pour 2025. Le démonstrateur vole depuis décembre 2017 et celui-ci a déjà atteint la vitesse de 300 nœuds. Il sera piloté par un équipage de quatre personnes et pourra accueillir jusqu’à douze soldats armés. Il pourra déposer ses soldats en 1h50 à 450 Nm, contrairement au Blackhawk qui met environ 5h et deux ravitaillements en carburant. Le rayon d’action du V-280 sans ravitaillement en vol est d’environ 500 Nm avec une vitesse de croisière de 280 nœuds. L’appareil n'est pas muni de perche de ravitaillement en vol, l’emplacement et la technologie sont cependant disponibles en fonction de la demande. Bell attend la décision finale de l’US Army normalement prévue pour le mois d’octobre prochain.
Bell est aussi en course dans le programme FARA avec l’« Invictus » Bell 360, destiné à remplacer le Kiowa Warrior Bell OH-58D « Fire Scout » retiré du service. Tout sur l’« Invictus » a été pensé pour la vitesse : cockpit en tandem permettant de disposer d’un minimum de trainée, rotor principal caréné et pales haute vitesse dérivée du Bell 555, présence de deux ailes en flèche et commandes de vol numérique. Concernant la létalité, le Bell 360 est équipé de lanceurs modulaires en soutes latérales, et il est équipé d’un canon de 20 mm dérivé de celui testé sur le feu RAH-66 Comanche (abandonné dans les années 2000). Le choix des équipements n’est pas totalement arrêté, ceux-ci le seront en fonction des besoins du ou des clients, notamment concernant la boule électro-optique. Le premier prototype est en cours de montage et la motorisation devrait être installé courant fin de l’été 2022. Le prototype de l’Invictus est prévu de voler en 2025.
Bell présentait aussi le Bell 505, qui est un hélicoptère léger destiné en particulier à la formation de base des pilotes d’hélicoptères. Ce dernier est déjà en service au Monténégro et bientôt en Corée du Sud.
La compétition pour le programme de nouvel hélicoptère moyen ou NMH était bien visible et battait son plein à l’occasion de Farnborough 2022. Il s’agit du remplacement, entre autres, des 23 Puma HC25 de la Royal Air Force qui arrivent en bout de potentiel en 2025. Dans ce cadre, Leonardo a présenté son AW149 P5, prototype totalement équipé sur le statique et observé en vol lors du RIAT. Il revient tout juste d’une campagne de tir d’essai de roquettes et de missiles en Europe. L’AW139 peut emporter jusqu’à seize soldats équipés et, en version médicale, jusqu’à quatre civières. Il était présenté équipé d’un lance-roquettes et d’une mitrailleuse 7,62 mm en sabort. Il est notamment doté de brouilleurs infrarouges directifs Miysis, de détecteurs électromagnétiques Seer, d’un détecteur laser RALM, ainsi que de lance-leurres. Tous ces équipements sont développés et fabriqués par Leonardo.
Les autres compétiteurs étaient aussi présents. Airbus propose son hélicoptère H-175M. Les Américains proposent pour Lockheed Martin le Blackhawk, fabriqué en Pologne par PZL-Mielec et équipé notamment de quatre missiles anti-char Hellfire et d’une nouvelle planche de bord. Bell propose de son côté le Bell 525 Relentless.
Un salon de nouveauté…
Petit focus pour commencer sur la nouveauté remarquable dans le domaine de l’aviation de combat : le nouveau chasseur sud-coréen KF-21. Celui-ci a notamment effectué son premier vol en Corée pendant le salon, ce qui a rendu encore plus fier les dirigeants de la société KAI et Martin Baker. Ils présentaient sur leur stand, pour la première fois au monde, le tronçon avant du monoplace échelle 1 et le siège éjectable Mk-18. A noté que Martin Baker dispose aussi du tronçon avant de la version biplace. Le Mk-18 a été développé spécialement pour cet avion. Il dispose de plusieurs spécificités, dont un système de blocage latéral de la tête du pilote équipé d’un viseur de casque, d’un système pour plaquer la tête vers le bas afin d’empêcher l’arrachement de la tête lors de l’éjection, et un logement parachute en carbone afin d’alléger le siège. Les technologies utilisées sont bien entendues dérivées de toute l’expérience et du savoir-faire de la société qui revendique le sauvetage de 7677 vies. En complément du siège, Martin Baker développe aussi le système d’éjection de la verrière du cockpit.
D’autres équipements installés sur le KF-21 étaient présentés lors de cette édition 2022 : l’antenne à balayage actif ou AESA du radar de pointe avant développée par Hanwha Systems et l’écran central du cockpit de fabrication coréenne par la société Psion dsp, le LAD2008DA. Ce dernier mesure 20 pouces sur 8, totalement tactile avec une résolution de 2 x 1280x1024 pixels. Il permet au pilote de disposer de toutes les informations provenant des différents capteurs.
Encore beaucoup de nouveaux drones lors de cette édition.
Commençons par les nouveaux programmes de drones développés par BAE Systems et présentés uniquement lors du Royal International Air Tattoo se tenant la veille du salon aéronautique de Farnborough sur la base aérienne de Fairford.
Fin juin, l’armée de l’air britannique a mis fin au programme « Mosquito », qui devait à terme donner naissance à un drone de combat, après avoir déjà dépensé 30 millions de £. Deux projets de drone Loyal Wingman (pouvant accompagner le futur chasseur de sixième génération « Tempest ») ont été présentés par BAE Systems en réponse à cet abandon.
Le premier projet est baptisé le « concept 1 UAS », il s’agit d’un drone équipé d’un turboréacteur lui conférant une vitesse proche de mach 0.5. Il mesure 3 m de long et sera doté d’une charge utile maximum de 40 kg pouvant comprendre des capteurs et/ou des équipements de brouillage. Il sera utilisé devant les chasseurs pilotés, pouvant distraire les défenses anti-aériennes ou créer une brèche en cas de raid. Il sera catapulté ce qui pourra permettre une utilisation à partir d’un véhicule terrestre ou d’un navire. La récupération se fera sous parachute.
Le second projet s’apparente plus à du loyal wingman, à l’image du MQ-28 Ghost Bat de chez Boeing Australia. Il est baptisé Concept 2 UAS. C’est un drone avec une masse maximum au décollage de 3,5t et disposant d’une capacité d’emport prévue de 500 kg en soute. Il serait capable d’opérer jusqu’à 5 heures et d’évoluer jusqu’à 40 000 pieds à une vitesse de Mach 0.75. Concernant les armements embarqués annoncés, il devrait pouvoir être équipé de deux missiles air-air longue portée de la classe Meteor ou de quatre missiles air-sol de la classe Spear 3. Il devrait également être doté de capteurs lui permettant d’effectuer des missions de reconnaissance et de renseignement ainsi que de l’attaque électronique ou du brouillage.
Ces drones pourraient opérer en coopération avec les Eurofighter Typhoon de dernière génération, avant même l’arrivée du Tempest. BAE Systems développe ces programmes sur fonds propres, les prix des différents drones dépendront des spécificités demandées par les éventuels clients.
Cette année, la Turquie a présenté le plus grand drone de cette édition 2022 par l’intermédiaire de Turkish Aerospace, avec la maquette échelle 1 du drone Aksungur. C’est un drone de reconnaissance moyenne altitude à long rayon d’action pouvant être armé. Pour ceci, il dispose de trois points d’emport par demi-voilure. La configuration présentée était la suivante, avec de l’intérieur vers l’extérieur : deux bombes de 250kg de classe Tebber et quatre petits missiles MAM-L.
Les américains et les canadiens sont comme chez eux en Angleterre. La firme General Atomics présentait son Sky Guardian/Sea guardian. Tout d’abord il faut préciser que la Grande-Bretagne sera la première force à être équipée de cette version du MQ-9B avec sa commande de 16 systèmes Protector RG Mk1. La Belgique devrait bientôt la rejoindre. Le Protector RG Mk1 ou MQ-9B constitue la dernière génération de la famille des Predator. Opéré par liaison satellitaire, il est capable de voler jusqu’à 40 heures, en fonction de la charge et de la météorologie, et est capable d’intégrer l’espace aérien civil en toute sécurité. Il dispose de neufs points d’emport externes (8 sous voilure et 1 central) et peut disposer d’une charge utile en interne de 360 kg. La différence entre le Skyguardian et le seaguardian se fait uniquement sur les emports et les capteurs embarqués en fonction de la mission. Le Seaguardian sera principalement utilisé dans le cadre de la lutte anti-sous-marine et sera utilisé en particulier avec l’avion de patrouille maritime P-8 Poseïdon. Le SeaGuardian est équipé d’un système d’authentification marine (AIS), d’un à quatre pod dispenseur de bouées acoustiques, d’un radar de recherche maritime sur une couverture de 360°, et sera équipé en extrémité de voilure d’équipement de recueil électromagnétique. General Atomics travaille déjà sur l’après avec un concept, présenté en vidéo, montrant une version navalisée du MQ-9B avec aile repliable. Ceci n’est encore qu’à l’état de concept et sera poursuivi en cas de demande d’un potentiel client. Petit clin d’œil sympathique à la France, notre interlocuteur était très fier et impressionné de voir le Reaper défiler lors du 14 juillet, date connue chez les Américains comme le Bastille-Day.
Autre industriel américain présent sur le salon, Kratos qui présentait une gamme de drones-cibles volantes et ses drones de type Loyal Wingman avec le XQ-58A Valkyrie le UTAP-22 Mako. Le Valkyrie participe au programme américain Skyborg, dans ce cadre il a déjà notamment effectué des essais de coopération avec le F-35 sous l’égide de l’Air Force Research Laboratory. Il est propulsé par un turboréacteur lui permettant une vitesse de croisière de M0.72 et de disposer d’une distance franchissable maximum d’environ 3 000 Nm. Il peut emporter en soute des armements ou une charge utile de 270 kg, il dispose aussi de la même capacité d’emport sous chaque demi-voilure.
Le drone UTAP-22 Mako, lui est un dérivé de la cible aérienne BQM-167A. Présenté comme un petit loyal wingman il est capable de performances d’un avion de combat, il peut opérer jusqu’à 50 000 pieds avec une vitesse supérieure à Mach 0.9. Il est possible de l’équiper en interne comme en externe avec différents systèmes. Il peut par exemple effectuer des missions de guerre électronique en étant équipé de lance-leurres AN/ALE-47, et/ou de pod de guerre électronique en extrémité de voilure. Il a une autonomie de trois heures et une distance maximum franchissable de 1 400 Nm. Il décolle sur rampe avec une fusée et est récupérable sous parachute.
Voilà pour ce qui est du volet drone armé ou futur drone Loyal wing-man, la tendance est actuellement aux drones « cargo ». La firme Kaman présentait son drone Kargo sous la forme de la maquette échelle ½ sur son stand. Celui-ci tient dans un carré de près de huit mètres de côté. Il est destiné à l’emport de charge pouvant aller jusqu’à 363 kg avec une réserve de carburant de 23 kg, et peut voler jusqu’à une distance d’environ 500 Nm. Drone quadrimoteur à décollage et atterrissage vertical, il est propulsé par une turbine de 300 chevaux. Totalement autonome, Il permet d’effectuer des missions de transport de charge. Il existe par ailleurs différents « pods » optionnels, comme par exemple un conteneur d’équipements médicaux, de matériels de recherche et sauvetage, voire de systèmes de communication lui conférant un rôle de relai radio aéroporté. Sa mise en œuvre nécessite deux opérateurs.
La firme canadienne Volatus Aerospace a présenté l’avidrone 210TL . Ce drone bi rotor équipé d’un GPS est optimisé pour l’emport de charge maximum de 25 kg. Il peut atteindre jusqu’à 65 Nm à une vitesse d’environ 100 km/h et dispose d’une autonomie d’une heure et demie. Il est totalement autonome.
Le fabricant de drone autrichien Stromkind, présentait son drone hélicoptère birotor décalés STR-35. 35 pour 35 kg de charge utile. Il a une masse maximum au décollage de 150 kg. Il peut être équipé de n’importe quel capteur, optronique, détection, autres. La motorisation est au choix du client, il existe une version électrique, hybride, équipée d’une turbine à pistons ou d’une turbine à fuel lourd. Son autonomie maximum est de trois heures, dépendant de la charge et de la motorisation.
Dans le domaine des drones de surveillance, la société anglaise Callen-Lens propose le drone d’observation et de surveillance KOIOS. Il s’agit d’un drone de quatre mètres d’envergure à décollage et atterrissage vertical. Il est propulsé par huit moteurs électriques et un moteur thermique. Celui-ci est doté d’un alternateur lui permettant de générer de l’énergie pour notamment recharger les batteries. Notre interlocuteur a confié que ce qui le différencie des autres, c’est son système de contrôle et de pilotage automatique SC3 ultra compact intégré dans le fuselage et fabriqué en interne. Le KOIOS dispose d’une autonomie maximum de 10 h et est capable de parcourir une distance de vol d’environ 400 Nm (grâce à une possible liaison satellitaire sinon c’est une portée de 150 km par transmission de donnée classique) à une vitesse d’environ 90 km/h. Deux personnes et une dizaine de minutes et le système est prêt. Il peut être équipé d’une charge utile de sept kilogrammes maximum. Fait remarquable, c’est la réussite de la mise en œuvre du KOIOS à partir d’un hélicoptère de l’armée britannique Wildcat, qui valide le concept Manned Unmanned Teaming (Mum-T) . Le drone est à 99 % anglais, seules les pales des moteurs sont achetées sur étagère.
Autre drone proposé, le CGT50 par la firme irlandaise A-Tech-Syn Unmanned Aerial Systems. Il est à décollage et atterrissage vertical avec quatre moteurs électriques. Une fois le décollage réalisé, celui-ci de par sa voilure rectangulaire évolue comme un avion avec un moteur à piston en position centrale avant. Il a une envergure de 4,71 m tout en composite pour une charge utile maximale de cinq kilogrammes. Il a une autonomie d’environ six heures. Initialement, il peut voler jusqu’à 150 km. Cette distance peut être allongée en l’équipant d’une antenne satellite. Le CGT50 peut être utilisé pour effectuer des missions de reconnaissance et de renseignement, de la désignation d’objectif, de la surveillance maritime ou de pipelines.
Retour sur le stand de la société Volatus Aerospace, qui présentait un drone de surveillance baptisé Flexrotor , fabriqué par la société Aerovel. Il est à décollage et atterrissage vertical, puis après transition vole comme un avion. Sa charge utile est d’environ sept kilogrammes. Il dispose d’une autonomie maximum de trente heures, et peut aller jusqu’à environ 60 Nm (120 km). Il peut être équipé d’une caméra TV/IR et d’un désignateur laser. Dix minutes sont nécessaires pour son assemblage.
La société Volatus Aerospace et la société américaine Ascent propose le NX-30. C’est un drone modulaire à décollage et atterrissage vertical durci capable d’opérer par tout temps. Il est totalement électrique et peut embarquer une petite caméra TV /IR ou un autre capteur comme par exemple un détecteur d’émission de gaz ou de radioactivité par exemple.
Passons aux plus petits drones du salon, de la classe des nanodrones, le Bug Nano développé par la société anglaise UAVTEK. Il est proposé par la société Volatus Aerospace. C’est un petit hélicoptère quadrimoteur électrique. Sa seule charge utile est une caméra jour ou IR de 200g maximum. L’autonomie maximum est de 40 minutes avec une vitesse maximum avoisinant les 80 km/h. Il est capable de résister à un vent de 35 kts. La batterie est compatible avec le drone et la station de contrôle. Il est à préciser que tous les drones Volatus Aerospace sont ITAR free et sans composant chinois.
Autre petit drone, celui-ci présenté par la société Stromkind, le STR-BX. Il s’agit d’un drone électrique à décollage et atterrissage vertical avec quatre hélices coaxiales repliables. Il peut être mis en œuvre à partir d’un véhicule. Sa charge utile est interchangeable peut être composée d’une caméra, d’un désignateur ou autres. Son autonomie est de 40 minutes. Un conteneur dispenseur de dix STR-BX peut être installé sur le drone hélicoptère STR-35 de la même marque.
De nouveaux missiles présentés à l’international…
Les nouveautés remarquables de cette édition 2022 dans le domaine de l’armement sont constituées par les missiles de croisière Çakir développé par la société turque Roketsan et Ice Breaker de la société israélienne Rafael.
Le Çakir est un missile de croisière multiplateforme, capable d’être tiré du sol, de l’air ou de la mer. En plus d’être installé sur des porteurs classiques (avions ou des hélicoptères, ou des véhicules terrestres et autres bâtiments de combat), il est prévu d’équiper les drones aériens et les drones maritimes turques. La portée du missile est annoncée à 150 km.
Sa charge militaire à fragmentation et thermobarique de 70 kg lui de détruire de multiples cibles endurcies au sol et le long des côtes. La version aéroportée n’est pas dotée de booster, elle mesure 3,2 m de long et pèse 275 kg. Le missile est propulsé par un turboréacteur lui permettant d’atteindre une vitesse comprise en Mach 0.75 et Mach 0.85. Pour évoluer en environnement brouillé, le Çakir dispose de plusieurs systèmes de navigation comprenant naturellement le GNSS durci auquel a été ajouté un système de navigation inertiel, un altimètre radar et un altimètre barométrique. Le tout complété par un système de suivi de terrain géoréférencé. La programmation se fait par points tournants en trois dimensions. Une liaison de données permet à un opérateur de choisir une cible d’opportunité, de réattaquer ou même d’abandonner la mission en cas de cible erronée. Le guidage final est assuré avec précision grâce à un autodirecteur hybride basé sur un imageur infrarouge couplé à un autodirecteur électromagnétique. La liaison de données permet une intercommunication entre les missiles, offrant au Çakir la capacité d’opérer en essaim qui accroit l’efficacité de la saturation contre les défenses anti-aériennes adverses. Grâce à ses profils de vol mémorisés, il peut faire du « sea skimming » et du suivi de terrain sous la couverture radar. Roketsan annonce une entrée en phase d’essai d’ici fin 2022.
Rafael a révélé au monde pour la première fois l’Ice Breaker. Le constructeur avait déjà sélectionné l’Angleterre et le salon DSEI 2021 pour présenter le missile de croisière Sea breaker (couvert dans l’article consacré à DSEI 2021). Le Ice Breaker est décrit comme un missile de cinquième génération aéroporté, autonome à longue portée (jusqu’à 300 km). Il est équipé d’un autodirecteur à imageur infra-rouge lui conférant une extrême précision finale et d’une charge militaire de 113 kg garantissant une capacité d’attaque performante contre des cibles terrestres ou maritimes de haute valeur. D’une masse totale de 400 kg, il est conçu pour équiper des avions d’entraînements et d’attaque type Super Tucano, Leonardo M-346, ou les hélicoptères de la classe du Blackhawk, mais aussi des avions de combat multirôles F-16 et F-15. Afin de se soustraire à une action de brouillage, il dispose d’un système de navigation inertiel, TERCOM et GNSS durcis. Il dispose de transmission de données permettant de mettre à jour les données en cours de mission, d’abandonner éventuellement celle-ci ou de réaliser une estimation d’efficacité après frappes. Le missile dispose d’un système automatique de reconnaissance et d’acquisition de cibles, basés sur des technologies faisant appel à l’intelligence artificielle. Il est proposé à l’export.
Du nouveau dans le domaine des radars aéroportés avec le Phantomstrike développé par la firme américaine Raytheon Technologies et l’ ECRS Mk2 de la firme européenne Léonardo.
Raytheon disposant d’une large expérience de radar de conduite de tir d’avion de combat depuis l’AN/APG-77 jusqu’au plus récent AN/APG-83V(1) , a décidé de repartir d’une feuille blanche. La société a totalement repensé sa conception en faisant appel à son département missile et à des technologies notamment utilisées sur le missile SM-6. Le résultat de cette collaboration à donné le Phantomstrike. Le radar est composé d’un boitier et d’un bloc antenne active. Le boitier assure le traitement du signal et l’alimentation totale du radar. La compacité et la facilité d’intégration fait du Phantomstrike qu’il peut être installé sur tous type d’avions de combat, voire sur les futurs drones de type Loyal Wingman. Le système a déjà été testé sur un F-5 Tiger avec succès. L’antenne peut aussi être adaptée à la taille de la pointe avant de l’avion à équiper.
Annoncé par le MOD britannique lors de RIAT, une enveloppe de 2,4 milliards de livres a été votée pour la fourniture du radar ECRS Mk 2 des Eurofighter tranche 3 de la RAF. C’est un radar à balayage électronique équipé d’une antenne active montée sur un système pivotant, lui conférant un champ de recherche étendu à +/- 90° en azimut et en site. L’ensemble est composé de cinq éléments, l’antenne active de pointe avant, un calculateur haute capacité, un système de gestion et de contrôle de l’énergie de l’antenne, un récepteur multicanaux et un calculateur multicanaux. Il aura une capacité d’attaque électronique large bande en complément des systèmes d’autoprotection et de brouillage. En cas de patrouille à deux appareils, les antennes inclinées à l’opposé permettront de disposer d’un champ de recherche ou d’attaque de +/- 180°. Toutes les données des radars peuvent être partagées et fusionnées avec les informations du système infrarouge passif PIRATE et/ou avec celles des autres capteurs de l’avion. En cas de tir missile et d’une manœuvre d’évitement, le guidage de celui-ci peut être assuré grâce à l’orientation de l’antenne, la transmission de données complétée par la fusion des informations issues du capteur passif PIRATE. Le premier appareil de démonstration devrait voler en 2023. Le radar est actuellement en cours de finalisation et bientôt installé sur le Boeing 757 Excalibur banc d’essai Leonardo.
A retenir les démonstrations en vol, le passage du P-8 Poséidon anglais et la démonstration de quelques minutes du F-35B de la Royal Air Force.
L’édition 2022 restera comme une édition de reprise après une absence de quatre ans pour crise sanitaire, avec de nombreuses nouveautés dans le domaine des drones, de l’armement et du radar.
L’édition 2024 promet d’ores et déjà d’être très intéressante, compte-tenu des annonces de premiers vols prévus pour 2023 des avions et hélicoptères turcs, l’Eurofighter Tranche 3 voire la potentielle venue du prototype du KF-21 sud-coréen.