XPONENTIAL 2023
La convention Exponential 2023 s’est déroulée du 08 au 11 mai 2023 au sein du Convention Center de Denver Colorado. Cette convention est organisée par l’Association for Unmanned Vehicle Systems International (AUVSI), et a rassemblé quelques 600 exposants multinationaux.
1. Drones
La société Rapidflight propose pour la première fois sur Exponential 2023 le drone M2. Le M2 comme son prédécesseur le M1 est totalement réalisé en impression 3D en plastique. C’est un drone à voilure fixe. Sa charge utile, d’une masse comprise entre 10 et 27 kg, peut comporter des équipements électro-optiques, radar, SIGINT ou des systèmes de relais de communication. Il est équipé d’une liaison satellitaire. Sa masse maximum au décollage est d’environ 80 kg et son autonomie maximum est de 36 heures. Le M1 dispose de la même configuration. En revanche, sa masse maximum au décollage est de 25 kg avec une charge utile de 4 kg et une autonomie de 8h. La conception modulaire de ces deux drones simplifie la logistique de fourniture des pièces de rechange et permet de diminuer les coûts de fabrication. Les drones M1 et M2 peuvent êtres configurés selon les besoins de l’utilisateur.
La société américaine Pterodynamics présente un concept innovant baptisé transwing avec une famille de drone XP-4, XP-5 et XP-6 à décollage et atterrissage vertical, à voilure pliante. L’innovation, c’est la transition réalisée dans la continuité du vol, sans perte de vitesse, grâce aux ailes pliantes qui permettent de passer du vol vertical au vol horizontal sans à-coups. Chaque drone est muni de quatre moteurs électriques pour le XP-4, hybride pour l’XP-5 et de quatre turbopropulseurs pour l’XP-6. L’XP-4 est le plus petit drone de cette famille. Il est dédié plutôt au transport logistique avec une charge maximum de 15 kg, tandis que les XP-5 et 6 ont une vocation multirôles. Les moteurs électriques du XP-4 lui confèrent une heure de vol à une distance maximum d’environ 100 km. L’XP-6 est prévu, quant à lui, de disposer d’une masse maximum de 500 kg pour une envergure de 9 m. Ils devraient entrer en service dans les prochaines années.
La firme turque ESEN présentait la maquette d’un drone à voilure fixe, à décollage et atterrissage vertical, le Gökhun. Sa mission sera la surveillance et le recueil de renseignement. Il est prévu d’être opéré depuis le sol ou d’un navire. Son premier vol est prévu début d’été 2023. Il mesure un peu plus de 3 m, son envergure est de 5,70 m et sa masse maximum au décollage est annoncée à 110 kg. Il est capable d’opérer avec une charge utile de 12 kg pendant neuf heures et 4 kg pendant 16h. Le Gökhun peut être équipé d’un capteur électrooptique TV/IR, d’équipements SIGINT, d’un radar SAR ou d’un système de cartographie avec LIDAR.
La firme Insitu, filiale de Boeing, a présenté un nouveau concept permettant de ne plus avoir besoin de catapulte pour lancer son drone Integrator. Baptisé Flares, il s’agit d’un système de lancement vertical et de récupération à propulsion électrique, par batterie, de type multicoptère. L’installation ne nécessite aucune modification de l’Integrator et n’impacte pas les performances. Ce système est optimisé pour les opérations à partir de navires. Le Flares, auquel est arrimé l’Integrator, décolle jusqu’à 500 pieds AGL, place l’Integrator dans le sens du vent et le largue en vol horizontal. Le Flares retourne alors sur le pont du navire grâce au GPS. Pour sa récupération, l’Integrator vient s’accrocher à un câble, tendu par le Flares jusqu’à une hauteur de 300 pieds.
Le Z1 est développé par Zepher Flight Laboratory et l’US Army. C’est un drone bipoutre à décollage et atterrissage vertical. Sa particularité physique est l’installation d’empennages à l’extrémité des deux poutres de queue désolidarisées du fuselage. D’une envergure de 4 m et d’une masse maximum de 25 kg, il dispose d’une autonomie de 12h et d’un rayon d’action de 480 à 640 Nm. Il peut être équipé d’une charge utile de 5 kg. Il sera propulsé par un moteur à hydrogène (+1000 W).
La société Unmanned Aerospace, basée à San Diego, présentait pour la première fois un drone hybride, le GH4. Il s’agit du seul drone propulsé par un moteur électrique à hydrogène. Il est capable de décoller et d’atterrir verticalement. Il peut évoluer en vol horizontal grâce à deux petit moteurs installés sur deux bras. Il est équipé d’une charge utile de près de 7 kg. Il peut opérer pendant 6h. C’est le seul de sa catégorie au monde d’après notre interlocuteur. Il poursuit ses essais en vol.
Albatros, développé par Applied Aeronautics, est un drone d’observation bas coût (à partir de 7500$). Il est fabriqué en fibre de verre et fibre de carbone. Il peut accueillir une charge utile de presque 5 kg principalement composée d’une charge optronique. Il est entièrement électrique. Il peut être équipé d’une antenne satellite en plus de la LOS. Il dispose d’une autonomie de 4h et croise à 70 km/h.
La société chinoise T-drones présentait deux familles de drones d’observation : une fondée sur des drones quadricoptères, avec le MX-860 et le M690 Pro, l’autre sur des drones à voilure fixe à décollage et atterrissage vertical, avec le VA-17 et le VA-25. Ils sont tous en fibre de carbone. Le MX-860 peut emporter une charge utile de 9 kg maximum ; il a une autonomie de 40 minutes de vol avec une charge de 5 kg tandis que le M690 Pro peut emporter une charge utile de 2 kg. Ces drones sont utilisés dans le domaine de la surveillance et de l’observation. L’autonomie des drones VA varie de 120 minutes pour le VA-17, avec une charge utile inférieure à 900 g, à 210 mn pour le VA-25 avec une charge utile de 2 kg. Les deux familles disposent d’un logiciel unique de pilotage pouvant être installé sur un smartphone ou un portable. Les charges utiles sont uniquement d’origine chinoise et composées de capteurs électrooptiques.
La firme Aurora, filiale de Boeing, présentait son petit drone de surveillance Skyron-X. D’une longueur de 2 m et d’une envergure de 5 m, il peut emporter une charge de 1,45 kg pendant 3h. C’est un drone hybride qui dispose de quatre moteurs pour le décollage et l’atterrissage vertical et d’un moteur assurant sa propulsion en mode avion. La propulsion est totalement électrique. La mission principale de ce drone est le recueil de renseignement et la surveillance.
La firme australienne Swoop Aero développe le drone KITE. A décollage et atterrissage vertical, le KITE est à propulsion électrique. Il peut opérer à partir de la terre ou depuis un navire par mer coefficient 5. Il est prévu principalement pour des missions de recherche et sauvetage, de cartographie et de transport logistique. Avec une masse maximum au décollage de 25 kg, son rayon d’action variera de 80 km avec sa charge utile maximum de 6 kg jusqu’à 225 km avec 1kg de charge utile.
La firme espagnole Alpha System présentait son nouveau drone hélicoptère Alpha 900 tripale. Il peut emporter jusqu’à 4 kg de charge utile. Il peut être équipé d’un capteur électro-optique ou d’un radar SAR. Il peut opérer à partir d’un navire et dispose d’une autonomie de 4h maximum. Il peut opérer en environnement brouillé sans GPS/GNSS.
La firme chinoise Mugin Limited présentait sa gamme MUGIN EV. Elle fabrique uniquement des cellules de drone et intègre les équipements souhaités par le client. Plusieurs types de cellule sont proposés, allant du Mugin EV350 avec une envergure de 3,50 m au Mugin 5000 d’une envergure de 5 m. La firme développe actuellement des drones de plus grande taille.
Swift Autonomy présentait deux drones, le Swift Accipiter dédié à la mission ISR et le drone multimissions Swift Crane VTOL. L’Accipiter est un drone classique à voilure fixe, catapulté sur rail. Son autonomie maximum est de 14h, à une distance supérieure à 100 km avec une charge utile électro-optique TV/IR de 5 kg. Il peut agir en totale autonomie du décollage à l’atterrissage. Le Swift Crane est un drone de forme aile volante à décollage et atterrissage vertical et vol horizontal. Il est totalement électrique. Il peut emporter jusqu’à 5 kg de charge utile. Il dispose d’une autonomie de 1h30 jusqu’à 25 km. Deux drones peuvent être pilotés par une seule station de contrôle.
La firme portugaise TEKEVER présentait le drone AR-3 et une version à décollage et atterrissage vertical AR-3 VTOL. L’AR-3 est à voilure fixe. Il peut être équipé de capteurs électrooptiques, de désignateurs laser et de systèmes relais de communication, jusqu’à une masse maximum de 4 kg. Il est prévu d’être catapulté à partir du sol ou depuis un navire. Sa récupération est réalisée au moyen d’un filet ou d’un parachute. Grâce à une autonomie de 16h, il peut effectuer les missions ISTAR, de lutte contre la pollution, de surveillance et de relais de communication. La version à décollage et atterrissage vertical AR3-VTOL dispose quasiment des mêmes performances. En revanche, il ne nécessite aucun moyen de lancement ou de récupération. TEKEVER propose également un drone léger baptisé AR-4 et un drone de type MALE (Medium Altitude et Medium Endurance) AR-5. D’une masse maximum de 4 kg et lancé à la main, l’AR-4 peut évoluer jusqu’à une vingtaine de kilomètres, lui permettant d’effectuer des missions de surveillance et d’observation. L’AR-5 est un drone à voilure fixe qui peut emporter une charge utile de 50 kg composée de multiples capteurs. Sa masse maximum est de 150 kg. Il dispose d’une autonomie de 12h et d’un guidage satellitaire. Il peut décoller et atterrir depuis une piste en dur ou non préparée.
La société Quantum System présentait trois drones dont deux dédiés à la mission ISR, baptisés Vector et Scorpion, et un au mapping, baptisé Trinity Pro. Le Vector est un drone à voilure fixe et propulsion électrique, d’une envergure d’un peu moins de 3 m. Il est équipé d’un capteur électrooptique visible/infrarouge Raptor permettant, notamment dans le domaine du visible, de détecter un véhicule jusqu’à 40 km et de l’identifier à environ 6 km. Dans le domaine infra rouge, la détection peut aller jusqu’à 6 km et l’identification à 0,8 km. Ce drone est utilisé pour effectuer des missions ISR. Il est constamment amélioré en fonction du RETEX des utilisateurs.
Lockheed Martin présentait notamment une maquette d’hélicoptère S-70A dronisé, baptisé OPV (Optionnaly Piloted Vehicle). A la suite de la période COVID, ce concept est passé inaperçu. Il s’agit de l’aboutissement d’un programme baptisé Matrix Technology Autonomy lancé en 2013 et comprenant la mise en place d’un cockpit totalement digital avec deux pilotes, un seul pilote ou sans pilote. Le premier vol totalement autonome a eu lieu le 5 février 2022. Début novembre 2022, une mission de recherche et sauvetage a été réalisée par un S-70 non piloté, avec monitoring automatisé de la « victime ». Le programme est une réussite et la technologie mise en oeuvre dans le programme Matrix a été totalement validée.
La société américaine LEIDOS présentait un pod baptisé Aerial Multi Mission Pod qui dispose d’un système de largage de munitions rodeuses. Le système a été validé fin 2022, avec le largage d’une munition rodeuse Altius-600 à partir d’un avion d’essai DC-3. Le contrôle de la munition rodeuse a été repris par la station sol après le largage. Le pod est destiné à équiper les drones mais aussi les avions de transport militaire ou d’affaire.
La société américaine Elroy Air présente un drone de transport logistique baptisé Chaparral. Il s’agit d’un drone à décollage et atterrissage vertical et à propulsion électrique. Une maquette à échelle 1/10 était présentée. La société dispose de plusieurs partenaires dont Lockheed Martin et l’armée de l’air américaine. Le Chaparral peut emporter des charges allant de 300 à 500 lbs jusqu’à plus de 300 miles. Il est doté de huit moteurs pour le décollage et l’atterrissage vertical et de quatre autres pour le vol à l’horizontal. La charge est installée dans un pod cargo modulaire. Il peut être emporté par un avion de transport C-130.
La firme slovène C-Astral Aerospace présentait le SQA, un drone en forme d’aile volante à décollage et atterrissage vertical. Totalement électrique, il est équipé d’une centrale inertielle et d’un système antibrouillage GNSS/GPS.
2. Systèmes de lutte anti-drones
La firme américaine Drone Shield présentait un fusil brouilleur Dronegun Mk3 et un système de détection passive. Des panneaux et des brochures présentaient les autres systèmes comme le système complet de détection Drone Sentry installé sur mât, le drone Sentry-X Mk2 et un brouilleur pouvant être installé sur véhicule. Le Dronegun Mk3 est un système anti-drone léger (2 kg fusil et batterie) utilisable à une main. Il dispose d’une interface utilisateur simple sous forme d’un panneau de commande avec des indications et LED de couleurs. Le lancement d’une action de brouillage est réalisé en appuyant sur la gâchette. Dès qu’il est brouillé, le drone se pose verticalement, ou revient vers son opérateur, ou revient à son point de décollage. Le Dronegun Mk3 est capable d’opérer en milieu GNSS brouillé. Il cible une large gamme de drones. L’action de brouillage interfère également dans le flux vidéo et prive l’adversaire de sa télécommande et éléments recueillis
La société Liteye Shield est une société américaine spécialisée dans la lutte anti-drone. Elle présentait un système antidrone multicapteurs baptisé Anti-UAS Defense System, permettant la détection et la neutralisation de la menace drones de type quadricoptères.
3. Domaine terrestre
La société américaine HDT Global présentait son UGV HDT Hunter Wolf pouvant être doté d’un bras robotique ADROIT MK4. Ce système est utilisé actuellement en Ukraine. Le Hunter Wolf est un robot terrestre multirôle destiné au soutien de l’infanterie légère. Il peut transporter jusqu’à 1 t. Son autonomie sans ravitaillement peut aller jusqu’à 300 km. Il peut atteindre une vitesse de 16 km/h. La version présentée était équipée d’un drone quadcoptère physiquement relié à sa base ou Thethered Falcon Efficient de la société Equinoxe. Le drone peut être déployé jusqu’à 400 m d’altitude, rattaché au câble qui permet de l’alimenter et la transmission des données. Il est totalement autonome du décollage à l’atterrissage. Il peut être équipé d’une charge utile électrooptique. Le drone peut être séparé de son câble et continuer sa mission sur ses propres batteries.
La société américaine Stratom présentait son robot terrestre baptisé UGV Autonomous Pallet Loader (APL), un autre robot baptisé XR-FAAR pour eXpeditionnary Robotic-Field Artillery Autonomous Resupply et un système de ravitaillement en carburant pour hélicoptère RAPID Robotic Refuelling. L’APL peut emporter jusqu’à 3 700 kg de charge, à une vitesse maximum de 12 km/h, jusqu’à 50 km. Le système peut être autonome ou téléopéré.
4. Domaine naval
La société Kongsberg présentait la famille de drones sous-marins Hugin composée du Hugin Edge et de l’Hugin Endurance. Seule la maquette du plus petit, le Hugin Edge, était présentée sur le stand. Monocoque en carbone long de 4 m, il est équipé d’une caméra 4K et d’un système de navigation performant ainsi que d’un sonar à ouverture synthétique pour l’imagerie ultra haute résolution. L’Endurance est le plus grand de sa catégorie avec 11 m de long et un diamètre de 1,2 m. Pour le mettre à l’eau, il est nécessaire d’utiliser une grue adaptée. Il est mu par des batteries lithium/ion et peut rester autonome plusieurs semaines. Il est utilisé pour superviser les opérations hauturières sur de grandes distances.
La firme Austal présentait un concept de quatamaran autonome. Encore au stade du développement Austal présentait une maquette de ce que sera le futur drone de surface de l’US Navy.
5. Domaine base industrielle de technologie et de défense (BITD)
Quelques entreprises rarement présentes dans les salons d’armement ont animé des stands lors de la convention.
- TUALCOM est une entreprise turque travaillant dans les domaines de la guerre électronique et des transmissions de données. Elle conçoit notamment des systèmes d’antibrouillage GPS/GNSS, dont la gamme de systèmes TUALAJ qui nous a été présentée. Ces équipements protègent les systèmes GPS, Glonass et Beidou, jusqu’à 30 MHz.
L'entreprise israélienne MATA Air proposait des systèmes de récupération de drone sous forme de parachute et d’airbag pour drone. Ces systèmes équipent déjà les drones israéliens.
La prochaine édition d’Exponential se tiendra à San Diego fin avril 2024. La branche européenne d’AUVSI proposera la première édition d’une version européanisée d’Exponential, du 18 au 20 février 2025 à Düsseldorf.