Malgré cette augmentation, la fréquentation des lieux de mémoire est toujours fortement impactée par la crise sanitaire, entraînant la fermeture de la plupart des sites au cours du 1^er semestre, et ne s’élève qu’à 39 % du niveau de 2019.

L’utilisation des outils numériques par les lieux de mémoire est répandue, plus de 7 d’entre eux sur 10 les utilisent, et elle est susceptible de croître encore à l’avenir. Dans ce domaine, ce sont surtout les réseaux sociaux qui sont utilisés par les lieux de mémoire afin de faire connaître leurs activités et de valoriser les collections.

La fréquentation des lieux de mémoire augmente de 30 % en 2021

Après l‘effondrement de la fréquentation des lieux de mémoire et des conflits contemporains en 2020 suite à la crise sanitaire (15,2 millions d’entrées en 2019 et 4,6 millions en 2020), l’année 2021 enregistre une hausse de la fréquentation de 30 % par rapport à l’année précédente. Les sites de mémoire des conflits contemporains ont enregistré 6 millions d’entrées en 2021, ce qui représente 39 % du niveau de 2019, soit une fréquentation toujours très inférieure au niveau « pré-covid » [Figure 1].

Champ : 334 lieux de mémoire de conflits contemporains de France métropolitaine pour les résultats de 2020 et 2021 ; 344 lieux de mémoire pour les résultats de 2019 et 314 lieux de mémoire pour les résultats de 2018

Source : Enquêtes de fréquentation des lieux de mémoire (EFLM) – 2019, 2020 et 2022 OED

La croissance de la fréquentation est visible sur l’ensemble des régions de France métropolitaine, excepté en Bourgogne-Franche-Comté où elle a très légèrement diminué (-3 %) [Figure 3]. Cette baisse est en partie due à la fermeture pendant 9 mois en 2021 d’un des sites mémoriels importants de la région, lié à la guerre de 1870-1871 et à la Seconde Guerre mondiale : le château de Joux avec son musée d’art et d’histoire militaire.

C’est dans le Grand Est que l’on observe la plus forte croissance de la fréquentation avec une augmentation de 44 % entre 2020 et 2021. Cette région possède les principaux sites de mémoire de la Première Guerre mondiale, dont les commémorations de novembre ont pu se dérouler dans un contexte sanitaire beaucoup plus favorable en 2021.

Comme 2020, l’année 2021 n’était pas marquée par des anniversaires importants et la fréquentation a été encore fortement contrainte par les diverses mesures de restriction sur l’ouverture des lieux culturels et sur les déplacements. La durée des fermetures imposées pour les musées et autres lieux culturels qui ne sont pas en espace ouvert a été en 2021 similaire à celle de 2020, soit environ 4,5 mois. Les lieux de mémoire concernés ont pu toutefois, en moyenne, rester ouverts plus longtemps en 2021. Le nombre moyen de mois d’ouverture des lieux de mémoire est ainsi passé de 6,6 mois en 2020 à 7,2 mois en 2021 [Figure 4]. 60 % des sites ont ouvert pendant au moins 7 mois en 2021 alors qu’ils n’étaient que 48 % en 2020. Une part comparable des lieux, 18 % en 2021, a pu ouvrir pendant 12 mois. Il s’agit principalement des sites commémoratifs en espace ouvert tels que les nécropoles et les mémoriaux. La fréquentation des musées et autres lieux clos est toutefois restée contrainte après réouverture par des limites de jauge et par l’obligation du pass sanitaire à partir du 21 juillet.

Note de lecture : En 2020, 10 % des lieux de mémoire ont ouvert 4 mois durant l’année. En 2021, ce pourcentage est de 6 %.

Champ : 334 lieux de mémoire de conflits contemporains de France métropolitaine répondants.

Source : Enquête de fréquentation des lieux de mémoire (EFLM) – 2022, OED.

Les entrées de groupes scolaires diminuent légèrement

Les restrictions sur les voyages, notamment d’ordre scolaire, ont encore eu une forte incidence sur les visites organisées en groupe dans les lieux de mémoire. La part des groupes parmi les visiteurs n’a pas évolué par rapport à l’année précédente, restant à 6 %, alors qu’elle s’élevait à 18 % avant la crise sanitaire [Figure 5].

Le nombre d’entrées de scolaires est passé de 150 200 en 2020 à 149 500 en 2021, soit une diminution de moins de 1 % alors que le nombre total de visiteurs a augmenté de 30 %. La part des scolaires dans les groupes a ainsi diminué, passant de 50 % à 41 %. Cette baisse de la fréquentation des élèves résulte probablement des conditions de demi-jauge imposées aux collèges et lycées pendant la plus grande partie du premier semestre, et des difficultés d’organisation pratique des voyages scolaires après la rentrée de septembre 2021.

Champ : 334 lieux de mémoire de conflits contemporains de France métropolitaine répondants.

Source : Enquête de fréquentation des lieux de mémoire (EFLM) – 2022, OED

Les visiteurs étrangers commencent à revenir

Le nombre d’entrées de visiteurs étrangers a augmenté de 24 % entre 2020 et 2021. Cependant, leur part dans le nombre total d’entrées (de 12 % en 2021) a peu varié en un an. En 2019, cette part s’élevait à 31 %.

Entre 2020 et 2021, seul le nombre de visiteurs britanniques a diminué avec une baisse de 17 %. En effet, en plus des restrictions de déplacement limitant le nombre d’entrées de visiteurs étrangers, le contexte du Brexit doit également contribuer à la diminution de la fréquentation des visiteurs britanniques. A l’opposé, les visiteurs italiens et américains ont été beaucoup plus présents dans les lieux de mémoire de France métropolitaine en 2021 qu’en 2020 avec une augmentation de leur fréquentation de respectivement 77 % et 61 % [Figure 6].

Plus de sept lieux de mémoire des conflits contemporains sur dix déclarent utiliser les outils numériques

Un peu plus de 7 lieux de mémoire sur 10 (71,4 %) utilisent des outils numériques et parmi ceux qui n’en ont pas développé, 35 % souhaiteraient le faire dans le futur. À la suite de la baisse de la fréquentation consécutive à la crise sanitaire, le numérique apparait de plus en plus incontournable pour valoriser le patrimoine de mémoire et garder le lien avec les visiteurs, notamment par le biais des réseaux sociaux qui sont utilisés par 77 % des sites déclarant utiliser au moins une activité numérique [Figure 7].

Hormis les réseaux sociaux, le numérique est principalement utilisé pour rendre les visites des lieux de mémoire plus interactives et vivantes par le biais de projections de films (47 %) ou de bornes interactives (33 %). Le numérique permet également aux internautes de découvrir les lieux de mémoire depuis chez eux, par exemple avec les expositions en ligne (12 %), les e-bulletins (11 %), les collections en ligne (9 %) ou les podcasts (6 %).

Parmi les sites ne proposant pas de contenu numérique mais qui souhaiteraient en développer dans le futur, 45 % aimeraient utiliser les réseaux sociaux, 36 % seraient intéressés par des bornes interactives, 27 % par des applications mobiles et 21 % par des projections de films, des expositions en ligne ainsi que des collections en ligne.

Champ : 232 lieux de mémoire de conflits contemporains de France métropolitaine qui proposent du contenu numérique.

Source : Enquête de fréquentation des lieux de mémoire (EFLM) – 2022, OED

Trois quarts des entrées se font dans un lieu de mémoire abordant la seconde guerre mondiale

Les lieux de mémoire peuvent être mono-conflit en s’intéressant à un conflit contemporain en particulier ou multi-conflits. Le conflit le plus représenté est celui de la Seconde Guerre mondiale qui est abordé, exclusivement ou avec d’autres conflits contemporains, par plus des trois quarts des lieux de mémoire des conflits contemporains (78 %). En terme de fréquentation, ces sites ont rassemblé 4,8 millions de visiteurs en 2021.

Les sites abordant dans leur parcours la Première Guerre mondiale représentent presque la moitié des lieux de mémoire (48 %) et ont rassemblé 2,1 millions de visiteurs. Enfin, les sites qui abordent le conflit de 1870-1871 ainsi que les conflits post-1945 sont moins nombreux (19 % et 16 % des lieux de mémoire) et ont attiré respectivement 1 million et 0,7 million de visiteurs en 2021.

Sept sites de mémoire sur dix organisent des expositions temporaires et activités pédagogiques

Parallèlement à la médiation numérique, la grande majorité des lieux de mémoire organisent des activités complémentaires aux visites de leur site. Seulement 6 % des sites ont déclaré n’organiser aucune activité. Les expositions temporaires et les activités pédagogiques (ateliers, JDC, etc.) sont les plus fréquentes et concernent respectivement 71 % et 70 % des sites [Figure 8].

En 2021, près de la moitié des lieux de mémoire sont gérés par une association (46 %) et 30 % par une collectivité territoriale. Les lieux de mémoire gérés par le ministère des Armées représentent 4 % de l’ensemble. Les lieux de mémoire sont des sites informatifs et pédagogiques (musée, centre d’interprétation, etc.) dans les trois quarts des cas (76 %), des sites témoins (forts, batteries, champs de bataille, etc.) dans 35 % des cas et des sites commémoratifs (nécropole, mémorial) dans 34 % des cas¹. 10 % des lieux de mémoire sont à la fois des sites informatifs, des sites témoins et des sites commémoratifs.

^{1. Un lieu de mémoire peut se définir par plusieurs types de sites différents.}

Champ : 334 lieux de mémoire de conflits contemporains de France métropolitaine répondants.

Source : Enquête de fréquentation des lieux de mémoire (EFLM) – 2022, OED