L’Académie de défense de l’École militaire organise la 3e édition de l’European Orientation on Global Security
Du 25 novembre au 4 décembre, la France a accueilli la 3e édition du programme European Orientation on Global Security (EOGS). Organisé par l’état-major des armées et l’Académie de défense de l’École militaire (ACADEM), cet événement a réuni 20 officiers supérieurs féminins issues de 18 pays de l’OTAN et de nations partenaires. Une opportunité unique de mettre en lumière l’avenir du leadership féminin dans le domaine de la défense et de la sécurité.
Un programme unique
Le programme « European Orientation on Global Security » (EOGS) est une formation politico-stratégique dédiée aux officières supérieures en service actif des pays membres et partenaires de l’OTAN. Lancé en 2022 sous l’impulsion des chefs d’états-majors des Pays-Bas, de l’Allemagne et de la France, ce programme vise à promouvoir l'égalité des sexes au sein des forces armées tout en renforçant les compétences des femmes occupant des postes de commandement.
D’une durée d’une dizaine de jours, l’EOGS offre une immersion approfondie dans les centres décisionnels politiques, militaires et technologiques du pays hôte et de l’Europe. Il a également pour ambition de créer un réseau d’officières supérieures, en favorisant le partage d’expériences et en consolidant une compréhension commune des enjeux stratégiques européens.
Plus qu’une formation, l’EOGS représente un engagement fort en faveur de la coopération internationale et de la reconnaissance du rôle crucial des femmes dans l’efficacité opérationnelle des forces armées. Après les Pays-Bas en 2022 et l’Allemagne en 2023, la France a accueilli cette année la troisième édition du programme.
20 officières supérieures issues de 18 pays membres ou partenaires de l’OTAN dont des forces armées d’Albanie, d’Allemagne, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, d’Estonie, des États-Unis, de Finlande, de Grèce, de Lettonie, de Norvège, des Pays-Bas, de Pologne, du Portugal, de Roumanie, de Suède et du Royaume-Uni, ont pris part à cet événement.
L’Édition 2024
Le 25 novembre, le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées françaises, a accueilli les participantes, affirmant l’honneur de la France d’accueillir cette troisième édition de l’EOGS. Il a ensuite partagé son analyse de l’environnement stratégique actuel, marqué par de multiples défis : retour de la force, contestation de l’Occident, lutte informationnelle et changement climatique. Le CEMA a également évoqué la position singulière de la France, façonnée par son histoire et sa géographie, avant de mettre en avant l’importance de la mixité dans les armées. Il a insisté sur l’objectif d’une mixité harmonieuse dans les armées françaises et mondiales et sur l’importance d’accompagner les femmes vers des postes de responsabilité.
Le lendemain, le général de corps d’armée Hervé de Courrèges, président de l’ACADEM, a officiellement ouvert la première journée du programme. Il a rappelé les raisons d’être de l’EOGS, conçu comme un outil de coopération stratégique face à des menaces transfrontalières et à des stratégies hybrides complexes. Ce programme se veut un espace de dialogue, d’échange et d’action collective, renforçant les liens entre les nations de l’OTAN et leurs partenaires.
Le général a également insisté sur l’importance de l’inclusivité dans les forces armées, soulignant que la diversité des perspectives et des talents renforce leur efficacité opérationnelle. Il a salué l’EOGS comme une plateforme unique permettant aux femmes de développer leurs compétences en leadership, d’élargir leurs réseaux et de contribuer activement aux réflexions stratégiques sur la sécurité mondiale.
S’adressant aux participantes, il les a encouragées à se considérer comme des actrices du changement, prêtes à façonner l’avenir de la défense et de la sécurité, tant dans leurs pays respectifs qu’au sein de l’Alliance.
La commissaire générale Catherine Bourdès, Haute fonctionnaire à l’égalité des droits et directrice de projet Mixité du ministère des Armées, a présenté la stratégie française en matière d’égalité et les avancées réalisées dans la féminisation des forces armées. Elle a souligné que chaque nation doit développer sa propre vision de l’égalité, en impliquant hommes et femmes pour garantir des changements durables.
Elle a retracé l’histoire de l’intégration des femmes dans les armées françaises, de Jeanne d’Arc aux premières lois sur l’égalité en 1972, en passant par la suppression des quotas en 1998 et l’ouverture progressive de tous les postes aux femmes. Elle a également mis en avant des initiatives récentes, comme la création de l’Observatoire de l’égalité, du réseau Thémis et des référents genre, ou encore le lancement de plans d’action sur la diversité et la famille.
Enfin, la commissaire générale Bourdès a partagé des chiffres clés illustrant les progrès accomplis :
- 17 % de féminisation dans les armées françaises, l’un des taux les plus élevés au monde ;
- 10 % des combattants déployés en opérations extérieures sont des femmes ;
- 22 % des élèves des écoles d’officiers sont des femmes ;
- 9 % des officiers généraux sont des femmes, contre 5 % en 2014.
Elle a conclu en affirmant que la féminisation est un levier stratégique pour accroître l’efficacité des forces armées, tout en insistant sur l’importance de poursuivre les efforts pour garantir une égalité réelle et durable.
Ces discours ont donné aux participantes une vision claire des objectifs du programme et de l’engagement des institutions pour promouvoir l’égalité des genres et renforcer la coopération stratégique entre les nations.
Jour 1 : la politique de défense française
La première journée a continué par une intervention de Cyril Crozes, ingénieur général de l’armement, qui a présenté un aperçu détaillé de la politique de défense française. Il a expliqué les structures administratives, le fonctionnement des processus décisionnels, ainsi que les priorités fixées par les lois de programmation militaire. Cette introduction a posé les bases pour comprendre les enjeux stratégiques et les moyens mobilisés par la France pour assurer sa sécurité nationale.
La journée s’est poursuivie par une visite au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), le centre stratégique qui permet au chef de l'État de commander les forces armées françaises en opération. Les participantes ont découvert le rôle clé de cette structure, qui coordonne la veille stratégique, la planification des actions militaires et la logistique interarmées.
Ensuite, le général d’armée aérienne Fabien Mandon, chef de l'état-major particulier du président de la République, a présenté et débattu sur les enjeux des relations politico-militaires dans le système français.
Pour clôturer la journée, Chiara Ruffa, professeur à Sciences Po, a animé un dîner-débat axé sur la dynamique des genres dans les forces armées. Les échanges ont été enrichis par des témoignages inspirants de nos auditrices.
Jour 2 : la défense française dans l’espace mondial
Lors de la deuxième journée, Alice Rufo, directrice générale de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), a abordé les enjeux stratégiques actuels influençant la politique de défense française. Les défis en Indopacifique, en Afrique et sur le front de l'Est, l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie de défense nationale, les collaborations avec l'OTAN, l'ONU et l'Union européenne ont été explorés.
Les participantes ont ensuite découvert VIGINUM, le Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères, avec Anne-Sophie Dhiver, directrice adjointe du service, qui leur a présenté les techniques utilisées pour identifier et contrer la désinformation, les cyberattaques et autres menaces hybrides qui affectent la souveraineté numérique de la France.
L’après-midi a été marqué par des interventions centrées sur l’effort de défense, aussi bien du point de vue industriel que des ressources humaines avec le vice-amiral Marc Aussedat, de la Direction générale de l'armement et Thibaut de Vanssay, contrôleur général des armées et directeur des ressources humaines du ministère des Armées. Ils ont exposé les stratégies pour renforcer l’efficacité des armées, tant en termes de matériels que de personnel.
En fin de journée, Cédric Perrin, président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, a discuté de la loi de programmation militaire 2024–2030. Il a mis en lumière les principaux objectifs de cette loi, notamment la modernisation des équipements, l’autonomie stratégique, la coopération internationale et le maintien de la crédibilité nucléaire.
La journée s’est terminée par un échange privilégié entre les auditrices et le ministre délégué auprès du ministre des Armées, Jean-Louis Thiériot.
Jours 3 et 4 : Mission à Toulon et Istres
Les deux journées suivantes se sont déroulées à Toulon et Istres, au cœur de la défense maritime française. Accueillies par le 54e Régiment d’artillerie, les participantes ont pris part à des ateliers immersifs sur la défense anti-drones, les systèmes radar et les véhicules de défense tels que le VAB T20/13 et le système NC1. Ces exercices pratiques ont permis de comprendre les stratégies de défense sol-air et les innovations technologiques employées pour répondre aux menaces aériennes modernes.
En complément, le vice-amiral d’escadre (2S) Pascal Ausseur, directeur général de la Fondation Méditerranéenne d’Études Stratégiques (FMES), a présenté les enjeux politico-stratégiques du flanc sud de la France. Il a mis en évidence l’importance de la Méditerranée comme espace stratégique, en soulignant des défis tels que la sécurité maritime, la lutte contre la piraterie et la protection des routes commerciales et énergétiques.
Les visites ont ensuite inclus une immersion inédite au sein du sous-marin nucléaire d’attaque Le Tourville, un sous-marin nouvelle génération, véritable fleuron de la dissuasion française, et la découverte de l’Airbus A330 MRTT Phénix, un avion multirôle de transport et de ravitaillement.
Les auditrices ont également échangé avec des autorités militaires et des industriels locaux, dont le vice-amiral d’escadre Gilles Boidevezi, Commandant en chef pour la Méditerranée (CECMED) jusqu’en septembre, approfondissant leur compréhension des enjeux opérationnels et industriels de la défense maritime.
Jours 5 et 6 : Mission à Bruxelles
À Bruxelles, les participantes ont poursuivi leur immersion stratégique en visitant l’antenne Europe de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM). Sous la direction du docteur Philippe Perchoc, elles ont exploré cet espace dédié au dialogue stratégique international.
Elles ont ensuite échangé avec Elena Lazarou, cheffe de l’unité Politiques extérieures du European Parliamentary Research Service, et Maria Martisiute, analyste au European Policy Centre. Ces discussions ont porté sur l’influence de Bruxelles dans les décisions géostratégiques européennes.
La journée s'est poursuivie par une visite au siège de l'OTAN, où des rencontres avec l'ambassadeur David Cvach, représentant permanent de la France et le général de corps d’armée Jérôme Goisque, représentant militaire de la France à l’OTAN, ont permis d’aborder le processus de transformation de l’Alliance, discutant notamment de son adaptation aux nouvelles menaces, de l’innovation technologique et du renforcement de la défense collective.
La mission s’est achevée par un échange avec Nathalie Loiseau, ancienne présidente de la sous-commission Sécurité et Défense du Parlement européen, autour des perspectives de l’autonomie stratégique européenne.
Un dîner-débat sur la mixité dans les fonctions de commandement a clôturé cette mission bruxelloise.
Jour 7 : Clôture
Le dernier jour du programme a plongé les participantes au cœur de l’action avec un wargame organisé par le CICDE - Centre Interarmées de Concepts, de Doctrines et d'Expérimentations. Axée sur la région de l’Arctique, cette simulation a exploré des scénarios stratégiques impliquant les changements climatiques, les ressources naturelles et les tensions géopolitiques avec la Russie. Ces simulations sont un levier clé pour préparer les forces armées aux défis de demain.
La journée s’est continuée avec une visite au Quai d’Orsay où nos auditrices ont pu échanger avec, notamment, Frédéric Jung, directeur adjoint des Nations unies, organisations internationales, droits de l'homme et francophonie et Françoise Puig-Inza, sous-directrice des droits de l'homme et des affaires humanitaires au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.
Enfin, le programme s’est conclu par un débriefing animé par le général Hervé de Courrèges, et la remise de leurs diplômes, marquant la fin d’un programme riche en apprentissages et en expériences inédites.
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