MISPOC : contrôler l’intégrité des systèmes de protection à base de céramique

Direction : AID / Publié le : 12 juin 2024

La protection du combattant et des véhicules terrestres ou aériens vis-à-vis de différentes menaces nécessite des systèmes intégrés pouvant être composés d’au moins une plaque en céramique et d’un matériau composite à matrice polymérique. Le projet MISPOC, soutenu par l’Agence de l’innovation de défense, vise à développer un système de contrôle de l’intégrité des plaques de céramique destinées au maintien en conditions opérationnelles.

Le projet est porté par la société SENSE in avec le soutien de la société Saint-Gobain et de l’Université de Bretagne Sud (UBS).

Aujourd’hui, les systèmes de protection des combattants sont généralement composés de plaques en céramique. Les céramiques, grâce à leur dureté, permettent de diminuer la puissance d’impact des projectiles en leur faisant perdre leur pouvoir perforant. Après avoir impacté la céramique, le projectile rencontre le backing (en composite principalement) qui, grâce à sa ductilité, c’est-à-dire sa capacité à se déformer sans se rompre, est capable d’absorber et de dissiper le restant d’énergie du projectile.

Cependant, les solutions de protection du combattant à base de céramique sont très fragiles car la céramique est sujette aux microfissurations lors des chocs du quotidien (mauvaise manipulation, chutes, chocs avec d’autres objets…). De plus, les protections sont souvent stockées dans des conditions sévères de température ou d’hygrométrie qui les font vieillir prématurément.

L’apparition de fissures dans les céramiques peut potentiellement diminuer les propriétés balistiques, et donc le niveau de protection des combattants, sans que cela soit détectable de manière simple et immédiate sur les théâtres d’opérations. C’est pourquoi, il est indispensable de contrôler périodiquement leur état d’usure.

Aujourd’hui, des outils de contrôle de l’intégrité des solutions de protection céramique existent. Ceux-ci sont néanmoins lourds à mettre en place, coûteux et difficilement disponibles en opération extérieure.

 

Une technologie innovante pour assurer le maintien en conditions opérationnelles.

Crédits : SENSE in

L’innovation du projet MISPOC réside dans le développement d’un capteur très peu intrusif, passif et connecté capable de contrôler, à tout moment, l’intégrité des solutions de protection à base de céramique (à l’aide d’une connectivité sans fil) et très rapidement (durée de contrôle inférieure à 10 secondes) avec un interrogateur dédié, sur smartphone ou sur tablette.

Les perspectives d’utilisation sont multiples :

  • Intégration du système MISPOC sous forme de portique afin de contrôler simultanément plusieurs protections individuelles du combattant ;
  • Implémentation du capteur MISPOC dans les protections des véhicules blindés ;
  • Possibilité d’envisager un monitoring des protections non-céramiques (notamment des casques de protection balistique).



MISPOC, un véritable gain capacitaire

Les mécanismes de détérioration des plaques de protection étant peu connus, l’emploi de cette technologie participerait ainsi à l’amélioration de la compréhension du cycle de vie des protections et de la corrélation des pertes de performance de protection balistique avec mesure des défauts par MISPOC. Cela permettrait également d’alléger la masse des protections, véritable enjeu des années à venir.

MISPOC représenterait un véritable gain capacitaire avec l’augmentation de la disponibilité des plaques, la diminution des coûts liés à l’empreinte logistique, l’augmentation de la fiabilité des protections et de la confiance des combattants. De plus, grâce à cette technologie, il serait possible de stocker et d’ajouter des informations dans le capteur passif, permettant ainsi d’optimiser la traçabilité des équipements (numéro ID, date de fabrication, suivi des mesures …). MISPOC permettrait aussi d’améliorer le contrôle qualité lors des phases d’intégration des plaques en céramique dans la protection (suivi des étapes chez les assembleurs/presseurs).

 


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