Projet CLEE : allier chimie et intelligence artificielle pour optimiser la fabrication de carburants liquides à énergie élevée.

Direction : AID / Publié le : 14 février 2023

Initié en octobre 2022, le projet CLEE a pour objectif la fabrication pilotée par intelligence artificielle de Carburants Liquides à Énergie Élevée (CLEE) en flux continu (1) ainsi que de nouveaux carburants. Il est porté par un consortium constitué de MBDA, l’Inria (l’institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) et de la PME française Alysophil.

Cette dernière développe un nouveau concept de chimie industrielle, basé sur la chimie en flux continu avec une approche frugale. Elle utilise des outils d’intelligence artificielle pour accélérer le processus de développement, générer de nouvelles solutions et piloter des installations de production.

Le projet CLEE est né d’une constatation : celle de la nécessité de tirer parti de l’énergie créée par un combustible et d’en maitriser la disponibilité. Ce projet de prospective a vocation à lever différents jalons dans le développement de carburants pour réacteurs aérobies, notamment dans le domaine de la propulsion de missiles. Il consiste d’une part en la recherche de nouveaux carburants énergétiques pour une application sur les statoréacteurs (2) ou turboréacteurs d’aéronefs, d’autre part à développer de nouvelles méthodes de synthèse afin de sécuriser les chaînes d’approvisionnement de substances stratégiques par une production locale, flexible et résiliente.



Des échanges étaient d’ores et déjà en cours entre MBDA, Alysophil et le ministère des Armées, sur la base d’une étude de faisabilité réalisée entre 2019 et 2021. Celle-ci s’était pas la suite concrétisée  par le financement d’un projet d’accélération de l’innovation de l’Agence de l’innovation de défense (AID) auquel s’était joint Inria pour y apporter une expertise scientifique. En 2022, les équipes de MBDA, d’Alysophil, d’Inria et de l’AID ont affiné leurs besoins, identifié et exploité les bases de données pour ensuite choisir et optimiser les algorithmes permettant la fabrication du carburant.

Un acteur comme MBDA pourrait ainsi disposer d’ici cinq ans d’une installation industrielle, contrôlée par l’intelligence artificielle et implantée dans un conteneur « maritime ». Cela permettrait de fabriquer jusqu’à 10 tonnes de combustible par an. Cette unité de chimie serait adaptée pour produire d’autres combustibles en toute sécurité et de manière flexible.

La première partie du projet a permis de développer un échantillon du carburant étudié au sein du laboratoire d’Alysophil. La deuxième phase du projet, qui consiste en la mise en place de l’installation pilote de chimie, est en cours et permettra de réaliser en deux ans un démonstrateur de laboratoire pour préparer le passage à l’échelle industrielle.

 

 

 

 

(1) Dans un dispositif en flux continu, les réactifs sont ajoutés par pompage, dans un mélangeur puis passent dans un tuyau un tube ou un réacteur microstructuré à température et à débit contrôlés. Les fluides sont en mouvement constant de l’entrée à la sortie.

(2) Le statoréacteur est un système de propulsion par réaction, dont la poussée est produite par éjection de gaz issus de la combustion d'un carburant. Il n’est constitué d’aucune pièce mobile.

 


A la une