10 ans de l’ECA : portraits croisés des commissaires Enora et Antoine deux anciens élèves de la promotion Première ligne !

Il y a 10 ans, ils poussaient les portes de l’ECA après avoir passé le premier concours interarmées de commissaire.

Enora et Antoine © ECA

Enora et Antoine, deux anciens élèves de la promotion Première ligne !

Tous les deux d’ancrage santé, ils sont aujourd’hui respectivement commandant de promotion et référent pédagogique logistique/OPEX à l’ECA. Leurs parcours entre postes au sein du SSA, affectations en interarmées, opérations extérieures ou missions diverses illustrent l’évolution des carrières des commissaires des armées et les perspectives offertes sur le territoire national, en outre-mer et à l’étranger.

Portraits croisés

« Je suis le commissaire principal Enora, j’ai 32 ans, et je suis actuellement affectée à l’Ecole des commissaires des armées en tant que référent pédagogique dans les domaines de la logistique et du soutien aux engagements opérationnels. Je suis d’ancrage santé.

- Je suis le commissaire principal Antoine, j’ai 34 ans et je suis le commandant de la promotion Solferino de l’ECA. Le commissaire Enora et moi appartenons à la promotion Première ligne, nous avons donc suivi notre formation à l’ECA d’août 2013 à août 2015 et nous sommes tous deux d’ancrage Santé.

Quels sont les postes que vous avez occupés depuis votre sortie d’école ?

Commissaire principal Enora

A ma sortie d’école, j’ai servi au sein de l’Hôpital d’Instruction des armées Sainte-Anne, en qualité de chef du Service des hospitalisations et soins externes, de 2015 à 2018. J’ai ensuite rejoint le Groupement de Soutien de la Base de Défense Istres-Salon de Provence (devenu Istres-Orange-Salon de Provence) de 2018 à 2021, d’abord en tant que chef du service soutien vie, pendant un an et demi, puis en tant que chef du pôle Istres-Miramas suite à la transformation, là encore pendant un an et demi. Depuis 2021, je sers à l’Ecole des commissaires des armées et suis référent pédagogique dans les domaines de la logistique et du soutien aux engagements opérationnels.

Depuis ma sortie d’école, j’ai eu la chance de partir en mission à l’étranger à trois reprises : en 2018 en Côte d’Ivoire en tant qu’officier juriste au sein de la DICOM FFCI ; en 2020 à Bagdad en Irak à l’Echelon de Soutien National, j’occupais alors le poste de Directeur administratif et financier / J148 ; et enfin l’année dernière, de mars à août 2022, à Gao, au sein de l’opération Barkhane, en qualité d’OLT (officier liquidateur de théâtre) afin de participer à la manœuvre de désengagement des forces françaises.

Commissaire principal Antoine

En sortie d’école, j’ai d’abord été affecté à l’Hôpital d’instruction des armées Bégin en tant que chef du service approvisionnements, budget, comptabilité et partenariats. J’ai ensuite rejoint en 2017 la direction centrale du Service de Santé des Armées comme chef de la section contrôle de gestion de la direction des hôpitaux des armées.

Puis, je suis parti deux ans à la direction interarmées du service de santé de La Réunion-Mayotte pour les Forces armées dans la zone sud de l’océan indien en tant qu’adjoint au directeur. Cette affectation s’est déroulée pendant la crise COVID, j’ai donc été au cœur du dispositif militaire de soutien sanitaire dans les territoires français de la zone sud de l’océan indien. Par ailleurs, la participation à la gestion de deux cyclones en 2022 au sein du PC Crise militaire s’est avéré être une expérience très formatrice.

Et enfin je suis revenu à l’ECA mais en tant que commandant de promotion cette fois-ci !

Entre temps, j’ai eu aussi la chance de partir en mission à Djibouti à la direction interarmées du service de santé (DIASS) où j’étais chef des services administratifs et financiers et conseiller du directeur. A la suite de la fermeture de l’hôpital militaire français Bouffard  l’année précédente et de l’entrée en service du premier Centre médico-chirurgical interarmées, ces quelques mois ont permis d’établir un renouveau des partenariats avec de nombreux acteurs de différentes nationalités présents sur le territoire. J’ai également été affecté en mission deux mois au centre opérationnel de l’Armée de l’Air et de l’Espace pour la conduite des opérations aériennes pour l’Afrique centrale et de l’ouest (Barkhane) en tant que conseiller juridique au commandement en droit des conflits armés (legal advisor dit legad)

Quel souvenir gardez-vous de votre passage à l’ECA ?

Commissaire principal Enora :

Je garde de mon passage à l’ECA un très bon souvenir, à tous points de vue : découverte de la vie militaire, de ses exigences, ses valeurs et sa richesse ; apprentissage dense de notre futur métier de commissaires des armées ; et surtout, la vie de promotion, ses temps forts, moments de cohésion et de solidarité, et la création de liens d’amitié qui 10 ans après sont toujours aussi forts.

Commissaire principal Antoine :

Je garde de l’ECA un très bon souvenir à plusieurs titres : d’abord, j’intégrais l’école qui allait me permettre de servir dans le corps d’officier auquel j’aspirais, après une longue préparation au concours. De plus, cette école interarmées venait de naître et les attentes à notre égard étaient clairement affichées. La diversité de la formation demeure un élément marquant dans mon souvenir, exigeant une adaptation continue et générant des expériences aussi denses que variées : les terrains, la formation académique, les stages dans des environnements pluriels. Enfin, la promotion à laquelle j’appartiens est parvenue à construire un très bon esprit de promotion. Cela nous a permis de faire preuve de cohésion dans les moments éprouvants, que ce soit dans la mise à l’épreuve physique et morale pendant nos périodes de terrain mais aussi face à la charge académique en formation d’administrateur, pour nous qui aspirions, après cinq ans d’études en amont de l’ECA, à partir en affectation pour concrètement se mettre à pied d’œuvreCe qui vous plait dans votre vie de commissaire des armées ?

Commissaire principal Enora :

Ce que j’aime avant toutes choses dans ma vie de commissaire des armées, c’est la diversité des rencontres que nous pouvons faire, et les contextes dans lesquels nous les faisons. Nous avons en effet l’opportunité de travailler directement avec des personnels de tous âges, statuts, des toutes les armées et services, dans des situations très diverses, ce qui est particulièrement enrichissant et stimulant. Rien n’est jamais figé ou acquis, nous devons sans cesse nous adapter et être attentifs à notre environnement. C’est ce côté mouvant qui me plait particulièrement.

Commissaire principal Antoine :

Ce qui me plait le plus dans ma vie de commissaire des armées repose sur deux aspects majeurs. Le premier, la diversité des missions que nous remplissons. Nous devons à la fois commander des hommes au quotidien, afin de réaliser le soutien des armées, et être des experts des domaines métiers dans lesquels nous œuvrons (dans mon parcours les finances, les achats, le droit des conflits armés, la gestion). Cette diversité des missions se décline également du point de vue de l’échelle à laquelle vous l’appliquez : alternativement affectations de niveau tactique, dans les unités opérationnelles et dans les groupements de soutien de base de défense, et affectations en échelons stratégiques, en état-major et direction centrale.

Le deuxième aspect que j’identifie comme fondamental dans mon rôle de commissaire : la notion de service. Les administrateurs militaires que nous sommes demeurent en permanence au service, de la France, des armées et des militaires. Cette notion de service fait partie de notre ADN, ce qui fait profondément écho avec la figure de notre saint patron, Saint Martin de Tours. Le soutien des hommes par la solde, l’habillement, l’alimentation, également de l’institution dans notre rôle de conseiller en droit des conflits armés, mais aussi des familles par le rôle d’officier d’état civil et de gestion des affaires mortuaires. Un service au profit des serviteurs de la France.

Quel conseil donneriez-vous aux promotions actuellement en formation à l’ECA ?

Commissaire principal Enora :

Des conseils sommes toutes assez classiques mais qui me paraissent essentiels : faire preuve de rigueur et de curiosité, savoir se remettre en question, s’adapter, et oser être force de proposition, même en tout début de carrière. Mais surtout : être optimiste, volontaire, motivé et motivant pour les hommes et femmes qu’ils auront très rapidement sous leurs ordres.

Commissaire principal Antoine :

Actuellement commandant de la promotion Solferino, la dixième formée à l’ECA, je me suis posé cette question dès l’annonce de mon affectation : quels conseils m’apparaissent indispensables à prodiguer aux élèves-commissaires en formation ? J’en identifie cinq fondamentaux :

  • Conjuguer fierté et humilité : fierté légitime d’être officier au service de la France ; pour autant seul je ne suis rien, mon rôle est de commander le groupe pour atteindre la mission collectivement.
  • Conjuguer exemplarité et vérité : être exemplaire n’équivaut pas à être lisse ou tiède : le commandement par l’exemple a fait ses preuves à travers les siècles, les subordonnés comme les chefs le remarquent. Il ne s’agit pas de jouer un rôle, il faut être en vérité avec soi-même, comme avec ses équipes et avec ses chefs. Cela nécessite souvent d’être tenace, à son endroit comme à celui des autres.
  • Conjuguer exigence et bienveillance : une exigence forte à l’égard de ceux que l’on commande marque l’estime qui leur est portée : si le chef est exigeant, cela veut dire qu’il attend quelque chose de son interlocuteur, donc qu’il l’estime capable de participer pleinement à la mission. Cet impératif est à conjuguer avec la bienveillance : parce que j’estime mon interlocuteur, je dois aussi savoir l’écouter, le comprendre, le soutenir si nécessaire. La bienveillance, signe de l’humanité, n’est pas une faiblesse ; elle se définit précisément comme ce qui nous permet d’exercer le commandement comme une force et non comme une violence, c’est là toute sa légitimité.
  • Cultiver le sens critique et la hauteur de vue : être curieux à l’égard du monde et de ceux qui nous entourent, mettre à l’épreuve la pertinence de nos procédures, s’interroger sur la facilité de compréhension et de réalisation de nos attendus par le soutenu, questionner son propre jugement comme celui des autres, non dans un souci d’objection permanente mais comme un moyen de toujours se confronter au réel, le comprendre et se l’approprier sans le subir.
  • Enfin, comme nous y invite le code du soldat, agir toujours avec dignité et humanité ! Mon frère d’arme comme mon ennemi reste mon semblable.

 

L’école a déjà 10 ans, et vous, où vous voyez-vous dans 10 ans ?

Commissaire principal Enora :

Je me vois toujours servir au sein du SCA, mais je suis bien incapable de répondre plus précisément à cette question… Comme je l’ai mentionné, j’apprécie que les choses ne soient pas toutes tracées, donc nous verrons bien !

Commissaire principal Antoine :

Le champ des possibles est immense, c’est bien là l’intérêt de la carrière d’un commissaire. Parmi mes aspirations, j’en retiendrai deux :

  • être directeur du commissariat à l’étranger ou en outre-mer : j’ai énormément apprécié, au cours de mes expériences à Djibouti comme à La Réunion et Mayotte, le travail en interarmées et interalliés, avec la très grande diversité des missions, des territoires et des interlocuteurs. La multiplicité des cultures d’armée rend la réalisation de la mission aussi subtile qu’exaltante.
  • être conseiller juridique en droit des conflits armés dans une organisation internationale : mettre en pratique une expertise particulière dans la conduite des opérations, où l’emploi de la force s’exerce dans le respect de nos engagements internationaux, au contact d’acteurs ayant des doctrines d’emploi différentes, ce qui exige de savoir s’adapter sans se dénaturer.

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