Décryptage de manœuvres de désinformation – La FINUL prise pour cible

Direction : Désinformation / Publié le : 29 juillet 2025

Le mandat de la FINUL est renouvelé tous les ans par le Conseil de sécurité. À l’approche de l’échéance, celle-ci devient depuis quelques années, la cible de campagnes de désinformation. Ces campagnes visent à saper sa crédibilité et à entraver son renouvellement, mais sont aussi articulées avec des manœuvres dans le champ physique. 

Décryptage de manœuvres de désinformation – La FINUL prise pour cible

Plus les campagnes informationnelles s’intensifient, plus on constate une hausse des menaces et des attaques physiques à l’encontre des Casques bleus, des blocages de convois ou encore des tirs sur des positions de la Force.  

Analyse de manœuvres de désinformation de part et d’autre de la Blue Line

Côté libanais de la Blue line, les sphères pro-Hezbollah diffusent des accusations explicites via des relais médiatiques locaux. En effet, certains médias libanais diffusent des accusations selon lesquelles les patrouilles de la FCR se dérouleraient sans coordination avec les Forces armées libanaises (FAL). Tandis que d’autres affirment que la FCR n’aurait pas le droit de patrouiller sans les FAL. Certaines déclarations vont jusqu’à accuser les Casques bleus de « mouvements non autorisés » et d’agir sans autorisation du commandement onusien. Ces propos sont souvent relayés sur les réseaux sociaux par des figures proches du Hezbollah, cherchant à présenter la FCR comme une force insubordonnée et illégale.

Média libanais accusant les Casques Bleus

AL Jadeed News

Les armes du Hezbollah et le sort de la FINUL : confrontations

Image 1 sur 2

Côté israélien de la Blue line, des relais diffusent des contenus humoristiques sur les réseaux sociaux. En effet certains comptes pro-israéliens diffusent régulièrement des contenus humoristiques, tels que des vidéos parodiques et des caricatures tournant en dérision la FINUL. Ces contenus cherchent à remettre en question l’efficacité de la FINUL, saper la confiance en ses capacités et à suggérer une forme de complicité à l’égard du Hezbollah.

Vidéo moqueuse israélienne cherchant à décrédibiliser la FINUL

Les faits : quel est le mandat de la FINUL ?

Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité encadrent strictement le mandat de la FINUL. Que disent ces résolutions ?

La résolution 425 de 1978 instaure la création de la FINUL et son mandat vise à confirmer le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, rétablir la paix et la sécurité internationales et aider le Gouvernement libanais à rétablir son autorité effective dans la région. La résolution 426 de 1978 décide de son renouvellement sur décision du Conseil de sécurité. 

En 2006, son mandat est étendu par la résolution 1701 au contrôle de la cessation des hostilités, l’accompagnement et l’appui aux forces armées libanaises à mesure de leur déploiement dans tout le sud, et l’assistance à l’instauration d’un accès humanitaire aux populations civiles ainsi qu’au retour volontaire des personnes déplacées dans des conditions de sécurité.

La FINUL est donc une force impartiale, qui vise à la cessation des hostilités par toutes les parties. Son mandat l’autorise à mener des patrouilles avec ou sans accompagnement des FAL pour mener à bien son rôle d’observateur. En respect de la souveraineté du Liban, la coordination avec l’armée libanaise est systématique. Chaque mission, y compris celles de la FCR, fait l’objet d’une planification conjointe avec les FAL. 

Résolution 1701

Visualiser et télécharger la Résolution 1701
PDF - 45.31 Ko

Résolution 425 de l'ONU (1978)

Résolution 425 (1978)

Objectif de ces manœuvres : déconstruire un symbole

Si de prime abord l’on pourrait croire que ces actions visent à influencer les opinions publiques, en réalité celles-ci visent in fine les chefs d’Etats membres de l’ONU, et plus particulièrement ceux siégeant au Conseil de sécurité. 

Pourquoi ? Parce que ce sont eux qui votent les résolutions de l’ONU et notamment celle portant sur le renouvellement du mandat de la FINUL. 

Les opinions publiques ne sont que des auditoires intermédiaires. En faisant croire que la FINUL est inefficace – soit du fait de sa soi-disant complicité avec le Hezbollah ou du fait de son non-respect des règles d’engagement, en fonction du côté de la Blue line où l’on se place – cela permet d’alimenter son rejet par les opinions publiques et donc in fine de faire pression sur leurs dirigeants pour qu’ils ne soutiennent pas le renouvellement de son mandat. 

Pourquoi ces fake news sont problématiques ?

L’action de la FINUL peut faire l’objet de critiques, ce qui est légitime dans tout contexte d’engagement international. Il est toutefois important de rappeler certains éléments fondamentaux. La FINUL agit comme un acteur impartial dans un environnement complexe. Elle bénéficie du soutien de plus de 50 États contributeurs ainsi que de l’appui constant de la communauté internationale.

Grâce à cette impartialité, la FINUL joue un rôle essentiel de médiation entre le Liban et Israël, facilitant la communication et contribuant à la désescalade des tensions. Sa présence sur le terrain lui permet également de recueillir et de transmettre des informations cruciales sur l’évolution de la situation, au service de la stabilité régionale.

Enfin, la FINUL est pleinement redevable devant les instances onusiennes : elle transmet régulièrement des rapports au Secrétaire général et au Conseil de sécurité des Nations Unies, leur fournissant ainsi les éléments nécessaires pour évaluer la situation et prendre des décisions éclairées.

Mettre en doute la légitimité et la crédibilité de la FINUL revient à fragiliser la confiance non seulement des Libanais, mais aussi de l’ensemble des acteurs internationaux dans une mission dont le mandat repose précisément sur la transparence, l’impartialité, le multilatéralisme et le dialogue.

Retrouvez l'ensemble de nos décryptages à chaud

Nos décryptages

A la une