Le camp de Bussac, un camp militaire qui préserve la biodiversité, classe Natura 2000
Administré par le 515e RT, le régiment des Charentes, le camp militaire de Bussac-Bédenac en Charente-Maritime s’étend sur 830 ha. Il offre aux nombreuses unités de passage de vastes espaces de manœuvres et des infrastructures d’entraînement de qualité : pas de tir, parcours tout terrain, piste à sable, parcours naturel valorisé, zones de bivouac...
Mais outre sa vocation militaire, le camp est aussi un lieu de préservation et d’étude de la biodiversité. Avec un ensemble de milieux très variés sur sol sableux, ce camp est traversé par deux ruisseaux. Les habitats naturels y sont constitués majoritairement de forêts de résineux, de landes, de broussailles, garrigues et marres. Cet ensemble naturel recèle une biodiversité exceptionnelle. Deux ZNIEFF (Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique) de type 1 reconnaissent le caractère patrimonial du site.
En 2014 et 2017, des inventaires financés par la DREAL Nouvelle-Aquitaine et le fonds européen agricole pour le développement rural ont permis d’identifier plusieurs espèces animales et végétales très rares en Poitou-Charentes. Parmi elles, le Lézard ocellé (Timon lepidus, plus grand lézard d’Europe) ou encore deux hélianthèmes (plantes de la famille des cistacées): l’hélianthème en ombelle et le faux Alysson.
La découverte de l’Agrostide grêle sur les pare-feu sablonneux est devenu l’un des enjeux botaniques majeurs du camp. Cette espèce végétale rare, sur la liste rouge mondiale des espèces menacées, n’avait jamais été vue auparavant en Charente-Maritime. S’y ajoutent également 53 autres espèces végétales dont 3 protégées au plan national et 3 à l’échelle régionale.
La faune est aussi très présente : le vison, le putois d’Europe ou encore le recensement de libellules rares témoignent un peu plus de l’intérêt faunistique élevé du camp.
En 2009 est créé le site Natura 2000 « Landes de Montendre ». Le camp militaire en représente le quart de la surface. Les actions menées in situ par le 515e RT et les acteurs locaux et régionaux s’inscrivent totalement dans les objectifs fixés par le comité de pilotage Natura 2000 du site : préservation, communication, évaluation. Tous les projets d’infrastructure et les modalités d’entretien du camp sont réalisés en concertation préalable avec le Conservatoire des Espaces Naturels Nouvelle-Aquitaine (CEN-NA), partenaire du 515e régiment du train depuis de nombreuses années dans le cadre d’une convention passée avec le MINARM.
Parmi les actions menées sur le site, une attention toute particulière est portée sur la population de Lézards ocellés qui diminue progressivement. Sous l’impulsion de la DREAL Nouvelle-Aquitaine, tous les acteurs (515e RT, ONF, CEN.NA, société de chasse, OFB) - conseillés par des spécialistes nationaux - sont mobilisés autour de cette situation inquiétante dont plusieurs causes sont suspectées. En premier lieu, certaines landes se referment par un boisement de jeunes pins maritimes, limitant les zones de déplacement et de chasse du lézard. D’autre part, les terriers de lapins utilisés comme abri par le lézard se raréfient. On note en effet une baisse de la population de lapins touchée par des maladies et la destruction des terriers par des espèces en fort développement comme le sanglier. Enfin, on relève l’absence d’autres supports naturels pouvant servir d’abris, par exemple des tas de bois, et la difficulté d’accès à certaines dalles de béton susceptibles d’être colonisées.
En 2023, le 515e régiment du Train a monté un dossier sur le sujet et un budget de 28 000 euros a été accordé par le MINARM dans le cadre du Fonds d’Intervention pour l’Environnement (FIE). A celui-ci s’est ajouté un financement accordé par la DREAL. Des actions concrètes ont ainsi pu être lancées :
- réalisation d’exclos autour des garennes existantes pour protéger les terriers et favoriser l’accroissement de la population de lapins ;
- défrichage de zones pour agrandir le territoire de déplacement et de gîtes des lapins.
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D’autres actions vont être réalisées en 2023 / 2024 :
- débroussaillage de dalles en béton pour offrir de nouveaux abris au lézard ;
- réalisation de panneaux d’information pour sensibiliser les utilisateurs du camp ;
- arrachage manuel d’espèces végétales envahissantes en partenariat avec une association locale d’aide à l’insertion sociale et professionnelle (ATEL Consac).
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À brève échéance, tous ces efforts financiers, humains et matériels devraient permettre l’accroissement de la population du Lézard ocellé. Un suivi annuel est en place pour surveiller la dynamique de cette population. Croisons les doigts !
Dans tous les cas, le 515e régiment du Train et ses partenaires ne baisseront jamais la garde pour conserver et protéger les richesses naturelles et la biodiversité du camp.