CaMo. Une coopération européenne inédite entre la France et la Belgique

Direction : Eurosatory / Publié le : 17 juin 2022

En 2018, la France et la Belgique se sont engagées dans un projet de coopération de défense inédit. Les deux pays ont signé un partenariat stratégique dans le domaine de la défense pour une interopérabilité maximale sur le long terme entre les armées de Terre françaises et belges. Bientôt, ces deux pays auront une armée de Terre formée sur le même modèle.

(A gauche) L’ingénieur en chef de l’armement français Eric, et (à droite) le colonel belge Luc © C. Hamilcaro / DICOD

L’accord intergouvernemental « CaMo » (capacité motorisée), entré en vigueur en 2019, permet à nos voisins belges de mandater la France pour passer des marchés d’acquisition de matériel en son nom et pour son compte. « Nous allons cloner les deux armées de Terre afin de créer des unités prêtes à partir au combat sans préparations supplémentaires. On part ensemble et on   fusionne au combat », précise l’ingénieur en chef de l’armement Eric, directeur du programme CaMo à la Direction générale de l’armement (DGA).

L’ingénieur français et son homologue belge, le colonel Luc, adjoint au directeur du programme, assurent la conduite du volet armement au sein de ce partenariat stratégique. La première capacité de cette coopération, dite CaMo 1, prévoit l’acquisition par la Belgique de 382 véhicules Griffon et 60 Jaguar, tous infovalorisés, livrés à partir de 2025. Le 13 mai 2022 - après la signature du contrat CaMo en 2018 -, la Belgique et la France en ont signé un deuxième dans le domaine de l’artillerie : « CaMo 2 ». Le choix s’est porté sur l’acquisition de neuf systèmes infovalorisés Caesar NG (Camion Equipé d'un Système d'Artillerie de Nouvelle Génération).

CaMo s’inscrit donc pleinement dans le cadre du programme Scorpion qui permet aux soldats déployés d’échanger des informations directement ou automatiquement sur différents terrains et à différents niveaux hiérarchiques. « La Belgique cherchait un partenaire parmi ses principaux alliés. Elle souhaitait un programme ambitieux dans le terrestre », explique l’ingénieur en chef de l’armement Eric.

« CaMo va changer la vie du militaire belge »

« Cet accord entre nos deux gouvernements montre l’excellence de l’armée de Terre française. C’est une reconnaissance forte de notre ministère des Armées : équipement, entrainement, doctrine… Nous avons accueilli la Belgique à bras ouverts. Depuis plus de dix ans, ils nous ont vu sur le terrain et connaissent parfaitement notre façon de travailler. » Une coopération qui n’est donc pas négligeable pour la Belgique. « Nous avions intérêt à entrer dans un partenariat. Nous devions renouveler nos équipements mais nous manquions de ressources humaines », relate le colonel belge Luc.

Pour cette coopération historique, la France n’a pas été choisie au hasard. « Nous avons fait une analyse détaillée de nos intérêts et des dangers autour de nous. Nous devions donc trouver un pays qui possède ces mêmes intérêts avec le même principe culturel, militaire et politique. La France répondait donc à tous nos critères, explique le colonel Luc. CaMo va changer la vie du militaire belge. »

« Un engagement politique très fort »

Ce partenariat stratégique est donc une solution gagnante pour les deux pays. « Grâce à des brigades identiques, nous serons plus forts lors des combats. Nous disposerons de la même doctrine, de la même façon de faire la guerre, du même niveau opérationnel et de la même confiance », assure le directeur du programme CaMo. Pour mener à bien ce partenariat, les deux pays s’entraineront et se formeront ensemble. « Par exemple, des soldats belges seront formés à l’école militaire de Bourges. Quant à la Belgique, elle formera les contrôleurs aériens français, précise l’ingénieur en chef de l’armement Eric. Nous espérons organiser la première sortie des deux pays en 2026. »

Grâce à cette coopération opérationnelle totale entre les unités françaises et belges, ces dernières seront parfaitement interchangeables. Une compagnie belge pourra être déployée immédiatement dans un bataillon français, sans obstacles technologiques ou opérationnel. « La Belgique a eu le courage de faire ce choix. C’est un engagement politique très fort. Nous espérons que d’autres pays regarderont de près cette initiative. Cette vision stratégique franco-belge illustre une conception d’Europe de la Défense dans l’armée de Terre », se réjouit l’ingénieur en chef de l’armement Eric. Un avis partagé par son homologue belge : « Sans le vouloir directement, nous avons mis en pratique cette volonté de créer une Europe de la Défense. Chaque jour, cet objectif se concrétise. Je serai heureux de constater que CaMo peut convaincre d’autres pays. »


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