Cold Response 2022 - Une force multinationale dans le Grand Nord
Dans le Grand Nord, la Marine poursuit ses missions, ses entraînements dans un environnement stratégique sous tension. Du 14 mars au 1er avril 2022, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude, avec à son bord un groupement tactique embarqué (GTE) de l’armée de Terre, la frégate multi-missions (FREMM) Languedoc et un aéronef Atlantique 2 de la Flottille 21F ont participé à Cold Response 2022 (CORE22), en Atlantique nord.
Une séquence opérationnelle intense qui s’est déroulée dans des conditions climatiques exigeantes et une situation géopolitique inédite à la suite de l’invasion de l’Ukraine par les armées russes. Cet exercice multinational majeur, qui s’inscrit dans la stratégie de défense et de dissuasion de l’Otan, a été conduit par l’état-major des armées norvégiennes. Il avait pour objectif l’entraînement des forces armées de 27 nations alliées de l’Otan et leurs partenaires, mobilisant 30 000 militaires. De ce fait, CORE22 est devenu le plus gros entraînement réalisé depuis la guerre froide sous des latitudes arctiques. Sous le commandant anglais du HMS Prince of Wales, la force à la mer a conduit des exercices multiluttes, allant de la guerre des mines à la lutte antisurface et anti-sous- marine, avec pour point d’orgue une opération amphibie de grande ampleur, mettant en œuvre simultanément des moyens aéromaritimes et terrestres.
LA FLOTILLE AMPHIBIE PARÉE AU COMBAT
Le 13 mars, la batellerie du détachement de la Flottille amphibie embarquée à bord du PHA Dixmude, composée d’un EDA-R, d’un CTM et d’un EDA-S dont c’était le premier déploiement opérationnel, s’est entraînée aux tirs à la mitrailleuse 12.7 mm au large de l’île de Tarva, en Norvège. Pour la Flottille amphibie, cette mission dans le Grand Nord représentait deux enjeux majeurs : son entraînement dans un environnement exigeant, en dialogue permanent avec le groupement tactique embarqué de l’armée de Terre, ainsi que la validation des capacités militaires de l’EDA-S. Les militaires ont ainsi acquis des automatismes, dans le but d’être toujours plus réactifs et efficaces en situation de combat. De plus, cela a permis la montée en puissance du détachement avant la phase terrestre de CORE22 qui s’est déroulée le 21 mars et a permis le débarquement au-delà du cercle polaire de 280 hommes et de près de 80 véhicules du GTE.
UN EXERCICE ORGANISÉ TOUS LES DEUX ANS
Dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine et du renforcement du dispositif défensif et dissuasif de l’Otan sur le flan oriental de l’Alliance, Cold Response 2022 avait uniquement un but défensif. Organisé tous les deux ans par la Norvège, cet exercice vise à tester la capacité à recevoir le renfort des Alliés.
Un nouveau théâtre d’opérations pour la FREMM Languedoc
Depuis la fin du mois de janvier, l’équipage A de la frégate multi-missions (FREMM) Languedoc opère en Atlantique, dans le cadre du déploiement Narval qui assure la permanence de la présence française dans le Grand Nord. Une zone stratégique dont la criticité est renforcée dans le contexte actuel. En mars, la frégate a également pris part à l’exercice Cold Response (lire par ailleurs) où elle a pu utiliser ses capacités et son savoir-faire en matière de lutte anti-sous-marine afin d’assurer la protection des unités précieuses de l’exercice, le HMS Prince of Wales et les bâtiments amphibie Rotterdam (NL) et Dixmude.
Basé à Toulon et plus habitué au golfe Persique qu’au Grand Nord, l’équipage A du Languedoc s’est néanmoins rapidement approprié son nouveau théâtre d’opérations. Ainsi, après les tempêtes de sable dans le détroit d’Ormuz, il a affronté les tempêtes de neige en mer de Norvège. Le bord s’est adapté pour faire face à ces nouvelles conditions : des tenues chaudes et étanches ont été approvisionnées pour le personnel travaillant à l’extérieur, des postes de déneigement et de dégivrage ont été lancés régulièrement. Le déploiement de la FREMM Languedoc dans le Grand Nord s’inscrit également dans une logique de brassage des façades, à l’image de la FREMM Normandie, avec le GAN, déployée en Méditerranée orientale (MEDOR) puis centrale (MEDCENT).

Interview croisée
Lieutenant Arnaud, officier embarquement amphibie (OEA) du Groupement tactique embarqué (GTE) et l’enseigne de vaisseau de 1re classe Marie-Luce, adjoint à l’officier pont à bord du PHA Dixmude.
COLS BLEUS : Quels sont vos rôles dans le cadre de Cold Response ?
LTN ARNAUD : Je suis le point de contact privilégié entre l’état-major du GTE, mon équivalent sur le PHA, et les différents interlocuteurs techniques indispensables dans cette manœuvre de grande ampleur. Mon second rôle est de préparer la manœuvre avec l’officier chargement du PHA pour m’assurer de la bonne exécution des ordres relatifs au débarquement du GTE.
EV1 MARIE-LUCE : En plus de mes responsabilités en passerelle, je suis l’officier de chargement, poste propre aux PHA, c’est-à-dire que je suis responsable de l’embarquement du fret, du matériel et des véhicules, pouvant aller de la jeep au char d’assaut.
C. B. : Comment vous y êtes-vous préparés ?
LTN A. : Une manœuvre amphibie doit être millimétrée et cadencée à tous les échelons, avant même l’appareillage du PHA. L’ordre d’embarquement des véhicules à bord doit être mûrement réfléchi pour permettre aux sections et pelotons de débarquer en éléments constitués.
EV1 M-L. : Il faut tout d’abord identifier les sites adaptés à l’embarquement des véhicules, puis travailler conjointement avec l’armée de Terre pour élaborer les différentes « cuves » (plan de chargement des engins amphibies) qui détermineront ensuite le plan de chargement à bord du Dixmude.
C. B. : Selon vous, quels sont les enjeux d’un tel exercice ?
LTN A. : Il s’agit pour notre brigade, la 9e brigade d’infanterie de marine, de maintenir sa capacité à mener des manœuvres amphibies dans n’importe quel milieu, et en engageant l’ensemble des moyens interarmes des régiments qui la composent.
EV1 M-L. : Les challenges sont de différentes natures. Tout d’abord en ce qui concerne la mise en œuvre du matériel, car celle-ci pourrait être compromise par les basses températures. Nos capacités humaines sont aussi mises à l’épreuve, puisque nous travaillons dans des conditions météo extrêmes et dans un environnement que nous connaissons peu.
A la une
2025 - Prises de commandement semaine 34
Cette semaine 2 bâtiments et 1 unité ont changé de commandant
22 août 2025

FAPF – Mission PACIFIC AITO 25 : le BSAOM Bougainville conduit plusieurs opérations de contrôle des pêches à proximité de la ZEE française
Les 13 et 14 août, l’équipage du Bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM) Bougainville a réal...
20 août 2025

[Cols bleus n° 3129] Polaris 25
Du 9 mai au 15 juin 2025, la Marine nationale a conduit Polaris 25, un exercice dédié à la préparation au combat de...
18 août 2025
