Grand blessé de guerre, vous vous êtes tourné vers l’écriture pour aborder un sujet sensible. Où avez-vous puisé la force pour témoigner sur un sujet aussi intime et personnel ?

L'aventure de l'écriture m'a été proposée par Alexis Bataille, en 2019. J'étais patient à l'hôpital d'instruction des armées Percy. Alexis était aide-soignant dans cet établissement. Nous avons tissé un lien très fort et c'est le principal moteur de cet ouvrage.

Sans ce rapport de confiance, je n’aurais pas pu me confier. C'est lui qui m'a convaincu. Oui, ce sujet est intime et j’irais même jusqu’à le qualifier de sensible eu égard au traumatisme. C'est ce sujet qui est au cœur de l'ambition de notre projet. Il m’a permis d'en retirer une force de vivre supplémentaire. J’espère que mon témoignage, pourra trouver écho auprès de mes camarades blessés, mais aussi auprès de toutes celles et ceux qui traversent ou ont traversé cette même expérience de vie.

Quel rôle a joué le Service de santé des armées dans votre parcours de reconstruction ?

Il a été fondamental. La chaîne opérationnelle santé est une réalité, du Mali à la métropole. Cela va bien au-delà de l'acte de soin, il s’agit d’une approche globale qui prend également en compte mon entourage, je pense en particulier au soutien de mon épouse. Je profite de cette interview pour remercier l'ensemble des professionnels du Service de santé des armées qui ont contribué et contribuent encore, à mon parcours de reconstruction. 

Que signifie « Je reste un soldat » aujourd’hui ?

Intégrer l’armée, est un engagement total et réel. De sorte que, effectivement, en dépit de mes blessures, je reste un soldat. Celui qui défend des valeurs, celui qui croit à l'Institution, celui qui est fier de revêtir l'uniforme dès que l'occasion lui en est donnée. Même si je suis éloigné d'un théâtre d'opération, je mène toujours un combat. Un brin particulier, c'est le combat pour la vie.

En effet, mon accident a profondément bousculé mon existence. Le handicap engendré par mes blessures et le traumatisme psychique, je les porterai toujours en moi. Je me dois de rester engagé pour moi, pour les autres quotidiennement, ce qui n'est pas toujours simple, vous l'imaginez. En cela, fidèle à mon engagement militaire, à mes proches et à moi-même, je peux le dire, oui, je reste un soldat.

Après ce premier roman, avez-vous un autre projet d’écriture en cours / à venir ?

Pour l'instant, nous n'avons pas d'autres projets avec Alexis. Nous laissons vivre l'ouvrage et lui espérons une belle vie. Ce qui est d'autant plus important puisque l'ensemble des bénéfices seront reversés à l'Union des Blessés de la Face et de la Tête (dites les "Gueules Cassées) et à l'association "Solidarité Défense". Toutefois, avec Alexis, nous plaisantons souvent autour d'un défi, le prochain peut-être : "Et pourquoi pas une adaptation TV ?"

Tous les bénéfices de l’ouvrage seront reversés à l’Union des Blessés de la Face et de la Tête « Les Gueules Cassées » et à l’Association Solidarité Défense.

« Je reste un soldat » de Manuel Cabrita et Alexis Bataille aux City éditions, sortie le 6 avril 2022

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(1) Alexis Bataille, ancien aide-soignant au Service de santé des armées, actuellement étudiant en soins infirmiers est également l’auteur de « Vous avez mal où ? » paru en 2019 chez City éditions.