Clemenceau 22 - Le GAN monte la garde à l’Est

Depuis le 1er février, le groupe aéronaval (GAN) opère en Méditerranée aux côtés de ses alliés ainsi que de ses partenaires stratégiques de la rive sud, au profit de la sécurité de l’Europe. D’abord engagé en Méditerranée orientale au sein de l’opération Chammal, volet français de l’opération Inherent Resolve (OIR), le GAN a ensuite réorienté son effort opérationnel en Méditerranée centrale afin de contribuer à la protection du flanc Est de l’Alliance atlantique, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par les armées russes. Ainsi, le GAN assure des missions d’alerte avancée (Airborne Early Warning) et des missions de défense aérienne.

Clemenceau 22 - Le GAN monte la garde à l’Est © Marine nationale

SE RÉARTICULER RAPIDEMENT

Dans cette nouvelle phase du déploiement Clemenceau 22, la présence du GAN permet d’affirmer notre liberté d’action et notre maîtrise de l’environnement aéromaritime dans cette zone stratégique. Cela confère à la France une appréciation autonome de la posture russe, de la Méditerranée centrale à la Méditerranée orientale en passant par la mer Noire. Pour le contre-amiral Cluzel, commandant du groupe aéronaval, « après avoir contribué à la lutte contre Daech aux côtés de nos alliés et de nos camarades de l’armée de l’Air et de l’Espace, nous sommes désormais fiers d’être l’un des acteurs de la solidarité française envers nos alliés d’Europe de l’Est. Cette bascule d’effort illustre la réactivité, la polyvalence, la réversibilité et l’endurance du groupe aéronaval ». Cette capacité à basculer en quelques jours démontre la flexibilité offerte par le GAN au profit de l’Alliance.

 

DES FORCES COMPLÉMENTAIRES

Porte-avions et son groupe aérien embarqué (GAé), frégates multi-missions et frégate de défense aérienne françaises, américaine et grecque, détachements d’hélicoptères français et belges, sous-marins français et alliés, bâtiment de ravitaillement, avions de patrouille maritime français et américains, état-major embarqué intégrant des officiers alliés : le groupe aéronaval engage plus de 3 000 marins. « Grâce à la complémentarité et aux performances de ces unités modernes, le groupe aéronaval entretient avec ses alliés la maîtrise d’une vaste zone aéromaritime, de la mer Adriatique à la Méditerranée orientale », souligne le commandant du groupe aéronaval. La situation tactique est enrichie et partagée avec les bâtiments européens et alliés présents dans la région : le groupe aéronaval américain constitué autour de l’USS H. S. Truman, la force maritime de l’Otan SNMG2 ainsi que des bâtiments grecs, italiens, allemands ou encore turcs déployés en mission nationale. « La densité inégalée de moyens russes déployés en Méditerranée accroît les risques de méprise ou de surprise, même si les Russes n’ont à ce stade mené aucune action de coercition en Méditerranée. Avec une posture défensive prévenant toute escalade, le groupe aéronaval reste vigilant et ne se laisse pas intimider. Il fait preuve de fermeté face à d’éventuelles tentatives d’entrave à sa liberté d’action », souligne le contre-amiral Cluzel. 

 

Témoignage

Capitaine de vaisseau Sébastien Martinot Commandant du porte-avions Charles de Gaulle

« Se projeter et s’adapter au contexte stratégique est la raison d’être du porte-avions »

Comme d’autres, les marins du Charles de Gaulle ont assisté en mer et en direct à l’invasion russe en Ukraine, ce qui a conduit à réorienter leur mission. Moins de 72 heures après en avoir reçu l’ordre, le porte-avions était repositionné en Méditerranée centrale, en mesure de participer au dispositif de vigilance renforcée de l’Otan. Se projeter et s’adapter au contexte stratégique est la raison d’être du porte-avions. Les marins du Charles de Gaulle se sont ainsi illustrés, comme leurs anciens, par leur résilience et leur réactivité. En quelques jours, ils ont dû apprendre à opérer en soutien d’une nouvelle mission, dans un nouveau cadre et dans un nouvel environnement.

À la mer, l’activité des bordées est soutenue et continue. Le quotidien est rythmé par la mise en œuvre des Rafale Marine et des Hawkeye. Pour s’inscrire dans la durée, le programme d’activité est aussi ponctué de ravitaillements à la mer et de temps de régénération : en mer, lors des No Fly Day, ou à terre, lors des escales, dont les conditions ont été améliorées malgré le contexte sanitaire. Par le suivi quotidien de la situation tactique autour du porte-avions comme sur la zone d’opération aérienne à quelques heures de vol, nos marins comprennent bien quel est leur rôle, quels que soient leur spécialité et leur service à bord. Mener une mission dans de telles circonstances est exigeant mais stimulant, et révèle plus que jamais le sens de leur engagement. C’est une grande fierté d’être à la tête d’un équipage fidèle à la devise de Charles de Gaulle : « Être inerte, c’est être battu. »

Au cœur de la FDA Forbin

La frégate de défense aérienne Forbin commande la défense aérienne de l’ensemble de la force aéromaritime rassemblée autour du porte-avions Charles de Gaulle. À ce titre, elle est responsable de la surveillance de toutes les pistes aériennes qui s’approchent de la force afin d’en assurer la protection. « Contrôler les opérations aériennes depuis la mer, c’est maîtriser tout ce qui se passe dans la troisième dimension autour du groupe aéronaval pour être en mesure de le protéger, note le capitaine de vaisseau Nicolas Molitor, commandant du Forbin et commandant de la lutte antiaérienne du GAN. Pour conduire son action, le chef de la lutte antiaérienne s’appuie non seulement sur les senseurs et les armements du Forbin, mais aussi sur ceux des autres unités de la force, bâtiments de surface et aéronefs du groupe aérien embarqué. » Grâce à son radar longue portée, la frégate peut également détecter une menace à grande distance, donnant à la force un préavis indispensable quelle que soit la nature du mobile. « Une fois la menace détectée, le radar de conduite de tir prend le relais : il guide les missiles Aster 15 et 30 vers leur cible », ajoute le commandant du Forbin.

La guerre électronique (GE) est un autre outil de défense aérienne. « Dans ce domaine, il faut réagir très vite, remarque le maître Mikael, détecteur GE à bord du Forbin. On détecte les ondes électromagnétiques radios et radar émise pour identifier une menace potentielle, mais on utilise aussi des brouilleurs radar et des lance-leurres pour défendre le bâtiment contre les missiles dirigés contre nous ou les unités à défendre. »


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