Évacuation sanitaire : trois clés pour comprendre le métier d’infirmière-convoyeuse de l’air

Direction : Santé / Publié le : 23 juillet 2025

L’escadrille aérosanitaire 6/560 « Étampes » a reçu, le 16 juillet 2025, la médaille de l’Aéronautique lors d’une cérémonie militaire sur la base aérienne de Villacoublay.  L’occasion de découvrir l’engagement et le dévouement des infirmières convoyeuses de l’air.
 

Rédaction : Emmanuelle Ndoudi.

Remise de médaille de l’aéronautique à l’EAS © AAE

Basée à Villacoublay, l’escadrille aérosanitaire 6/560 « Étampes », composée principalement d’infirmières  convoyeuses de l’air du Service de santé des armées, assure depuis plus de 20 ans une mission indispensable pour les forces armées.

De l’Afghanistan au Sahel, grâce à sa pleine interopérabilité avec les escadrons de transport de l’armée de l’Air et de l’Espace, l’escadrille est spécialisée dans le transport médical, par voie aérienne, des militaires mais aussi des civils, dans des situations où chaque seconde compte.  Des faits d’armes récompensés, le 16 juillet, par la remise de la médaille de l’aéronautique à l’escadrille.

Deux infirmières militaires, Léa et Marine, convoyeuses de l’air depuis quelques années, exposent trois caractéristiques clés d’un métier complexe mais gratifiant.

Caractéristique n°1 : être le lien entre l’équipe médicale et le commandant de bord

Les convoyeuses de l’air se distinguent par leur double appartenance : elles participent aux opérations de la brigade aérienne d’assaut et de projection, tout en restant membres du personnel médical. Leur rôle principal : escorter les blessés jusqu’en France et garantir leur stabilité médicale lors du voyage. 

« À bord d’un engin, l’infirmier convoyeur de l’armée de l’Air et de l’Espace travaille en lien étroit avec le Commandant de bord, le responsable de la mission, mais également avec les mécaniciens qui œuvrent pour installer les modules et les meubles dans l’avion », détaillent les infirmières convoyeuses. « Nous travaillons aussi avec les différentes parties médicales, dont les médecins, les Infirmiers anesthésistes ou encore les réanimateurs », ajoutent-elles.

Les infirmiers convoyeurs assurent le lien entre deux équipes et facilitent le dialogue entre deux logiques aux contraintes parfois difficilement conciliables. « En cas de panne ou d’urgence, nous sommes les premières personnes à être prévenues par le Commandant de bord pour mettre en œuvre et relayer les mesures de sécurité à appliquer, pour l’équipe médicale et les patients », indique le binôme. Et de compléter : « En dehors de ces phases spécifiques, nous pratiquons des soins, nous prenons en charge le patient : nous restons des infirmiers ». 

Caractéristique n°2 : gérer un afflux massif de blessés graves

Les convoyeurs de l’air assurent la plupart de leurs missions au sein du dispositif MORPHEE (Module de réanimation pour patients à haute élongation d’évacuation), à bord de l’Airbus A330 MRTT, un aéronef créé pour le ravitaillement en vol et le transport. « La capacité Morphée peut accueillir entre 6 et 16 patients, installés selon la gravité de leurs lésions sur deux types de modules », expliquent les convoyeuses infirmières. D’une part, le module « ICM » (Intensive Care Module) a la possibilité d’accueillir un patient grave nécessitant des soins intensifs, et d’autre part, la partie « LCM » (Light Care Module) assure le transport de deux patients allongés aux blessures légères.

« Chaque type de module répond aux normes de navigabilité et de sécurité aérienne et dispose de tous les appareils biomédicaux nécessaires au niveau de soins requis », assure l’ISG1G Léa. Le dispositif comprend également des tiroirs, un plan de travail, des branchements d’oxygène et même de luminaires que chacun adapte selon ses besoins. « Tout est fait pour que le patient soit maintenu dans l’état le plus stable possible, même en cas de panne ou d’accident », insiste l’ISG1G Marine.

Caractéristique n°3 : intégrer une équipe médicale réactive, en toutes circonstances

Le déclenchement d’une mission Morphée nécessite un important travail de mobilisation. « Une alerte Morphée est portée en permanence par les personnels du Service de santé des armées, essentiellement affectés en région sud-est pour mieux anticiper », affirme le binôme. L’équipe médicale mobilisée compte au minimum 11 personnels, dont 2 médecins anesthésistes-réanimateurs, 2 médecins qualifiés aéronautique, 3 infirmiers anesthésistes, 2 infirmiers-convoyeurs et 2 infirmiers.

La mission est déclenchée par l’EMO Santé (l’État-major opérationnel) après une évaluation globale du besoin et l’adaptation des moyens nécessaires. Parfois, plusieurs missions consécutives s’avèrent nécessaires. « Le délai d’alerte nominal est fixé à 72 heures mais peut évoluer à la demande de l’EMO-Santé selon certains indicateurs », complète l’ISG1G Marine. Lorsque la mission Morphée est déclenchée, le personnel d’alerte rejoint la base aérienne d’Istres et le matériel nécessaire est acheminé par l’Établissement de ravitaillement sanitaire des armées de Marseille.

« Ce délai donne aux mécaniciens de l’armée de l’Air et de l’Espace le temps de commencer l’installation des modules selon la configuration décidée par l’EMO-Santé », explique l’ISG1G Léa.  Les équipes médicales missionnées disposent alors d’environ six heures pour préparer le vol avant le décollage (briefing du directeur médical, rappels de coordination, plan d’embarquement des patients…). « Nous branchons les appareils électriques et nous suivons tous le briefing de la mission (nombre de patients, durée du vol…) du commandant de bord », développent les deux infirmières militaires.

Une préparation qui ne laisse pas de place à l’improvisation. Tous les trois ans, les convoyeurs de l’air sont rappelés à suivre un entraînement spécifique, indispensable pour rester aptes à intervenir à bord.


A la une