Racontez-nous votre parcours en quelques mots.

J‘ai signé mon premier acte d’engagement à 18 ans après mon bac, à mon entrée à l’Ecole de Santé Militaire de Lyon. J’y ai effectué l’ensemble de mon parcours médical dans une des facultés de médecine civile de Lyon, pour le SSA, jusqu’aux épreuves de l’Examen National classant (ex Internat). J’ai ensuite pu choisir un poste d’interne de chirurgie digestive à Paris où ma formation spécialisée de chirurgie a eu lieu dans les hôpitaux militaires et civils. Affecté à l’hôpital du Val de Grâce, j’ai été muté à sa fermeture à l’hôpital Laveran de Marseille où je suis encore en poste. En parallèle de cette affectation à Marseille, j’ai été affecté 3 ans à la 7e Antenne chirurgicale parachutiste dont j’étais le chirurgien viscéral. J’ai eu l’honneur et la joie de commander cette unité avant de la quitter.

Avez-vous suivi des formations particulières depuis votre engagement, dans le cadre d’OPINT/OPEX par exemple, et quel intérêt y avez-vous trouvé ?

Depuis le début de mon engagement, ma formation médicale de base a été enrichie par un grand nombre de formations complémentaires tant sur le plan militaire que sur le plan médical. D’un point de vue purement médical, j’ai pu obtenir plusieurs diplômes universitaires de chirurgie ainsi qu’un Master 1 et un Master de 2 de recherche biomédicale. Sur le plan purement militaire j’ai eu l’occasion de valider plusieurs stages et brevets (parachutisme, tir…). Enfin, le sujet médico-militaire tient une place particulièrement importante : une formation initiale et continue à la chirurgie de guerre et de catastrophe a été réalisée. Mes connaissances sont régulièrement entretenues. Mon parcours est donc riche d’expériences diverses tant universitaires, médicales que militaires. C’est cette alliance qui fait la richesse de mon métier. Actuellement, les expériences vécues me permettent de transmettre aux plus jeunes par l’enseignement. Ceci ajoute un intérêt particulier supplémentaire à mon travail.

Qu’est-ce qui fait qu’exercer votre métier au Service de santé des armées est si particulier ?

La vie militaire permet de vivre des expériences que nul autre milieu ne permet. Elle nécessite un supplément humain à l’exercice déjà très humaniste de la médecine. Ce supplément d’âme nécessaire à la médecine militaire s’explique par la gravité de certaines situations, l’intensité des émotions vécues, le partage du risque, le soutien de la vie du frère d’Arme, la rusticité et l’attachement à la France. Le plus de notre métier réside dans la notion de Service. Une part de gratuité pour nos soldats et notre pays en plus du service des autres par la médecine. Cela implique nécessairement des sacrifices personnels que la médecine traditionnelle n’exige pas.

Comment se manifeste l’esprit d’équipe dans la pratique de votre métier ?

Seul, je ne peux rien faire. Ma plus-value réside dans mon savoir et mon savoir faire. Les mettre en œuvre seul serait totalement impossible et illusoire. Pour prendre en charge un malade, chaque compétence est importante et nécessite d’être ordonnée et hiérarchisée. Il faut donc un chef, mais seul, il ne peut rien. Le chef est au service de son équipe afin qu’elle puisse donner le meilleur d’elle-même. En mission, cet esprit d’équipe prend un sens plus large avec le partage des peines et des joies de la vie quotidienne et le soutien mutuel. L’esprit d’équipe est indispensable pour bien remplir sa mission.

Auriez-vous un souvenir marquant à nous partager ?

Un ennui profond, intense et long au fond du désert, sous la tente, dans la chaleur. Et tout à coup, la mobilisation instantanée et totale de tout le savoir-faire et de toute l’énergie d’une équipe chirurgicale hors du commun à l’annonce d’une attaque et de 4 blessés. Des camarades : une équipe médicale blessée avec qui nous vivions au quotidien. Grande émotion qui n’entame à aucun moment la détermination et le professionnalisme. Une prise en charge exceptionnelle qui a sauvé une vie au milieu du désert. Une chaîne de soins continue de l’attaque à l’hôpital de métropole. Le savoir-faire du service de santé.