Soutien médical en Opex

Sur les théâtres d’opération, le concept français de prise en charge des blessés consiste à amener au plus près des combats médecins, chirurgiens et anesthésistes-réanimateurs pour traiter les malades et blessés et les évacuer dès que possible vers la métropole. L’objectif : donner aux militaires blessés les meilleures chances de survie et de récupération fonctionnelle. La proximité de ce soutien est considérée comme un facteur essentiel du moral du combattant.

Soutien médical en OPEX © ECPAD

Spécificité du concept français

Alors que les Anglo-Saxons privilégient la rapidité de l'évacuation, le concept français place l'équipe chirurgicale au plus près du blessé :

Infographie soutien médical en OPEX © BCISSA

Le SSA en opération extérieure

Le SSA est présent sur les théâtres d'opérations extérieures comme en métropole et accompagne ses hommes de la blessure jusqu'à la réhabilitation et à la réinsertion.

Pour une meilleure efficacité, plusieurs types de structures assurent le suivi médical des blessés tout au long de la chaîne santé, du « rôle 1 » au « rôle 4 ». Au sein même des unités de combat sont présentes des équipes sanitaires composées de médecins et de personnels paramédicaux formés à la prise en charge de polytraumatisés (rôle 1). Ils disposent de moyens mobiles, adaptés et performants, servis par des personnels habitués à l'urgence et entraînés aux conditions les plus difficiles. Des structures hospitalières légères (rôle 2) sont placées au plus près des unités de combat et permettent le traitement des extrêmes urgences par des anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens entraînés à agir dans des situations extrêmes. Les évacuations sanitaires précoces et systématiques, fer de lance du soutien médical français, prévoient l'acheminement des blessés vers les hôpitaux plus importants, comportant en outre d'autres spécialités (rôle 3). Durant ces évacuations, essentiellement effectuées par voie aérienne, le blessé bénéficie d'une assistance médicale constante. Une fois stabilisé, celui-ci est rapidement rapatrié par les équipes d'évacuation médicale par voie aérienne (MEDEVAC) jusque dans l'un des 8 hôpitaux d'instruction des armées en métropole pour le traitement définitif.

Outre les compétences particulières que requiert un exercice aussi délicat de la médecine, cette proximité permanente du soutien, considérée comme un facteur essentiel du moral des combattants, exige une organisation très calibrée. D'autant plus que la protection sanitaire opérationnelle ne se limite pas à la seule phase des combats : elle exige en effet la connaissance et la mise à jour constante des données épidémiologiques des différents théâtres d'opérations envisageables et l'identification des risques particuliers. Elle se prolonge aussi par la mise en œuvre des mesures d'hygiène générale et de prophylaxie adaptées aux conditions d'engagement.

Les évacuations médicales

L’évacuation médicale par voie aérienne (MEDEVAC) concourt à la rapidité de la prise en charge du blessé dans les structures médicales de terrain, puis à celle de son admission en France. Elle présente un intérêt logistique certain en évitant l’encombrement des antennes chirurgicales de l’avant, tout en utilisant le vol aller pour les ravitailler en produits de santé. Le transport des blessés sur le théâtre d’opération (MEDEVAC tactique) se fait par hélicoptère de manœuvre et avions de l’armée de l’Air de type Transall, Hercules ou Casa.

Le rapatriement des blessés vers la métropole (MEDEVAC Stratégiques) se fait par avions de type 900 de l’armée de l’Air, en alerte sur la base aérienne de Villacoublay, près de Paris. Transformés en version sanitaire, ils offrent l’équipe de convoyage les moyens de dispenser des soins de réanimation comme la ventilation artificielle, l’anesthésie générale continue et la transfusion sanguine.

Les armées françaises ont équipé des avions ravitailleurs Airbus A330 MRTT du dispositif MORPHEE (module de réanimation pour patients à haute élongation d’évacuation). Elles peuvent ainsi évacuer jusqu’à 12 blessés – dont 4 à 6 sous ventilation artificielle – pendant un vol d’un dizaine d’heures sans escale depuis tous les théâtres d’opération. L’équipe médicale est composée de 4 médecins et de 8 infirmiers.

Ravitaillement médical et produits sanguins

La chaîne de ravitaillement en produits de santé (médicaments, matériels biomédicaux, oxygène et produits sanguins...) est indispensable aux unités médicales opérationnelles (poste médical, antenne chirurgicale...) déployées à distance du territoire national. Les produits fournis sont adaptés aux conditions particulières rencontrées sur ces théâtres extérieurs.

Médicaments, préparations et réactifs de diagnostic sont fabriqués par la pharmacie centrale des armées en l'absence sur le marché de produits disponibles ou adaptés aux besoins spécifiques des combattants. Des équipements spéciaux, fonctionnant par exemple dans des conditions climatiques sévères, sont conçus par l'établissement central des matériels du SSA.

Le plasma lyophilisé, pour les urgences graves en l'absence de plasma frais

L’approvisionnement en sang est crucial pour les troupes en opération puisque la principale cause de décès des blessés est l’hémorragie. Mais rare et fragile, le sang exige notamment de respecter une chaîne du froid stricte, condition parfois impossible à respecter dans le cadre des opérations militaires.

Pour s'affranchir de cette contrainte, le centre de transfusion sanguine des armées a développé la fabrication du plasma lyophilisé (PLYO). Celui-ci se conserve à température ambiante. Il est universel, immédiatement disponible, efficace et sûr. Il a reçu l'agrément de l'ANSM. Il est parfaitement adapté aux conditions de la transfusion à l’avant (au combat).

Le centre de transfusion sanguine des armées est le seul établissement en France à fabriquer le plasma lyophilisé. Pour cela, il est nécessaire au CTSA de recevoir un nombre suffisant de dons du sang.

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