Petit-déjeuner de l’économie : énergie et métaux, des enjeux de souveraineté pour la France
Comment se fixent les prix du gaz, de l’électricité et des métaux ? C’est à ces questions hautement stratégiques pour notre pays qu’a répondu, le 10 juillet, Frédéric Gonand, professeur d’économie à l’université Paris Dauphine-PSL.
Universitaire et chercheur en économie, le professeur d’université Frédéric Gonand est aussi énarque et a été commissaire de la Commission de régulation de l'Énergie ou encore conseiller économique de la ministre de l’Économie Christine Lagarde. Autorité dans le domaine des matières premières et auditeur de la 64ème session nationale de l'IHEDN (Institut des hautes études de Défense nationale), il est venu partager son expertise auprès du haut encadrement du ministère des Armées. « S’il y a une chose à retenir, c’est que les prix de l’énergie et des métaux sont les plus volatils de l’économie », indique-t-il en préambule. Illustration avec deux marchés de l’énergie interdépendants : le gaz et l’électricité.
Une réorientation des approvisionnements en gaz
« L’envolée des prix [du gaz] dès 2021 a précédé la crise russo-ukrainienne avec un quadruplement, avant que le conflit ne provoque des « montagnes russes ». Et en août 2022, nous sommes arrivés à 350 euros le mégawattheure, soit quatorze fois plus qu’en 2020 ! Toutefois, la volatilité s’observe aussi à la baisse avec des prix actuellement entre 20 et 30 euros », explique le professeur. Le gaz renvoie par ailleurs aux enjeux de maîtrise de son approvisionnement, la France et l’Union européenne n’étant pas autonomes en production. Mais Frédéric Gonand se montre optimiste : « Avant la guerre en Ukraine, le gaz venait essentiellement par quatre pipelines russes. Depuis, l’Europe a réduit avec beaucoup d’efficacité ces importations et s’est complètement replacée sur le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL), qui peut être importé depuis tous les pays dans le monde. » L’Union européenne a ainsi réussi son pari de réorienter ses achats, la part de gaz russe passant en 18 mois de 40% à 10% des importations, au profit notamment des États-Unis.
Les conséquences du développement de l’électricité d’origine renouvelable
Sur le marché électrique, le choix d’augmenter la part des énergies renouvelables, avec un effet prioritaire sur le réseau (dû à une production conditionnée par le vent et l’ensoleillement d’une énergie non stockable), conduit à la fois à une plus grande volatilité des prix sur le marché (pic et bas de production renouvelable au cours d’une même journée) et à une baisse structurelle du prix de l’électricité. « Ce qui constitue un problème avec la transition bas carbone », nous apprend Frédéric Gonand. En effet, « quand se produit un pic de demande, seules les centrales à gaz ont la capacité d’y répondre très rapidement. » Or, la baisse, causée par le développement de l’électricité d’origine éolienne ou photovoltaïque, de la demande de production par les centrales à gaz les rend moins rentables et incite à diminuer ces capacités de production. « Nous avons tout de même besoin d’elles en cas de pic de consommation et lorsqu’il n’y a ni soleil ni vent », prévient l’universitaire.
Les prix des métaux vont augmenter
Quant aux métaux, dernier volet de l’exposé matinal du Pr Gonand, ils sont très demandés dans le cadre de la transition bas carbone, en particulier le cuivre, l’aluminium, le nickel, mais aussi des métaux de niche à « petits » marchés comme le palladium, l’indium... Pour Frédéric Gonand, « la demande de métaux va augmenter, alors que l’offre va diminuer. […] Les prix des métaux sont donc partis pour augmenter. » En effet, après une bulle spéculative en 2010 sur la production minière, les demandes d’autorisation de mines ont atteint un point bas en 2022 tandis que les pressions sociales menacent certains sites miniers.
La grande variété des échanges en fin d’intervention ont permis de revenir sur les enjeux spécifiques énergétiques pour la France au sein de l’Union européenne ou encore d’approfondir certaines thématiques régaliennes.
Frédéric Gonand, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine-PSL
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