Depuis le 7 mars, à Al Hamra, dans le sud des Emirats arabes unis (EAU), le 5e régiment de cuirassiers (5e RC) conduit l’exercice El Himeimat. Un rendez-vous annuel incontournable pour la coopération franco-émirienne. En milieu désertique et urbain, près de sept cents militaires français agissent avec leurs homologues de la 4e brigade des forces armées terrestres émiriennes. Les scénarios, associant manœuvres tactiques et tirs interarmes, permettent aux unités de renforcer leur interopérabilité. 

 

D’une durée de dix jours, El Himeimat déroule trois phases progressives : un entraînement bilatéral, une campagne de tirs et enfin, une restitution tactique menée conjointement. Cette douzième édition est aussi l’occasion pour le régiment, volet terrestre des Forces françaises aux EAU (FFEAU), de jouer tous les accords de défense dans lesquels l’armée de Terre est engagée depuis 2009 aux côtés de son partenaire du Moyen-Orient.

 

Mise en condition opérationnelle

Durant la première partie de l’exercice, dite Affiliation Training, les militaires français et émiriens ont présenté leurs capacités respectives dans divers domaines : artillerie, génie, infanterie, NRBC. Ces ateliers croisés sont importants pour comprendre le fonctionnement des uns et des autres et acquérir les connaissances pour agir en complémentarité. 

Combattre en milieu désertique ne s’improvise pas : les tempêtes de sable et les températures chaudes imposent de roder encore plus les procédures de travail et exigent une parfaite connaissance des équipements. Le but : être prêt le 16 mars pour un exercice conjoint de grande ampleur.

 

La plus grande ville de combat au monde

Cette phase a été marquée par l’entraînement au combat en zone urbaine dans la plus grande ville de combat au monde : Al Hamra Training City (AHTC). Cette reconstitution fidèle d’une ville moyen-orientale de 100 hectares mêle bâtiments modernes et habitats traditionnels. Dans des conditions climatiques éprouvantes, les soldats du 5e RC ont manœuvré depuis le désert vers la ville, à travers les rues étroites et les immeubles de cette structure unique.

Dans ce type d’engagement, les unités sont souvent isolées et doivent se coordonner pour se déplacer en toute sécurité. La menace est omnidirectionnelle et l’ennemi multiforme : engin explosif improvisé (IED), tireur isolé, embuscade. Les séances d’entraînement ont été conçues par les instructeurs du Centre de combat en zone urbaine (CENZUB) pour s’approcher au plus près de la spécificité de ce type de combats. Cette phase a permis de préparer l’exercice final qui verra s’engager l’ensemble du GTIA avec ses composantes françaises et émiriennes et s’emparer d’AHTC depuis le désert d’Al Hamra.

 

Manoeuvres et feux interarmes

La phase 2 d’El Himeimat a commencé vendredi 11 mars. Dans cette nouvelle partie de l’exercice, le sous groupement blindé a mené une campagne de tir à balles réelles sous le contrôle du 5e régiment de cuirassiers (5e RC). Une manœuvre interarmes et interarmées qui a mobilisé des chars Leclerc, des véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI), des véhicules blindés légers (VBL) et des canons Caesar. Leur mission : agir en complémentarité pour reconnaître puis détruire en roulant un ennemi symétrique. Grâce à l’appui des chars et des moyens d’artillerie, les VBL ont atteint l’ennemi dans la profondeur. Les fantassins débarqués depuis les VBCI, ont, quant à eux, tenu le terrain en attaquant l’adversaire au contact. Pendant trois heures, l’impact des obus a fait trembler le district d’Al Hamra. Chaleur accablante, tempête de sable… toutes les conditions étaient réunies pour aguerrir les militaires au combat en milieu extrême. L’amiral Jacques Fayard, commandant les Forces françaises aux Emirats arabes unis, a assisté à cette séquence. Celle-ci témoigne de la capacité de l’armée de Terre à s’engager et intervenir dans un combat de masse. 

 

L’opportunité d’expérimenter

Simulant un combat en zone urbaine, les sapeurs issus du 3e régiment du génie ont procédé à la destruction d’un obstacle empêchant la progression des troupes en utilisant un procédé détonnant. À peine débarqués de leur engin, ils ont assemblé, dans une gestuelle maîtrisée, plusieurs tubes d’explosif qu’ils ont placés sous l’obstacle. Celui-ci n’a pas résisté aux 40 kg de ces charges allongées. 

La section du génie du 3e RG et le détachement du centre d'entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB – 94e RI), tous deux déployés sur El Himeimat, ont participé à une action commune. Dans une action de combat en milieu urbain, terrain privilégié des sapeurs, les soldats ont testé l’emploi d’un robot de reconnaissance et d’observation : le standard robotique moyen, actuellement en cours de développement. Sous l’œil vigilant du chef de la nouvelle « section expérimentation robotique » (anciennement Vulcain) du CENZUB, le robot a évolué dans un environnement abrasif. L’objectif de cette séquence était d’en évaluer la pertinence, la plus-value et les axes d’amélioration. Exercice d’aguerrissement et d’entraînement bilatéral, El Himeimat est aussi l’opportunité d'éprouver la fiabilité des équipements et engins de l’armée de Terre.