Monsieur le commissaire en chef, pourriez-vous nous présenter vos fonctions en tant que LEGAD ?

Le LEGAD est le conseiller direct de l’échelon de commandement de la NMI sur l’ensemble des problématiques d’ordre juridique. Ces dernières sont variées et portent par exemple sur l’encadrement de l’usage de la force (règles d’engagement) pour les unités de la Force Protection, le soutien juridique au stationnement ou encore sur le statut de la NMI avec l’État hôte.

Je suis également chargé de la mise en place des instruments juridiques de soutien en rapport avec l’opération  INHERENT RESOLVE (OIR) et traite du contentieux. Enfin, une des facettes de mon activité consiste à prodiguer des conseils ainsi que des formations juridiques aux autorités civiles et militaires irakiennes. Ces activités constituent la mission première de la NMI, qui est une opération à vocation non-offensive. 

Quelles autres fonctions occupez-vous au sein de la NMI ?

Je suis également le Représentant national (National Representative - NR) français auprès de la NMI. À ce titre, je suis chargé de représenter les intérêts de la France en défendant nos positions au sein de la mission, sur différents sujets d’ordre « politico-militaire ».

Mon rôle de NR permet aussi à la France de disposer d’une appréciation autonome de situation, à l’heure où la NMI est engagée dans une phase d’expansion de ses missions et où ses effectifs peuvent croître. J’entretiens par conséquent des échanges fréquents avec mes autorités de tutelle en métropole et le général Tardif, Senior national representative – Opératif (SNR-O) de l’opération CHAMMAL sur le théâtre.

Enfin, en ma qualité de commissaire, je m’occupe de l’administration générale et du soutien commun de proximité de tous les militaires français déployés sur le théâtre. Ayant par le passé commandé un groupement de soutien, il me semblait parfaitement naturel d’assurer cette tâche supplémentaire au profit de mes camarades.

Est-ce que le travail dans un environnement interallié constitue une expérience intéressante ?

Il est clair que cela change d’une ambiance de travail uniquement nationale. La NMI rassemble 26 nationalités avec par exemple un commandant danois, un chef d’état-major espagnol ou un chef de la composante « J3 - conduite opérationnelle » australien. Cela peut parfois sembler allonger les délais d’instruction des dossiers et de prise de décision. Cependant, la multi-nationalité offre une grande légitimité à la mission et permet d’ appréhender certaines problématiques sous divers points de vue. Les environnements multiculturels sont toujours intéressants et riches d’enseignements. Être Français, une des nations majeures de l’OTAN, au sein de la NMI nous pousse au quotidien à donner le meilleur de nous-mêmes pour porter haut les couleurs de la France !

Pour finir, en quoi cette expérience est-elle singulière dans votre carrière ?

Au cours de ma carrière, je totalise plus d’une dizaine de détachements en OPEX et il s’agit de ma troisième projection dans le Golfe en tant que Legad. En revanche évoluer dans une opération à vocation non-offensive et être NR sont deux nouveautés. Pour autant, en tant que Legad, nous disposons de solides formations universitaires, militaires et professionnelles. La diversité de nos parcours de carrière dans des postes de commandement nous permet d’être suffisamment agiles pour armer ce type de mandat où il faut être réactif et précis dans un environnement  tel que Bagdad.

La mission NMI en bref

À la demande du gouvernement iraquien, l’OTAN a décidé, en octobre 2018, de mettre en place une mission de conseil, de formation et de renforcement des capacités en Iraq. La mission OTAN en Iraq (NMI) contribue à renforcer les forces de sécurité et les établissements de formation militaire du pays afin que les forces iraquiennes puissent empêcher le retour de l’EIIL/Daech

La mission OTAN en Iraq (NMI) est une mission non offensive de conseil, de formation et de renforcement des capacités, qui est menée dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Iraq. Mise en place à Bagdad en octobre 2018, elle comprend plusieurs centaines de formateurs, de conseillers et de personnels de soutien des pays de l’Alliance et des pays partenaires, y compris de l’Australie, de la Finlande et de la Suède.  La NMI coordonne ses activités avec de nombreux autres acteurs internationaux, notamment la coalition mondiale contre Daech, l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies. En février et en octobre 2020, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont réaffirmé leur soutien à l’Iraq et sont convenus d’élargir la NMI, comme l'avaient demandé les autorités iraquiennes

 

Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération CHAMMAL représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération CHAMMAL apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région car le combat contre le terrorisme continue. L’opération CHAMMAL se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes.