De façon à assurer le soutien réel de la phase 4 de l’exercice ORION, un Joint Logistic Fusion Center (JLFC) a été projeté à Mailly-le-Camp. Composé de 60 militaires et organisé en J148, il ressemble de près à une direction du commissariat (DIRCOM) comme nous pouvons en trouver en OPEX. Ses missions sont les mêmes, à une différence près : nous sommes en exercice, sur le territoire national.

Le JLFC regroupe en son sein l’intégralité des fonctions du soutien relevant habituellement sur un théâtre d’opération de l’adjoint au soutien interarmées (ASIA) : le J1 (effectifs), le J4 (la logistique) et le J8 (les finances). La mission de la cellule J8 est double : elle assure d’une part le paiement des dépenses et, d’autre part, l’encaissement des recettes. « Le but est de répondre le plus rapidement possible aux besoins des unités pour que les manœuvres liées à l’exercice se déroulent comme prévues » explique le CRC1 Jean-François, chef de la cellule J8. « Nous répondons aux besoins des unités alliées tels que le « soutien vie », les rations, les kits hygiène, etc. Les SOR [états de besoins, ndlr] permettent la refacturation des prestations fournies à l’issue de l’exercice » explique la CR3 Anaelle, déployée au sein de la cellule J8. « Les principaux défis de la mission résident dans l’arbitrage des demandes d’achats émanant des unités soutenues, et dans l’évaluation de la pertinence de ces demandes dans le cadre d’un budget d’exercice qui est défini et donc, par nature, restreint. Cela requiert de faire preuve d’objectivité et de réactivité face aux impondérables de l’exercice ».

Aux côtés du J8, est mise sur pied une cellule contentieux (PSR – prévention sécurité réparation), armée par des commissaires des armées, dont deux tout juste sortis d’école. Leur mission ? Constater puis indemniser les dommages occasionnés par le passage des troupes en milieu civil. « Nous sommes l’interface entre la population locale et les armées » explique le CRP Fanny, chef de la cellule PSR. Qui dit engagement opérationnel dit encadrement juridique, et ce même en exercice. La présence d’un LEGAD est alors une obligation afin de garantir la crédibilité juridique de l’exercice. Inséré au sein du JLFC, le rôle du CRP Fabrice est de préciser le cadre juridique qui s’applique à l’exercice. « La mission du LEGAD pour la phase 4 de l’exercice ORION a débuté en amont de l’exercice, avec l’élaboration des encadrements juridiques des participations alliées. Il convenait notamment d’établir les engagements relatifs au caractère onéreux du soutien fourni aux alliés et les délais de paiement, en lien avec la cellule J8 ».

Au contact.

Si le soutien réel de l’exercice s’opère depuis le JLFC, il s’opère également sur le terrain, au plus près des unités. « Le soutien est connecté au terrain » témoigne le CR1 Romain, en charge du soutien à la composante aérienne au sein du JLFC. « La mission première du soutien est de contribuer à la force morale des unités. Aller au contact des forces et leur montrer qu’elles sont soutenues, en contribuant à améliorer leur quotidien, est essentiel. La condition du personnel contribue à la bonne conduite des opérations ». Et ce n’est pas les équipes RHL qui diront le contraire ! Sur le terrain, le défi relevé quotidiennement par le personnel est conséquent : nourrir plus de 10 000 hommes, répartis sur 11 sites différents, aux particularités qui leur sont propres. « Le terrain commande et nous devons nous adapter en conséquence » souligne le CNE Nicolas, chef du CO RHL. Mais que ce soit à Vouziers, à Mailly-le-Camp, à Langle de Carry, à Delattre Concentration ou à la Ferme de Suippes, l’objectif reste le même : soutenir les forces. Pour ce faire, de nombreux matériels d’alimentation en campagne ont été déployés : éléments tractés d’alimentation en campagne (ETRAC), élément lourd de cuisson (ELC500), unité mobile de boulangerie de campagne (UMBC), conteneurs frigorifiques, conteneurs de préparation, chaînes de distribution, tentes, mobiliers, etc. Cuisiner sur du matériel de vie en campagne requiert organisation, souplesse et adaptation. Un véritable challenge pour le personnel qui, dans sa grande majorité, vit sa première manœuvre sur le terrain et sa première expérience interarmées. « La plupart d’entre eux n’avait jamais cuisiné sur un matériel de campagne et n’avait reçu aucune formation au préalable. L’exercice ORION leur permet de monter en compétences et de gagner en assurance. C’est très formateur » explique le CNE Nicolas, chef du CO RHL. Si le défi logistique est de taille, tous n’ont qu’un seul objectif : fournir une alimentation équilibrée et répondant aux apports nutritionnels nécessaires. « Il y a une vraie volonté de fournir un soutien de qualité, de proximité, dans tous les domaines. L’ensemble du personnel est à l’écoute des besoins et essaye d’apporter une réponse dans la limite de leurs moyens ». Une implication et un dynamisme soulignés par les soutenants : « les équipes du SCA ont à cœur de faire en sorte que la vie sur le camp se déroule le plus confortablement possible. Leur enthousiasme et leur disponibilité sont très appréciés. C’est très important de se sentir soutenus ».

Initié dès 2021, ORION 2023 est un exercice majeur des armées françaises, dont la 4e phase débute le 19 avril dans l’Est de la France. Répondant à de nombreux objectifs de préparation opérationnelle, ORION 2023 permet un entraînement en interarmées et en multinational, encore jamais réalisé à ce jour, selon un scénario allant jusqu’à la haute intensité. Réaliste et exigeant, l’exercice prend en compte les différents milieux et champs de conflictualité (cyber, espace, influence, lutte informationnel).