Grâce à une cohésion inter-GSBdD inébranlable et à un soutien inconditionnel de la part de l’EMO-SCA en termes de matériel, de personnel et de logistique, les POIC attirent à chaque session de plus en plus de stagiaires. Retour sur un processus bien rodé.

La préparation opérationnelle individuelle du combattant (POI) consiste à donner à chaque combattant du SCA la maîtrise des savoir-faire communs indispensables à tout engagement dans un contexte à risque. Elle consiste en un entraînement individuel générique qui peut être complété par un entraînement spécifique adapté à un théâtre d’opération, à des missions PROTERRE[1], aux différents milieux d’armées ou à une composante comme les forces spéciales.

Tout personnel du SCA faisant l’objet d’une désignation pour un engagement opérationnel ou pour une mise en alerte doit détenir un niveau minimal de prérequis dans les domaines de l’instruction sur le tir de combat – dit ISTC -, du secourisme, du Contre-IED[2] et du NRBC[3]. Ces prérequis sont adaptés à chaque théâtre d’opérations et figurent dans le certificat individuel d’aptitude à la projection (CIAP) que chaque personnel doit détenir avant toute projection ou engagement. L’objectif de la POIC est là : cinq jours pour mettre à jour l’instruction du personnel dans ces domaines.

Au programme? Des modules de formation théoriques et pratiques dispensés par des instructeurs internes mais aussi des spécialistes externes. Durant cette période, l’instruction du personnel est mise à jour dans les domaines de l’ISTC, du SC1 et du Contre-IED. Ces stages sont également l’occasion de voir ou revoir un certain nombre d’autres domaines, tels que le TIOR, NRBC, l’armement collectif, les transmissions, l’anglais opérationnel, etc.

[1] PROTERRE : projection de l'armée de Terre pour accomplir des missions, principalement de protection

[2] Lutte contre les engins explosifs improvisés

[3] Risques nucléaire, radiologique, biologique et chimique

Le but ? Qu’en sortant de la POIC, les participants soient capables de tenir une position, si nécessaire, où qu’ils soient projetés. Des périodes qui profitent à la fois au personnel organique du GSBdD organisateur et au personnel d’autres organismes du SCA intégré à la session de formation. Grâce à une cohésion inter-GSBdD rodée, tous les horizons sont représentés au sein des POIC : aviateurs, marins, terriens, d’active ou de réserve, etc., avec une particularité commune : tous appartiennent au SCA.

Depuis deux ans, afin de faciliter la mise à jour des prérequis pour le personnel désigné tardivement, l’EMO-SCA organise des sessions de POIC d’une semaine, en s’appuyant sur les GSBdD détenant les capacités de formation et d’accueil. Ces sessions sont aussi adressées au personnel désigné qui n’a pas pu se préparer dans les délais au sein de sa formation d’appartenance. C’est le cas du sergent Vahinerii, projetée à Djibouti et rattachée tardivement à la POIC organisée par le GSBdD BMA en juillet 2022.

« Dans le cadre de ma projection à Djibouti début août, j’avais besoin de réaliser trois modules PREPA OPS qui me manquaient, mais aucune POIC n’était disponible avant mon départ. J’ai été insérée au stage POIC à Biscarosse, organisé par le GSBdD de Bordeaux-Mérignac-Agen, très tardivement puisque je l’ai intégré le 11 juillet pour un début de préparation le 15 juillet. Le stage POIC durait une semaine, du 15 au 22 juillet et était composé de différents modules, théoriques comme pratiques. Nous étions environ 18-19 stagiaires, répartis en deux groupes de neuf : un groupe sur les modules pratiques le matin, tandis que l’autre l’était l’après-midi. Ce système de répartition en petits groupes a permis aux instructeurs de faire du cas par cas, ce qui était très apprécié par les stagiaires et ce fut une plus-value considérable ! Les instructeurs étaient très pédagogues, ils prenaient individuellement le temps de voir ce qui allait et ce qui n’allait pas ; si nous n’étions pas à l’aise sur un module, nous le refaisions. Ce sont des passionnés et ils ont l’expérience du terrain, ce qui est vraiment un plus car ils savent de quoi ils parlent et ce sont les mieux placés pour enseigner et nous épauler.

Ce fut un très bon stage, j’en ressors pleinement satisfaite et je réitérerai ! Je ne m’attendais pas à voir autant d’armes, j’avais besoin de savoir manipuler le Famas et le PA (pistolet automatique) pour ma projection à Djibouti. Finalement toutes les armes étaient présentées lors de la POIC, et notamment l’armement nouvelle génération tel que le HK 416. Seul bémol du stage : nous n’avons pas pu tirer à cause des incendies en cours dans la région (Gironde) ; nous avons juste pu faire les tirs de réglage. Mais cela est indépendant de l’organisation du stage et est intrinsèque au contexte actuel.

Il s’agissait de ma première POIC, je peux partir sereine pour ma première opération extérieure, avec tous les modules OPS validés. Le fait que le stage se déroule sur une semaine complète est beaucoup plus intéressant et beaucoup plus instructif que ce que j’avais eu à vivre lors des autres POIC. Avoir intégré le stage en dernière minute n’a pas du tout entravé l’organisation et cela ne m’a absolument pas pénalisée. »

Chaque année, trois sessions de POIC sont organisées par différents GSBdD, notamment à Phalsbourg, Charleville-Mézières, Mourmelon, Bordeaux-Mérignac-Agen, Grenoble et Carcassonne. L’adjudant-chef Manuel, du BPSAO[4] du GSBdD Bordeaux-Mérignac-Agen qui organise ces POIC, nous en parle.

« S’inscrivant dans le cadre général de la préparation opérationnelle des forces, le GSBdD Bordeaux-Mérignac-Agen met en œuvre une préparation opérationnelle individuelle du combattant (POIC) au profit du personnel du GSBdD, du personnel d’autres organismes du SCA, ainsi que du personnel provenant d’entités interarmées ou isolées de la base de défense de Bordeaux-Mérignac.

Les stages POIC durent une semaine et se déroulent généralement sur le site de la DGA (DGA/Essais de missiles) à Biscarosse, qui détient les capacités d’accueil et d’instruction nécessaires à la réalisation des prérequis validant le certificat individuel d’aptitude à la projection (CIAP).

Notre unique corps d’adossement – la base aérienne 106 de Mérignac – témoignant de difficultés à satisfaire nos besoins en préparation opérationnelle, nous avons été contraints de nous adapter en constituant un vivier de personnel qualifié, issu des entités interarmées ou isolées de la base de défense de Bordeaux-Mérignac, capable d’apporter un renfort dans les domaines du tir de combat (ISTC) et du secourisme. Ceci est institutionnalisé par un protocole d’accord sous l’égide du commandement de la base de défense. Il définit une mutualisation des compétences et une contribution des entités à la hauteur de leurs capacités disponibles, offrant un soutien de circonstance au GSBdD BMA pour la conduite de la préparation opérationnelle individuelle et le contrôle de la condition physique des personnels du SCA. Cette entente permet ainsi d’assurer un socle minimum de préparation opérationnelle, tant au bénéfice de nos personnels du SCA mais également au profit des personnels de ces entités isolées ne pouvant conduire en parfaite autonomie leur préparation opérationnelle.

Concernant le secourisme, nous avons obtenu en 2021 du Centre de formation opérationnelle Santé une délégation de mise en œuvre pour la formation aux premiers secours. Cette dernière nous permet de réaliser des formations initiales aux premiers secours civiques de niveau 1 (PSC1) de manière continue. Nous sommes certes dépendant de la cellule secourisme de notre corps d’adossement pour ce type de formation mais sans cette délégation de mise en œuvre, nous ne pouvions fournir une offre de formation adaptée aux besoins.

Par ailleurs, conscient de la nécessité de gagner en autonomie et en efficience, le GSBdD BMA concentre désormais en son sein deux moniteurs Contre-IED[5] et un moniteur TIOR[6], en mesure de réaliser une instruction spécifique en complément de l’instruction générique validant le CIAP. Un partenariat tacite conclu avec le 13e régiment de Dragons Parachutistes de Martignas-sur-Jalles nous offre quant à lui la possibilité d’intégrer de l’armement nouvelle génération (HK 416, GLOCK 17) à nos séquences ISTC. Cet armement est mis à disposition des stagiaires pour la durée du stage POIC afin de les instruire et garantir leur aptitude à remplir leurs missions futures dans l’éventualité où ils en seraient dotés sur les théâtres d’opération.

En résumé, la POIC au sein du GSBdD BMA en 2022 ce sont cinq stages POIC SCA réalisés pour un volume de 93 personnels militaires formés, dont 22% hors SCA. »

[5] Lutte contre les engins explosifs improvisés

[6] Technique d’intervention opérationnelle rapprochée

Si certains GSBdD disposent des capacités nécessaires pour organiser des POIC et former ainsi son personnel, d’autres en sont dépourvus et rencontrent des difficultés dans le domaine de la préparation opérationnelle de leurs militaires. C’est le cas du GSBdD Brest-Lorient. « Le GSBdD de Brest-Lorient est majoritairement composé de personnels de la Marine nationale, avec une culture opérationnelle différente de celle de l’armée de Terre. Nous [BPSAO[7]] rencontrons ainsi des problèmes liés aux formations (tirs, TIOR, C-IED, SC1, etc.) : si tous les prérequis essentiels à une projection en opérations extérieures, en renfort ELoCA ou Sentinelle, font partie de la formation continue du combattant dans l’armée de Terre, la mise à jour de cette formation pour les marins à l’issue de la sortie de l’école des Mousses ou de Maistrance est faite de manière ponctuelle, en fonction des besoins. Elle n’est pas systématique. Nous rencontrons également des problèmes d’infrastructures pour l’organisation des séances de tirs puisque, sur la garnison de Brest-Lorient, nous disposons de trois champs de tirs – deux couverts et un en extérieur – sur lesquels les écoles et les formations de fusiliers marins sont prioritaires, ce qui laisse peu de créneaux disponibles pour les autres entités » (Adjudant-chef Gilles, BPSAO du GSBdD BSL). Pour faire face à ces difficultés, le GSBdD Brest-Lorient s’est tourné vers les POIC SCA : « elles sont devenues des leviers indispensables pour former le personnel et être ainsi en mesure de répondre aux différentes sollicitations de la direction centrale, conformément aux objectifs stratégiques du directeur. »

Grâce à une coopération importante et bien ficelée entre les GSBdD demandeurs et organisateurs, tout le personnel peut acquérir les prérequis indispensables à toute projection, et ce peu importe sa dominante ! « Depuis 2021, nous avons sollicité à deux reprises le GSBdD de Phalsbourg, et une fois celui de Gap. Jusqu’à présent, nous n’avons eu que des retours positifs sur la qualité des instructions dispensées et l’organisation générale des formations. » Un seul bémol pour le BPSAO du GSBdD de Brest-Lorient : la distance. « Nous aimerions que ces formations opérationnelles puissent être organisées dans des zones géographiques plus proches de Brest. » Un souhait qui pourrait bientôt être exaucé puisqu’un rapprochement est en cours avec les GSBdD d’Angers-Le Mans-Saumur et de Rennes-Vannes-Coëtquidan.  

[7] Bureau préparation et soutien aux activités opérationnelles