POLARIS 25 : le commissaire embarqué au cœur de la préparation à la haute intensité
Du 12 mai au 15 juin 2025, la Marine nationale a conduit en Atlantique et en Manche une activité majeure de préparation au combat de haute intensité, baptisée POLARIS 25, mené dans les champs aéromaritime, terrestre et informationnel.
À bord du porte-hélicoptère amphibie (PHA) Tonnerre, le commissaire principal (CRP) Jérémie a exercé la fonction de commissaire embarqué, à la croisée de missions de soutien organique, de participation à la lutte informationnelle et à l’innovation capacitaire, dans un cadre réaliste et multidimensionnel. Retour sur son témoignage.
Concrètement, quelles étaient vos missions ?
En tant que commissaire embarqué, j’ai assuré les missions traditionnelles qui fondent notre action à la mer telles que la gestion des vivres, l’administration du personnel, le soutien juridique au commandement ou le traitement administratif et financier des opérations courantes. Mais dans le cadre de POLARIS 25, ces missions ont été fortement amplifiées par la présence à bord d’un groupement tactique embarqué (GTE), soit plusieurs compagnies interarmes projetées pour l’action amphibie. Cette composante, essentielle à la manœuvre, a porté la capacité d’accueil du Tonnerre à près de 700 personnes, exigeant une organisation logistique adaptée et rigoureuse.
Pourquoi la présence d’un groupement tactique embarqué est-elle un défi logistique ?
L’accueil d’un groupement tactique embarqué représente un enjeu logistique de première importance, notamment en matière de soutien vivres. Dans le milieu contraint d’un bâtiment à la mer, il a fallu anticiper en amont les besoins de stockage des vivres adaptés à un effectif surmultiplié et garantir durant la période à la mer une qualité de restauration optimale. Ce soutien, s’il demeure souvent invisible, est un facteur déterminant de la performance au combat des marins du bord, ainsi que des militaires des différents détachements embarqués.
Parlez-nous de votre rôle en tant que chef de cellule J9.
Au-delà de mes missions organiques, j’ai été chef de la cellule J9, en charge de la manœuvre informationnelle embarquée. Dans ce cadre, j’ai contribué à des opérations de déception visant notamment à faire passer le PHA Tonnerre pour un bâtiment école, sans valeur offensive apparente. En animant un réseau social fictif, j’ai diffusé des contenus orientés – images, récits, mises en scène simulant par exemple une assistance à un navire de pêche – afin de consolider une narration dissuasive. Cette approche, désormais centrale dans les opérations modernes, participe à complexifier la lecture de nos intentions par l’adversaire, tout en élargissant la palette des effets non cinétiques.
Vous avez également piloté la rédaction de conventions avec les industriels de la BITD. Quel était l’objectif ?
Dans le prolongement de cette dimension élargie du rôle du commissaire, j’ai piloté la rédaction de conventions avec des industriels de la Base industrielle et technologique de défense (BITD), dans le but d’expérimenter des tirs de munition téléopérée depuis le bord sur une cible flottante. Cette expérimentation visait à tester la pertinence de capacités de frappe à distance, peu coûteuses, rapidement intégrables dans les bâtiments de la Marine nationale, et compatibles avec les enjeux de projection en zone contestée. Le rôle du commissaire, ici encore, s’est révélé nécessaire pour encadrer juridiquement des expérimentations innovantes en partenariat avec des industriels de la défense.
POLARIS 25
Avec plus de 3 000 militaires français et étrangers déployés, POLARIS 25 est un exercice d’ampleur pour la Marine nationale, tant par la densité des entraînements que par l’ensemble des militaires engagés (des unités jusqu’à l’état-major). Durant cinq semaines, plus de 20 bâtiments de surface et 40 aéronefs ont été engagés en Atlantique et dans la Manche, sans compter la mobilisation de l’armée de Terre et l’armée de l’Air et de l’Espace.
POLARIS 25 s’est structuré autour de deux phases distinctes :
- Une première période d’actions hybrides offensives contre des emprises militaires à Brest et Cherbourg et de défense des bases navales et de leurs approches ;
- Une deuxième phase de combat aéromaritime multi-milieux-champs, dans l’objectif de conduire un débarquement, intégrant le soutien logistique opérationnel ainsi que la protection des navires civils qui se sont trouvés dans la zone de conflit. Durant cette phase, le PHA Tonnerre a assuré des fonctions de projection de force.
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