Interview du Sergent Nicolas du PARISI : « être militaire ou joueur esport, c’est se dépasser pour le collectif »

Direction : DIRISI / Publié le : 21 avril 2025

Pour cette édition 2025 de la Gamer’s Assembly, un évènement annuel dédié au jeu vidéo, l’équipe interarmées du ministère, ARKHE, était présente pour se confronter aux meilleurs : un vrai baptême du feu pour les cinq joueurs de l’équipe, dont le Sergent Nicolas, technicien informatique au Pôle Appui des Réseaux d’Infrastructure et des Systèmes d’Information (PARISI) de Balard et joueur de League Of Legends*.

Le Sergent Nicolas, ou « Grainefus », joueur de l’équipe ARKHE

La Gamer’s Assembly réunit chaque année plusieurs milliers de passionnés à Poitiers autour de la pratique compétitive du jeu vidéo, l’esport**. Certaines des meilleures équipes du monde s’affrontent durant tout le week-end sur différents jeux comme Rainbow Six, Street Fighter, et bien sûr League Of Legends. Pour cette deuxième participation de l’équipe ARKHE à l’évènement, rencontre avec son nouveau « toplaner » le Sergent Nicolas, ou « Grainefus » pour ses coéquipiers.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis le Sergent Nicolas, je travaille au PARISI de Balard en tant que technicien informatique sur systèmes - réseaux depuis 2022. Ce pôle est en charge du soutien aux utilisateurs du ministère des Armées sur le site de Balard et plus largement de la région parisienne. Le PARISI est rattaché à la DIRISI Île-de-France-8ème Régiment des Transmissions, une direction locale de la Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et des Systèmes d’Information (DIRISI).

Concrètement, quelles sont vos missions au PARISI ?

Mon rôle consiste à accompagner le personnel du Ministère dans la résolution de leurs problèmes informatiques du quotidien. Je travaille via un système de ticketing : chaque demande est enregistrée, priorisée, puis traitée selon son urgence et sa nature. Mon travail est très diversifié. J’interviens aussi bien sur des problèmes matériels – comme un écran défectueux, une imprimante qui ne répond plus, ou un poste qui ne démarre pas – que sur des soucis logiciels ou de connectivité. Cela peut aller d’un simple paramétrage à un diagnostic réseau plus poussé.

Ce que j’aime dans mon métier, c’est la variété des situations rencontrées. Chaque jour est différent. Je dois faire preuve d’adaptabilité, de rigueur, mais aussi de pédagogie, car je suis souvent en contact direct avec des utilisateurs qui n’ont pas forcément une formation technique.

Le Sergent Nicolas lors d’un camp d’entrainement esport

Qu’est-ce qui vous a mené à vouloir devenir technicien, et notamment dans un environnement militaire ?

J’ai d’abord voulu travailler dans la santé, en tant qu’infirmier. Venant de Guadeloupe, l’armée a été une opportunité pour moi de changer d’environnement et de découvrir d’autres perspectives, personnelles et professionnelles. Je me suis alors reconverti en tant que technicien informatique lorsque je me suis engagé il y a 3 ans. J’ai fait mes classes à Rochefort avant d’avoir ma première affectation au PARISI.

Je voulais partir, travailler dans un cadre clair et exigeant. J’ai tout ce qu’il me faut aujourd’hui, au sein de la DIRISI et de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

Comment est née votre passion pour le jeu vidéo ?

Comme pour beaucoup, c’est une passion qui est arrivée jeune. Je jouais déjà à des jeux vidéo, comme Call Of Duty, puis des amis ont commencé à me parler de League Of Legends. Au début ça ne m’intéressait pas beaucoup, puis j’ai voulu tenter ma chance pour jouer avec eux. C’est vraiment en découvrant les « parties classées » (ou « ranked » les parties compétitives de League Of Legends, ou les résultats influent sur son classement individuel, à l’image du classement ATP au tennis par exemple - ndlr) que j’ai commencé à beaucoup y jouer. Depuis je n’ai jamais lâché, c’est une vraie passion.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le projet « Arkhe » (l’équipe esport interarmées du ministère - ndlr) ?

Humainement, il y a une forte similitude entre le fait de jouer en équipe, l’aspect collectif et le fait d’être engagé dans les forces. J’apprécie pouvoir travailler sur des choses concrètes, avec un coach qui nous suit, qui nous impose des objectifs. C’est extrêmement enrichissant, l’enjeu personnel devient commun et on a envie de se dépasser.

Comment se passe votre intégration dans l’équipe ?

Elle se passe très bien, je m’entends vraiment bien avec mes coéquipiers, l’ambiance est top. Mon coach m’apporte beaucoup et me pousse à me dépasser et à travailler certains aspects du jeu. Nous avons une relation très constructive, c’est une superbe expérience.

Le Sergent Nicolas en pleine préparation physique

Est-il difficile de gérer son quotidien de militaire, sa vie personnelle et les entrainements ?

C’est un équilibre à trouver. S’entrainer et progresser dans ce jeu, à partir d’un certain niveau, nécessite énormément de temps. Cumuler ça à un travail enrichissant mais exigeant demande beaucoup d’efforts. Être militaire et joueur, c’est assez similaire dans l’approche : il faut se dépasser au service du collectif. Au-delà de cela, j’apprécie énormément de pouvoir « ouvrir la voie », d’être un pionnier à mon échelle, dans un environnement militaire qui, à l’origine, ne laissait pas trop la place pour ce type de passion.

J’espère que d’autres suivront notre exemple, même si cela demande de s’investir beaucoup personnellement et qu’il faut toujours garder en tête que, quoi qu’il arrive, le travail opérationnel et la mission restent la priorité.

Comment fait-on pour progresser dans League Of Legends ?

Déjà, il faut se fixer sur l’un des cinq postes. J’ai choisi « la voie du haut », ou « toplaner » qui est un poste très exigeant, très solitaire aussi, où l’on passe du temps à se battre en duel avec son opposant. Ensuite, il faut tester et se fixer sur des personnages pour les maîtriser. Il existe près de 170 personnages jouables dans le jeu, donc il faut vraiment se concentrer sur 2,3 personnages pour progresser au début.

C’est un jeu très exigeant, qui nécessite des capacités cognitives importantes. Le jeu va vite et il faut réfléchir en permanence, bien comprendre les différentes phases d’une partie pour gagner en réactivité et prendre les bonnes décisions.

Pour finir, est-ce que vous avez un joueur professionnel de League Of Legends préféré ?

Comme beaucoup d’autres joueurs, j’apprécie Faker (joueur coréen de l’équipe T1, seul joueur à avoir gagné 5 fois les championnats du monde - ndlr), qui est de très loin le meilleur joueur de l’histoire du jeu. Mais sinon, à mon poste, j’aime beaucoup le joueur coréen Canna, je suis très content qu’il joue en Europe et pour une équipe française (joueur coréen renommé, ayant participé plusieurs fois aux championnats du monde, et qui joue aujourd’hui en tant que toplaner de l’équipe Karmine Corp).

En route pour de nouveaux défis

________________________________

*Qu’est-ce que League Of Legends ? C’est un jeu vidéo de stratégie, de la catégorie des Multiplayer Online Battle Arena (MOBA). Deux équipes de 5 joueurs s’affrontent dans une arène où l’objectif est de détruire la base adverse. Les parties durent entre 20 minutes et 1 heure et ils existent différentes manières de parvenir à atteindre cet objectif, ce qui offre un aspect stratégique riche.

Les joueurs ont également le choix entre près de 170 personnages jouables et très variés, répartis sur 5 postes différents (Toplaner, Jungler, Midlaner, Botlaner et Support) ayant chacun une importance particulière.

**Qu’est-ce que « l’esport » ? C’est tout simplement la pratique compétitive d’un jeu vidéo, au même titre qu’une pratique sportive traditionnelle. Cette discipline connait un développement très important depuis une quinzaine d’années, notamment en Asie et en Europe, où la France fait d’ailleurs figure de fer de lance avec certains pays du nord comme le Danemark.

Contenus associés