Marine en pointe, des deux côtés du dioptre

Souvent conjugués au futur, les drones navals sont pourtant d’ores et déjà intégrés à la flotte française, des fonds marins jusqu’aux nuées. Outils précieux, ils permettent à la Marine de gagner en précision et en endurance afin de voir et agir toujours plus loin.

Marine en pointe © M Delannoy / MN

Marine en pointe

En 2012, la France devenait la première marine d’Europe à se doter d’un drone aérien pour des missions opérationnelles. Depuis, le drone S-100 a été rejoint par une vingtaine de systèmes de mini-drones aériens embarqués (SMDM), des drones de surfaces et sous-marins avec le programme de système de lutte anti-mines du futur (SLAM-F). En septembre 2024, le Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM) signait un contrat pour l’acquisition du drone de surface DriX pour la maîtrise des fonds marins. 

Un grand rayon d'action

16 kg en tout et pour tout, les SMDM se distinguent par leur endurance de trois heures et leur rayon d’action de 50 km. Déployé depuis les patrouilleurs de haute mer et les patrouilleurs outre-mer, chaque système est composé de deux drones à voilure fixe, opérés pour réaliser des missions de surveillance maritime, de recherche et sauvetage, de protection des forces et d’appui aux opérations amphibies. Complémentaires des radars, ils permettent d’identifier des navires grâce à un récepteur de système d’identification automatique (AIS). Leur caméra permet une transmission des images en temps réel, de jour comme de nuit, via une liaison point à point. Véritable atout, le SMDM accroît l’efficacité des missions de la Marine en couvrant une zone plus étendue et offrant une surveillance plus complète.

Un grand rayon d'action © L. Bernardin / MN

un grand rayon d'action

un grand rayon d'action

Guerre des mines

Vaste chantier de la Marine en matière de dronisation, le programme SLAM-F a l’ambition de remplacer les moyens actuels de guerres des mines (chasseur de mines tripartite et bâtiment remorqueur de sonars). Chaque système est composé d’un drone sous-marin autonome, un drone de surface mettant en œuvre un engin remorqué, équipé d’un sonar haute résolution pour détecter, classifier et localiser des mines et engins explosifs ainsi qu’un robot téléopéré pour les identifier et les détruire. Le programme permet d’augmenter la discrétion des opérations de guerre des mines et limite l’exposition des marins à la menace. Le 16 janvier 2025, le premier drone de surface a débuté sa phase de montée en compétence exploratoire après avoir réussi sa mise en condition de navigation. 

Le SLAM-F © J. Bellemand / MN

Le SLAM-F

Le SLAM-F

6 000 mètres sous les mers

Le dessin des fonds marins est moins connu que les reliefs de la lune, or les enjeux d’une meilleure connaissance de ce milieu sont nombreux : câbles sous-marins, ressources minières, enjeux scientifiques… Depuis plusieurs années, la Marine met l’accent sur une compréhension fine de cette ultime frontière. Les missions Calliope sont l’occasion de s’acculturer aux fonds marins et de familiariser les marins à l’usage des drones sous-marins et robots téléopérés, fournis par des partenaires publics et privés. Le défi de maîtrise des fonds marins (MFM) s’accompagne naturellement d’un développement capacitaire avec l’achat de vecteurs en propre. En septembre 2024, le Shom a commandé à Exail son premier drone de surface, le DriX-H8. Cols bleus est allé à la rencontre de l’entreprise pour en savoir plus sur le petit nouveau qui viendra gonfler les rangs du Shom dès l’été 2025. 

EXAIL

PIERRE-LOUIS ROUDAUT

Directeur commercial France & Afrique du Nord 

Quelles sont les caractéristiques de l’USV DriX-H8 ? 

PIERRE-LOUIS ROUDAUT : Le DriX-H8 est un drone de surface maritime de huit mètres de long. Sa forme très caractéristique lui confère une rusticité nécessaire pour tenir des états de mer élevés (mer 6), tout en conservant une capacité à opérer. Son autonomie lui permet d’effectuer des missions allant jusqu’à dix jours. Conçu à l’origine pour l’acquisition de données d’imagerie sous-marine, le DriX est un vecteur qui peut adapter sa charge utile aux différentes missions qu’on veut lui attribuer. Développé pour des activités civiles à l’origine, il a très tôt suscité un intérêt pour des applications militaires. 

Quel est l’avantage d’un exercice sur le terrain comme Dragoon Fury ? 

P-L. R. : DriX est un produit mature, avec plus de 200 000 heures de fonctionnement sous quasiment toutes les latitudes. L’avantage d’un tel exercice réside dans la prise en main de cet outil par les marins afin d’en concevoir l’intérêt et de dessiner les concepts d’opération de ces nouveaux outils. Le DriX a démontré son intérêt pour mener des missions d’hydrographie militaire (REA) mais aussi de renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR) à l’appui d’une force navale. 

Comment prendre en compte la rapidité de l’évolution technologique pour que le drone ne soit pas obsolète trop rapidement ? 

P-L. R. : Un drone ne peut pas être figé à un instant donné, il doit être capable d’évoluer rapidement, notamment pour l’intégration de nouveaux capteurs. C’est également un prérequis pour se prémunir des vulnérabilités cyber. L’évolution de ce champ de menaces introduit en effet un besoin de mise à jour constant et rapide des logiciels pour pallier ces nouvelles fragilités. Cela oblige à repenser sous cet angle les opérations d’armement. Sur ce point, la dualité civilo-militaire est une aide précieuse pour les entreprises privées. 

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