Conception, conduite et évaluation, dns les coulisses de Polaris 25

L’exercice Catamaran avait pour objectif d’entraîner deux task forces. L’une pour mener des actions amphibies sous la menace de l’autre puissance crédible et disposant de moyens équivalents. Les forces en puissance ont disposé d’une grande liberté de manœuvre. Mais « exercice ouvert » ne signifie pas un exercice peu préparé. Bien au contraire.

Dans les coulisses de Catamaran 25 © T. Golliot / MN

Dans les coulisses de Catamaran 25

Pour le capitaine de corvette (CC) Jean-Baptiste, membre de l’équipe de montage et de direction de l’exercice, Polaris 25 avait commencé depuis plusieurs mois. La définition des objectifs, la conception des vignettes et l’évaluation des ripostes possibles ont été réalisées avant l’exercice. La direction de l’exercice (DIREX), a ainsi cherché à anticiper un maximum de situations mais s’est surtout adapté en conduite. 

« La DIREX ne parlait pas directement aux unités participantes mais jouait, pour les deux forces en présence, le rôle de l’autorité directement supérieure. En cela, Polaris 25 permet un 
plus haut niveau de liberté », explique 
le CC Jean-Baptiste. 

Les grandes lignes du scénario étaient écrites, l’élément déclencheur connu, et le débarquement amphibie sous menace prévu. Entre les deux, la direction de l’exercice a préparé une succession de vignettes répondant chacune à un objectif d’entraînement, réajustant chaque matin le scénario en fonction des actions de la veille et de leurs conséquences. Certaines vignettes s’avèraient plus ardues à placer que d’autres, il a fallu par exemple amener les participants à réaliser une frappe de missiles de croisière sous menace engageant à la fois des Rafale Marine, frégates et sous-marin nucléaire d’attaque.

Les unités militaires n’ont pas été les seules à devoir sortir des sentiers battus. Le scénario d’un tel exercice doit permettre des interactions difficilement intégrables dans des exercices plus sérialisés. Au cours de la phase de combat, un brouillage GPS en frange côtière a pu être réalisé grâce à la coopération des acteurs locaux sans remettre en question le niveau de sécurité. Pour le débarquement amphibie, la task force a choisi le site de débarquement après une évaluation de la situation tactique et de l’environnement, tout en ménageant l’effet de surprise pour la force adverse. Dans un exercice classique, un lieu est choisi plusieurs jours à l’avance et une information de la population par arrêté préfectoral est réalisée. Pour Polaris 25, plusieurs arrêtés préfectoraux ont été émis pour différentes zones de débarquement sur le littoral du Morbihan générant une attente de nombreux habitant qui s’attendaient à assister à des manœuvres militaires d’ampleur sur leur plage favorite. 

Agents de confiance

Pour Polaris 25, la réussite d’une action s’évalue à la fois sur des critères techniques mais aussi sur des critères environnementaux. « Si le stade d’alerte n’est pas adapté à la situation, les conséquences sont plus graves en cas d’attaque, et le retentissement plus important sur la suite », précise le CC Jean- Baptiste. Pour en juger, la direction d’exercice s’appuie sur des agents de confiance présents à bord. Ils sont chargés d’apprécier les réactions de l’unité aux éléments du scénario, et l’action de ses adversaires, de les faire remonter à la direction d’exercice pour que cette dernière la prenne en compte dans la suite du jeu. Si la préparation matérielle n’est pas adaptée par exemple, cela conduit à des dommages, comme la neutralisation d’un système d’armes  pour le reste de l’exercice. Il n’y a pas de réparation « magique ». Une avarie doit être traitée de bout en bout avant que le système soit à nouveau déclaré opérationnel. 

Une MECO pas comme les autres

Polaris 25 a permis à l’équipage B de la frégate multi-missions (FREMM) Bretagne de vivre un stage de mise en condition opérationnelle (MECO) particulier : « Nous avons ajouté à une MECO classique un stage avancé », explique le CC Arnaud, officier chargé du bâtiment pour la division entraînement. 

Ce stage avancé a été conçu avec la direction de l’exercice et insérer dans Polaris. Le jeu libre a amené la Bretagne, référente du domaine lutte sous la mer de la TF 471 (force bleue) à mener plus rapidement des actions de haute intensité. « J’ai donc travaillé directement avec l’agent de confiance inséré à bord, qui m’informait discrètement des événements à venir. » Avec son équipe d’entraîneurs, le CC Arnaud a profité d’une attaque missile pour déclencher un exercice de maîtrise des capacités opérationnelles (MACOPEX) impromptu. Il disposait d’une collection d’enveloppes préparées par le service de soutien de la flotte  ou chacune d’entre elle décrivait l’avarie d’un matériel, nécessitant l’activation de la chaîne de soutien. Enfin, la Bretagne a joué le théâtre de la vignette massiv casualties (MASCAL), activant la chaîne de santé pour prendre en charge de nombreux blessés causés par le combat naval.

Même si toute l’intégralité de l’animation préparée n’a pu être déroulée, les objectifs majeurs de l’exercice ont été atteints, démontrant ainsi l’efficacité de la doctrine d’entraînement Polaris dans le durcissement des forces.

Contenus associés