La Marine à l'épreuve de la haute intensité
Polaris 25 (pour Préparation Opérationnelle en Lutte Aéromaritime, Résilience, Innovation et Supériorité) a réuni, sur la façade Atlantique, quelque 8 000 militaires français et étrangers, 20 bâtiments de surface, 1 sous-marin nucléaire et de nombreux aéronefs.
La préparation opérationnelle des unités et états-majors de la Marine se décompose en trois niveaux.
L'entraînement qualifiant regroupe les actions d'entraînement, individuelles comme collectives, qui aboutissent à la délivrance de la qualification opérationnelle. Elles sont réalisées notamment au cours des stages de mise en condition opérationnelle (MECO) des unités navigantes, des unités de fusiliers marins ou commandos, ou de la qualification en équipage constitué pour l'aéronautique navale.
L'entraînement avancé permet de placer ces unités qualifiées dans des conditions proches de situations rencontrées en opérations, en coopération inter-organique. Il peut s'agir d'exercice de tir avancé incluant des tirs de munitions complexes dans les centres d'essai, ou d'exercices tels que le cours de commandement de sous-marin (COURCO).
Troisième et dernière strate, la préparation opérationnelle à la haute intensité, objet de Polaris 25. À ce niveau, il s'agit dans un contexte géopolitique donné, d'insérer une force navale complète, pouvant inclure des unités provenant de pays alliés, et de mettre cette force navale en situation. Afin que l’entraînement soit aussi réaliste que possible, on s’efforce de mettre sur pied deux forces que le scénario va amener à la confrontation. Pendant Polaris 25 des sites militaires à terre étaient sous menace. En mer, la force navale sous commandement français (CTF 471) était confrontée à la SNMG1 (Standing NATO Maritime Group 1).
Un tel exercice commence par une période de crise. Celle-ci permet de réaliser un large éventail d'actions variées et réalistes permettant de se roder.
Dans la phase de confrontation, les conditions d'exercice permettent aux forces impliquées de concevoir puis de conduire leur manœuvre de la façon la plus réaliste possible et sans scénario prédéfini. Les échelons de commandement tactique sont alors particulièrement mis sous tension.
C'est de cette complexité, de cette richesse et de l’application de ces principes que les exercices Polaris tirent toute leur valeur.
Trois questions au...
Capitaine de vaisseau Ghislain, correspondant surface pour la cellule Polaris au Centre de combat naval
En tant que chef d’orchestre de Polaris 25, comment avez-vous pensé cette préparation au combat de haute intensité ?
Capitaine de vaisseau Ghislain : Ce travail a été mené selon deux axes : d’une part, recueillir les besoins d’entraînement et les bonnes idées de toutes les forces de la Marine ; d’autre part, s’inspirer du retour d’expérience des conflits récents (Ukraine, mer Rouge) pour bâtir le scénario et les modes d’action à reproduire durant l’exercice. Ainsi, Polaris a agrégé six exercices en un et a vu l’implication de l’ensemble des forces de la Marine et des services de soutien. Des objectifs généraux ont été fixés, mais le « comment faire » restait à la main des joueurs. C’est le grand principe de Polaris : laisser aux deux forces la liberté de planifier et de conduire leurs actions.
Lors du déroulement de Polaris 25, quel était votre rôle et aviez-vous des relais pour superviser les exercices ?
CV G. : La direction de l’exercice, qui comptait une trentaine de marins, était basée à Brest. Notre principal rôle était d’animer les deux partis, en simulant un environnement le plus réaliste possible.
Nous étions également chargés d’assurer la sécurité de l’exercice, en permettant l’application de règles particulières visant à augmenter ce réalisme (par exemple en coupant les transpondeurs IFF - identification friend or foe - des aéronefs). Enfin, une cellule était chargée de l’arbitrage et du recueil du retour d’expérience.
Nous pouvions nous appuyer sur un réseau de trusted agents embarqués à bord de chaque bâtiment. Ces trusted agents étaient chargés de nous renseigner sur la perception des joueurs et de contribuer à l’arbitrage en cas d’attaque. Il était ainsi tenu compte de la posture et du stade d’alerte effectif des unités visées pour décider du résultat d’une attaque.
Avec le recul, quels points forts retenez-vous de cet exercice ? Que vous ont appris ces exercices effectués en situation réelle ?
CV G. : Polaris constitue une occasion unique pour s’entraîner au combat naval à grande échelle, c’est-à-dire entre deux forces navales importantes, sur un vaste terrain de jeu, autour d’un scénario complexe. Les enseignements tactiques sont donc nombreux, en particulier dans la conduite des forces navales au combat. Polaris constitue également une excellente opportunité pour accroître la coopération et la connaissance mutuelle entre toutes les forces de la Marine mais aussi avec nos alliés. Le MASCAL (mass casualties) conduit depuis la Bretagne avec l’implication du Dixmude et de la chaîne de soutien à terre jusqu’aux familles a été particulièrement instructif.
CV Ghislain, correspondant surface pour la cellule Polaris au Centre de combat naval
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