La Libération de Strasbourg en 3 figures

En novembre 1944, la Libération de Strasbourg marque un tournant dans l'histoire de l'Alsace et de la France. Derrière cet événement majeur se cachent des destins hors du commun. De nombreuses figures alsaciennes incarnent cet esprit de résistance et de liberté.

La Mission Libération revient sur le parcours de 3 d'entre eux, synonyme de courage et d'engagement, pour les 80 ans de la Libération de Strasbourg.

Jacques KNECHT, Madeleine ELBOGEN et Laure DIEBOLD

"Incorporé de force" : Jacques KNECHT

Archive de la famille Knecht / Domaine Public.

Au début de l’été 1943, à l’âge de 18 ans, le Strasbourgeois Jacques Knecht quitte l’entreprise de bois où il faisait son apprentissage : il est incorporé de force au « Service du Travail du Reich », puis incorporé dans la Wehrmacht.

Envoyé au front pour se battre contre l’Armée rouge, il est bientôt blessé au poumon. La Wehrmacht l’affecte alors à Tournon (Ardèche), où il devient traducteur auprès du commandement militaire allemand.

A ce poste stratégique, il rend de nombreux services à la résistance, puis s’évade en avril 1944 pour rejoindre les FTP, mouvement de résistance lié au Parti communiste français.

Sous le pseudonyme « Jackie », il commande une section de déserteurs de la Wehrmacht.

Le 5 juillet 1944, Jacques Knecht est capturé par l’armée allemande. Condamné à mort pour désertion et espionnage, il est exécuté le 21 février 1945 en Bavière. En octobre 1944, son frère cadet René est porté disparu sous uniforme allemand en Hongrie.

Auteurs : Région Grand Est – Mur des Noms – Jean-Max Morillon & Ilse Hilbold

Juifs et alsaciens : le couple André et Madeleine ELBOGEN

Madeleine ELBOGEN. Photo : DR.

De confession juive, la Mulhousienne Madeleine Klein et le Hongrois André Elbogen se rencontrent à la Faculté des sciences de l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand (1939-1944). C’est là qu’ils se marient en juillet 1943.

Tous deux fréquentent le mouvement de jeunesse Yechouroun, un courant du judaïsme orthodoxe qui défend l’enseignement de la Torah et soutient l’action de la résistance.

Madeleine est arrêtée lors de la rafle de l’université le 25 novembre 1943 à Clermont- Ferrand, puis déportée de Drancy vers Auschwitz-Birkenau, où elle est gazée à son arrivée le 23 janvier 1944.

André est arrêté par la Gestapo le 5 juillet 1944 à la gare de Saint-Etienne, alors qu’il tente de rejoindre un maquis de l’Armée secrète de Haute-Loire avec son beau-frère Henri et son cousin par alliance Samy Klein.

Le 7 juillet 1944, ils sont fusillés sommairement au bord d’une route à L’Etrat (Loire).

Auteur : Région Grand Est – Mur des Noms – Ilse Hilbold

Résistance et passeurs : Laure DIEBOLD

Photo : Musée de l’Ordre de la Libération.

Née à Erstein en 1915, secrétaire sténodactylo, Laure Mutschler participe après l’armistice de 1940 à un réseau de passeurs en Alsace pour les prisonniers évadés.

Repérée, elle gagne Lyon où elle rejoint, en mai 1942, le réseau de renseignement Mithridate avec son fiancé et bientôt mari Eugène Diebold.

Passée dans la clandestinité, elle travaille ensuite sans relâche comme secrétaire de la Délégation générale de Jean Moulin sous les ordres de Daniel Cordier.

Arrêtée par la Gestapo avec son mari en septembre 1943 à Paris, elle est internée successivement à Fresnes, Sarrebruck, Strasbourg, Schirmeck, Mulhouse, Berlin. Déportée à Ravensbrück, elle est transférée dans un Kommando de Buchenwald jusqu’à la libération du camp.

Rentrée en France très affaiblie, elle reprend son poste dans les services spéciaux (DGER) puis devient bibliothécaire à Lyon. Elle meurt en 1965. Elle est une des six femmes nommées compagnon de la Libération.

Auteur : Ordre de la Libération.

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