La libération de Paris
La libération de Paris ne se mesure pas à l’aune de son intérêt stratégique qui est marginal. L’importance, majeure, est politique et symbolique.
Auteur : Sylvie Zaidman, principale auteur, directrice du Musée de la Libération de Paris, Musée Jean Moulin et Musée du général Leclerc.
Denis Peschanski, au nom du conseil scientifique et d’orientation du G.I.P Mission Libération.
Enjeux historiques et mémoriels
- On imagine d’abord l’impact de la libération de la capitale qui a été connue et saluée dans nombre de pays dans le monde et si fortement ressentie jusque dans les prisons et les camps de concentration du Reich. Et politiquement c’est la répartition des pouvoirs et l’après-Libération qui se jouent pour beaucoup à cette occasion.
- Le général De Gaulle continue en fait la bataille pour la légitimité qu’il avait engagée dès le 18 juin 1940. Ce n’était pas chose facile face à Pétain, mais il fallut aussi convaincre les Anglais et surtout les Américains. Ce fut déjà – comme on l’a vu dans la suite du débarquement en Normandie – pour montrer que l’Etat était bien présent, mais qu’il n’était pas à Vichy ; il était porté par la France libre et pouvait s’appuyer sur la résistance intérieure, mais aussi sur le soutien massif de la population.
- La libération de Paris s’imposait donc alors même que la logique militaire, très longtemps portée par Eisenhower et les Alliés, voulait qu’on contournât Paris par le nord pour ne pas perdre de temps, tandis que les troupes américaines et françaises avançaient plus vite encore que prévue par le couloir rhodanien depuis le débarquement de Provence, le 15 août. Eisenhower finit par se laisser convaincre en laissant qui plus est la 2e DB de Leclerc aux avant-postes et en n’envoyant qu’un nombre limité de soldats alliés. On a cependant une nouvelle illustration de collaboration entre les diverses composantes des forces alliées.
- Mais l’affirmation de cette légitimité gaullienne s’imposait aussi face à la résistance intérieure où les communistes étaient si présents, surtout en région parisienne. La normalisation passait par la mise en place et la reconnaissance des institutions. Ce qui s’était construit à Paris, avec le CNR, et à Alger, avec le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) devait se dérouler au fur et à mesure de la libération des territoires, et singulièrement à Paris, nouvelle capitale du nouveau pouvoir. Cela impliquait un accord entre De Gaulle et la résistance intérieure, et singulièrement avec les communistes, l’un d’entre eux, Rol Tanguy, dirigeant les FFI de l’interrégion parisienne. Il y eut des accrocs, de l’épisode de la trêve à la question des milices patriotiques créées par le PCF clandestin, mais, au bout du compte convergence d’intérêts il y eut alors et accord de facto entre les diverses composantes.
- La libération de Paris est depuis la guerre une composante essentielle de la mémoire française de la Seconde Guerre mondiale, pour se limiter ici à la France. La convergence des forces mobilisées entre résistance intérieure, résistance extérieure, troupes américaines resta et reste une constante, même si les aléas de la vie politique ont régulièrement fait ressurgir telle ou telle polémique, ainsi au sujet de la trêve. Mais ceux qui ont vécu dans la France des années 1960, la France gaullienne d’après le retour de 1958, gardent en mémoire ces rendez-vous réguliers à la télévision entre Rol Tanguy et Chaban Delmas qui pouvaient avoir des désaccord mais témoignaient, avant tout, de la convergence des résistances.
Forces en présence
Allemands
Le général Dietrich von Choltitz est le commandant du Gross Paris, depuis sa nomination le 7 août 1944 par Hitler – il n’a pas participé au complot du 20 juillet 1944 et antérieurement, comme à Rotterdam en 1940 et à Sébastopol en 1942, il s’était montré implacable contre les populations civiles. Sa mission est de faire régner l’ordre, même à ce prix. Le repli des forces allemandes de la capitale commence peu après son arrivée. Au 18 août, il dispose probablement de 17.000 soldats (la plupart à la périphérie de Paris, principalement au sud-ouest) et de peu de chars. Ce sont des forces faibles, capables probablement d’écraser l’insurrection parisienne, mais qui ne pourraient que ralentir les alliés à défaut de les battre. C’est l’option défensive qui est de mise : les Allemands quittent la capitale et certaines troupes sont retranchées dans des places fortes comme le central téléphonique des Archives, la Kommandantur à l’Opéra, la caserne de la République, le Majestic (siège du Militärbefehlshaber in Frankreich - MBF), l’hotel Crillon et l’hôtel de la Marine à la Concorde, le Meurice (siège Commandement du Gross Paris), le Continental et le jardin des Tuileries, le ministère des Affaires étrangères, la Chambre des députés, le Sénat, l’Ecole militaire.
Qu’il s’agisse des exécutions de résistants (la Cascade, fort de Romainville, Vincennes) ou de l’organisation encore et toujours de déportations, les Allemands amplifient leur politique de répression.
Les Alliés se rapprochant, le rapport de forces devient totalement défavorable à von Choltitz, sans espoir de renforts. Il essaye de gagner du temps, en acceptant la trêve, mais ses ordres sont de défendre Paris coûte que coûte (message transmis par radio du commandement suprême de la Wehrmacht). En tous cas von Choltitz, dont l’attitude n’est pas claire, n’a pas miné les ponts de Paris.
On a beaucoup glosé autour de cette question. On notera que c’eût été une erreur stratégique, compte tenu de convois d’Allemands en retraite qui devaient traverser la capitale. On imagine aussi que son propre sort en dépendait. Au demeurant, on n’a trouvé aucune trace d’opération de déminage.
Les Alliés
Les Américains ont accepté de longue date de laisser la 2e DB entrer en premier dans Paris. Mais les enjeux militaires font que le SHAEF souhaitait contourner Paris, aller vers la Ruhr pour s’emparer du potentiel industriel allemand et forcer le Reich à se rendre au plus vite. Dans cette optique, les Allemands dans Paris, à l’arrière du front, coupés de tout renfort, ne pourraient que se rendre. Libérer Paris serait risquer de perdre des hommes, de perdre du temps, d’avoir des problèmes logistiques. Pour autant, le SHAEF n’est pas opposé à la Libération de Paris et, dès le 16 août, il n’est plus opposé à l’entrée de De Gaulle dans Paris puisque les Alliés s’apprêtent à reconnaître le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF). La question n’est pas scellée cependant lors de la rencontre Eisenhower-de Gaulle 20 août. C’est le 22 août qu’Eisenhower donne son feu vert, fort de renseignements qui lui parviennent sur la faiblesse des divisions allemandes présentes et sur l’insurrection parisienne en cours. Prendre Paris avec peu de divisions et en limitant les pertes, en ouvrant aussi de la sorte un accès aux ponts sur la Seine, devenait militairement assez aisé, finalement utile et symboliquement très fort. La 2e DB et la 4e division d’infanterie américaine sont engagées, soit à peine 10% des forces alliées.
De Gaulle
De Gaulle vise un enjeu politique majeur : la constitution de la 2e DB a été imaginée pour disposer d’une force française en capacité de libérer Paris et d’y assurer l’arrivée du Général en tant que chef du gouvernement provisoire. Ce serait le moment de consécration. Se priver d’une libération de Paris, c’est se priver d’un symbole politique essentiel et peut-être laisser la ville livrée au chaos. C’est aussi laisser davantage la main aux communistes qui, avec Rol Tanguy, ont la direction des FFI. En prévision de la libération de la ville, De Gaulle nomme des hommes de confiance aux postes-clé : Charles Luizet comme préfet de police, Marcel Flouret comme préfet de la Seine, Alexandre Parodi comme ministre en charge de préparer l’arrivée de De Gaulle. Quant à Leclerc il devient gouverneur militaire de Paris. Pour maintenir l’ordre, il déploie la force civile (délégué général, préfets) et militaire : il garde la 2e DB à ses côtés le 26 août et demande à Eisenhower de faire parader deux divisions américaines le 29 août sur les Champs Elysées.
La Résistance intérieure
Malgré le rôle qu’elle joue dans l’insurrection parisienne, la résistance intérieure doit céder le pas aux autorités mises en place par De Gaulle. Tel est le cas, déjà du Conseil National de la Résistance qui, réuni la première fois sous la présidence de Jean Moulin le 27 mai 1943, avait marqué une étape décisive dans l’unification de la Résistance, ou tout au moins la coordination de ses composantes. Bidault en devint le président et, en mars 1944, ses composantes s’entendent même sur un programme qui renforce encore sa légitimité et s’inscrit dans la perspective de l’après Libération. Son rôle est aussi très important pendant l’insurrection parisienne et s’accordent avec le GPRF pour décider d’une trêve par ordre du 20 août 1944 jusqu’à l’évacuation promise de la capitale par les Allemands. Mais le GPRF et les hommes placés par De Gaulle ont pris la main.
La situation se pose dans des termes comparables pour les communistes, eux qui se sont opposés à la trêve qui, au demeurant, fut provisoire. Ils savent qu’ils n’ont pas les forces militaires pour libérer Paris à eux seuls, mais ils souhaitent prendre la tête d’une insurrection populaire qui ouvrirait les portes de la capitale aux Alliés entrant, ainsi, dans une ville libérée. Au final, là encore, la victoire leur échappe. Pour autant, ils sortent très renforcés des années d’occupation, d’autant plus à Paris où ils ont mené la guérilla urbaine. Cela se retrouvera dans les résultats des premières élections libres de 1945.
D’autant que, si Rol Tanguy dirige les Forces françaises de l’Intérieur (FFI) en Île-de-France, les communistes ne les contrôlent pas complètement. Le commandement est un enjeu entre de Gaulle et le CNR. En France, la Résistance crée le COMIDAC (commission d’action) en février 1944, devenue le COMAC (comité d’action militaire du CNR) en mai 1944 pour diriger et commander les FFI. De Gaulle réagit à la création du COMIDAC par une ordonnance du 10 mars 1944 limitant ses pouvoirs. L’état-major FFI est confié au général Koenig qui doit diriger depuis Londres. En France, le COMAC est dirigé par les « 3 V » (Villon (communiste) – Pierre Villon, Valrimont (communiste) – Maurice Kriegel-Varlimont, Vaillant – Jean de Voguë) et s’oppose à l’état-major FFI de Londres. Dans les faits, les chefs de groupes des FFI sur le terrain s’adapteront aux circonstances locales et aux nécessités du moment. Paris est dans une situation à part en raison de l’enjeu politique majeur que représente la capitale, la présence de tous les dirigeants de la Résistance et des envoyés nationaux de De Gaulle. En région parisienne, les combattants FFI sont environ 30.000 (outre les 21 000 de la police), mais ils sont très mal équipés. Ils sont pourtant au cœur de l’insurrection et harcèle des troupes allemandes entre le 19 et le 24 août. Dès le 28, pour éviter tout débordement, de Gaulle annonce que les FFI seront incorporés à l’armée régulière.
Chronologie
14 juillet : pour la première fois, la police n’intervient pas alors que des Parisiennes et des Parisiens se promènent en arborant ostensiblement les trois couleurs. Il faut dire que le débarquement a eu lieu depuis plus d’un mois et que l’évolution de la situation ne fait guère de doute- c’est une question de temps.
31 juillet : départ du dernier convoi massif de Juifs (1300) depuis Drancy.
Août 1944
A partir du 10 août, des grèves ont lieu dans de nombreux secteurs : cheminots, postiers, police (le 13), métro…
- 11 août : Laval réunit les maires de la région parisienne
- 15 août : départ du dernier grand convoi de déportés politiques de la gare de Pantin (650 femmes, 1650 hommes)
- 16 août : des FFI de l’est parisien tombent dans un piège et sont massacrés par les Allemands dans la nuit. Une quarantaine de corps sont retrouvés le lendemain avenue Foch et à la Cascade du bois de Boulogne.
- 17 août : dernier départ de Drancy, cinquante otages. Nordling, consul général de Su§de, tente d’obtenir de von Choltitz la libération de prisonniers français. Laval tient un dernier conseil des ministres à l’hôtel Matignon et demande aux deux préfets (préfet de police et préfet de la Seine) d’assurer l’ordre et le ravitaillement et de représenter le gouvernement auprès des Alliés ; ils seront immédiatement remplacés. Chaban, délégué militaire national, confirme à Parodi, délégué général, les ordres de Koenig d’éviter une insurrection prématurée et d’attendre les Alliés. Cependant, les premières mairies sont occupées par la résistance en banlieue (Les Lilas).
- 18 août : le camp de Drancy est libéré (1400 internés). Le colonel Rol envoie un émissaire auprès des Alliés mais qui est tué avant d’avoir pu les rejoindre. Dans la nuit du 18 au 19 l’ordre de mobilisation générale est placardé dans Paris.
- 19 août : occupation de la Préfecture de police par plusieurs milliers de policiers : le drapeau tricolore flotte sur son toit. La police représente à l’époque 21.000 agents, la plupart armés. Le préfet de police nommé par le GPRF est Charles Luizet. Les FFI prennent le contrôle de plusieurs bâtiments publics- parfois rapidement chassés par les Allemands auquel von Choltitz ordonne la fermeté. L’insurrection est en débat : parmi les représentants du général, Parodi est pour, Chaban est contre ; ce n’est donc pas une simple opposition entre communistes et gaullistes. Un ordre général signé par le COMAC et Rol enjoint d’occuper les bâtiments publics et d’ouvrir la route aux Alliés. Une trêve pour ramasser les blessés est proposée par l’entremise du Nordling, le consul général de Suède à Paris.
- 20 août : occupation de l’hôtel de ville, Marcel Flouret nouveau préfet de la Seine s’y installe ainsi que le CNR. Des membres du CNR, contre l’avis des communistes, acceptent de prolonger la trêve, annoncée par voitures à haut-parleurs dans Paris, une trêve qui n’est pas vraiment respectée. Parodi et ses adjoints sont arrêtés, conduits à von Choltitz qui les libère. L’état-major des FFI de la région parisienne, avec Rol, s’installe dans le sous-sol du pavillon de la place Denfert-Rochereau.
- 21 août : La presse libre parait au grand jour. L’insurrection est en cours ; plus de 650 barricades sont érigées dans les rues ; la radio est aux mains de la Résistance. Le 21 août au soir, excédé par l’attente, Leclerc envoie de Guillebon et un détachement léger vers Versailles – signe d’insubordination vis-à-vis du général Gerow, furieux, mais décision que de Gaulle approuve. On découvre 11 corps massacrés au fort de Romainville. Le bureau du CNR, en présence de Parodi et Chaban, prolonge la trêve jusqu’au lendemain 16h. Les FFI lancent pourtant un appel aux barricades.
- 22 août : Dès le matin, Parodi accepte de mettre fin à la trêve. Yvon Morandat prend possession de l’hôtel Matignon au nom du gouvernement provisoire. Von Choltitz reçoit l’ordre de défendre Paris coûte que coûte. Roger Cocteau, envoyé par Rol dont il est le chef d’Etat-Major, arrive chez Patton le 22 à 2h du matin, et rencontre Leclerc à 11h. Leclerc est informé en fin de journée le 22 août de la décision d’Eisenhower de l’envoyer à Paris. Il change les ordres prévus pour le lendemain. La 2e DB est à 200 km de Paris (15.000 hommes, 4000 véhicules).
- 23 août : Des tirs du poste de police du Grand Palais sur une colonne allemande déclenchent une riposte qui incendie le Grand Palais. Combats et escarmouches violentes se multiplient dans Paris. La 2e DB se met en marche le 23 à 6 heures du matin. L’avant-garde (Leclerc) parvient à Rambouillet à 13h, et la 2e DB est très rapide. Leclerc rédige son ordre du jour à 18h : « Mission : 1) s’emparer de Paris 2) tenir Paris » en fixant comme objectif au GTV Billotte de passer par Arpajon et Sceaux, traverser Paris et tenir les ponts de la Marne ; au GTL Langlade : Toussus-le-Noble-Pont de Sèvres, puis place de la Concorde ; au GTD Dio : progresser derrière le GTV, nettoyer Paris et pousser vers Pantin. Mais ce plan va se heurter aux défenses allemandes non envisagées au sud-ouest et au sud. La radio de Londres annonce la Libération de Paris, les cloches de Saint Paul et Westminster sonnent ; mais avec 2 jours d’avance.
- 24 août : les FFI tiennent la rue sur la rive gauche, les Allemands sont positionnés dans leurs points de défense, combats réussis des FFI et contre-attaques meurtrières des Allemands se succèdent. Pour soutenir la Résistance, un message est largué au nom de Leclerc près de la préfecture de police « Tenez bon, nous arrivons » par un petit piper-cub dont l’équipage risque sa vie pour rassurer la Préfecture de police. La 2e DB est bloquée en banlieue. Les Américains trouvent que la 2e DB ne va pas assez vite et le général Leonard T. Gerow, à la tête du Ve corps d’armée, autorise la 4e DI US à entrer dans Paris avant la 2e DB. Leclerc décide alors de damer le pion aux Américains en envoyant une colonne : à 19h30 il demande à Dronne d’entrer dans Paris. Le capitaine forme une colonne composée de :
- 41 hommes de la 2e section de la 3e compagnie du 13e Régiment du Génie, commandée par l’adjudant-chef Gérard Cancel ;
- 15 hommes de la 1re section de la 2e compagnie du 501 RCC (Régiment de Chars de Combat), commandée par le lieutenant Michard, sur 3 chars ;
- 116 hommes des 2e et 3e sections de la 9e compagnie du 3e bataillon du régiment de marche du Tchad (dont nombre de républicains Espagnols, d’où le nom donné à cette compagnie, « La Nueve », régulièrement à l’honneur depuis plusieurs années).
Ils arrivent à l’Hôtel de Ville à 21h22 (le premier à y entrer est Amado Granell, ex capitaine de l’armée républicaine espagnole). A 22h15 les cloches des églises parisiennes sonnent.
- 25 août : au petit matin, le 12th Infantry Regiment et le 102e groupe de cavalerie entrent par la porte d’Italie. Le 102e est à midi devant Notre-Dame, la 4e DI traverse par la porte d’Italie, gare d’Austerlitz, gare de Lyon, puis se dirige vers le bois de Vincennes. Pour la 2e DB, le GTV (Billotte) entre par la porte de Gentilly, rue Saint-Jacques, le Luxembourg, le Louvre, l’Hôtel de Ville. Le scout-car de Leclerc et le GTD (Dio) entrent par la porte d’Orléans, un sous-groupement passe par les boulevards extérieurs vers le Champs de Mars et l’Ecole militaire, un sous-groupement vers Montparnasse, les Invalides et le Palais Bourbon. Le GTL (Langlade) entre par la porte de Saint-Cloud, un sous-groupement via avenue Mozart vers l’Arc de triomphe et le Majestic, un sous-groupement descend les Champs-Elysées vers la Concorde. Des combats sont signalés au central téléphonique des archives, au Palais Bourbon et au ministère des Affaires étrangères, au Sénat, à la caserne de la République, à l’Hôtel Meurice, à la Kommandantur de l’Opéra…
Leclerc installe son PC à la gare Montparnasse à 9h30. Capturé vers 15h, Von Choltitz est amené à la préfecture de police dans la salle de billard pour signer la capitulation (convention classique de reddition militaire, où von Choltitz se rend aux Français et non aux Alliés), puis il est transféré à la gare Montparnasse où il signe des ordres de reddition à destination des places encore défendues par les Allemands. C’est là que Leclerc accepte que Rol signe l’exemplaire français de la convention de capitulation.
Le parcours de De Gaulle dit tout de ses objectifs. Arrivé par la porte d’Orléans dans l’après-midi, il se rend directement à la gare Montparnasse vers 16h. S’il reproche à Leclerc d’avoir laissé Rol apposer sa signature, cela ne fait rapidement plus débat. De Gaulle se rend ensuite au ministère de la Guerre rue Saint-Dominique, là où se trouvait son bureau avant-guerre de sous-secrétaire d’Etat. Il passe à la préfecture de police avant de se rendre à l’Hôtel de Ville, accueilli par le CPL et le CNR à 19h15. Il prononce son fameux discours sur Paris libéré, mais refuse de « proclamer » la République. Le motif était simple et clair et marquerait pour des décennies la mémoire française de la Seconde Guerre mondiale : c’est lui qui, à Londres, avait pris le relai du pouvoir défait et, donc, la République n’avait pas été abolie.
En soirée, au nord de Paris, de la Villette au Bourget, la situation militaire est loin d’être stabilisée en raison de forces allemandes offensives qui ne sont pas sous le commandement de von Choltitz.
- 26 août : les combats continuent en banlieue mais une partie de la 2e DB reste à Paris pour sécuriser la descente des Champs-Élysées par De Gaulle. L’information est diffusée par la presse et la radio. A 15h De Gaulle s’incline sur la tombe du soldat inconnu, passe en revue les troupes de la 2e DB et, à 15h20, le cortège s’ébranle : le général est accompagné des membres du CNR, des membres du CPL (Comité Parisien de Libération), des généraux, des préfets Luizet et Flouret. Mais, surtout, deux millions de spectateurs sont en liesse, sur les trottoirs, les monuments, les toits, malgré des fusillades qui éclatent notamment rue de Rivoli, à l’Hôtel de Ville et à Notre-Dame. C’est en voiture qu’il va de la Concorde au perron de l’hôtel de ville, puis à Notre-Dame pour un Te Deum, devenu Magnificat faute d’orgue, tandis qu’une fusillade est déclenchée dans l’église même.
- 27 août : visite du général Eisenhower à Paris, acclamé par la population. Les Américains promettent du ravitaillement pour Paris. Les combats se déroulent à présent au nord-est de Paris (Le Bourget).
- 28 août : De Gaulle reçoit les chefs des FFI et des membres du CNR pour leur annoncer que les FFI seront incorporées dans l’armée régulière. La normalisation continue son cours.
- 29 août : défilé d’une division américaine sur les Champs Elysées dans Paris (28e DI), démonstration de force et de soutien au maintien de l’ordre.
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