Lauréats depuis 1995 du prix littéraire de l'armée de Terre - Erwan Bergot
Lauréats depuis 1995 du prix littéraire de l'armée de Terre - Erwan Bergot
La Résistance, la Gestapo, le camp de Buchenwald, la Légion Etrangère, l'Indochine, Suez, le putsch d'Alger, la condamnation à dix ans de réclusion criminelle, la prison de Tulle... ont jalonné la vie de cette exceptionnelle figure militaire. Il jette sur lui même et sur les hommes aux prises avec les situations d'exception et les épreuves qui ont été son lot pendant vingt-cinq ans, un regard vrai, mais d'une grande humilité.
Depuis 1991, près de cinquante mille militaires français ont servi dans les Balkans, soldats d'une paix improbable au coeur du premier et du plus terrible conflit dans l'Europe de l'après-1945. A Frédéric Pons qui les a rencontrés, ils ont tout raconté, le meilleur et le pire. La vie et les missions dans Sarajevo assiégée, sous la menace permanente des snipers et des bombardements - l'incroyable épopée des convois humanitaires sur des routes impossibles et les embuscades meurtrières face à des milices déchaînées; les raids aériens les plus audacieux montés par les pilotes de l'armée de l'air et de l'aéronavale; la tristesse et l'impuissance devant la mort de camarades assassinés par des tireurs sans visage; la honte enfin, l'humiliation de devenir otages, enchaînés à des poteaux, transformés en cibles vivantes. Près de cinq cents soldats ont été blessés ou tués. Frappés sans pouvoir combattre. Pourtant, ils ont été et vont encore jusqu'au bout d'eux-mêmes, tous ces jeunes soldats, étrangement mûris par cette guerre sans nom, par tous les coups reçus, par la déception et par les regrets. Ce livre explique leur engagement, dévoile leurs succès et leurs échecs sanglants. Il raconte aussi l'angoisse de leurs familles et de leurs amis restés en France, qui auront vécu ces heures avec une intensité et une émotion jamais vues jusque-là. Il révèle enfin ce qui restera, pour l'armée française, une terrible blessure. En pleine actualité, un document exceptionnel sur un des grands drames d'aujourd'hui. Frédéric Pons est journaliste et grand reporter, rédacteur en chef à Valeurs actuelles et au Spectacle du monde; il est également correspondant de guerre et chargé de cours au Collège interarmées de défense. Il fut lui même officier casque bleu.
Pierre Brossolette (1903-1944), dont le nom s'inscrit sur les plaques de tant de rues, domine, avec Jean Moulin, l'histoire de la Résistance. On ne retient pourtant de cet homme exceptionnel que son geste de militant torturé, se donnant volontairement la mort pour échapper aux bourreaux de la Gestapo.
Pour la première fois, ce livre raconte le parcours de ce brillant journaliste, viscéralement républicain, patriote authentique, profondément laïc, gaulliste convaincu, qui personnifie la lutte pour la liberté jusqu'au sacrifice suprême. Entré dans la Résistance dès le début de 1941, il rejoint Londres en 1942 et devient très vite le conseiller politique écouté du général de Gaulle. De concert avec le colonel Passy, il mène en 1943 la fameuse mission Arquebuse-Brumaire dont le bilan est impressionnant. Il repart aussitôt en France pour y consolider la Résistance intérieure et finit par tomber aux mains des Allemands...
A l'heure où les projecteurs de l'actualité remettent en perspective les ombres de Vichy et les bassesses de la collaboration et donc, par contraste, les lumières de la Résistance, il n'est que justice de lever le voile sur les missions les plus périlleuses accomplies par Pierre Brossolette, sur le destin exceptionnel du plus gaulliste des socialistes, de ce héros qui restera dans notre histoire comme un pur symbole.
Guy Perrier est entré dans la Résistance à l'âge de quinze ans, en décembre 1940. Après la guerre, il suit une brillante carrière militaire, puis exerce d'importantes fonctions au sein de groupes industriels, notamment Peugeot. Commandeur de la Légion d'honneur, Médaille de la Résistance, il est actuellement conseiller industriel.
1985. Famine en Éthiopie. De nombreux "humanitaires" sont envoyés pour porter secours aux populations ; un petit groupe d'entre eux décide de passer par l'Érythrée et débarque à Asmara. Cette ancienne capitale coloniale italienne, intacte et nostalgique, isolée par la guerre qui ravage les hauts plateaux arides environnants, fourmille d'intrigues de toutes sortes. Dans ce cadre baroque et somptueux, de vieux Italiens, ensablés là depuis les années fascistes, se mêlent aux figures indigènes les plus étonnantes. Hilarion Grigorian, le narrateur, est l'une d'entre elles. Arménien d'Afrique, né avec le siècle, il observe la rencontre improbable de cette jeunesse d'Europe avec un pays où la beauté des femmes, la force des paysages, le mystère des magiciens brisent toutes les certitudes. Grâce à lui nous est restituée avec un humour tendre et cruel l'aventure de cette mission, avec ses obstacles, ses victoires, jusqu'au piège final qui lui est tendu.Orphelins des idéologies et des grandes causes à défendre, les humanitaires sont pour la première fois mis en scène de l'intérieur sans les clichés qui encombrent leur légende. Ils nous révèlent leurs destins individuels, leurs amours, leurs faiblesses et les dilemmes profonds de leur action.
François Bizot, membre de l'École française d'Extrême-Orient, est fait prisonnier au Cambodge par les Khmers rouges, en 1971. Enchaîné, il passe trois mois dans un camp de maquisards. Chaque jour, il est interrogé par l'un des plus grands bourreaux du vingtième siècle, futur responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, aujourd'hui jugé pour crimes contre l'humanité : Douch. Au moment de la chute de Phnom Penh, en 1975, François Bizot est désigné par les Khmers rouges comme l'interprète du Comité de sécurité militaire de la ville chargé des étrangers auprès des autorités françaises. Il est le témoin privilégié d'une des grandes tragédies dont certains intellectuels français ont été les complices. Pour la première fois, François Bizot raconte sa détention. Grâce à une écriture splendide et à un retour tragique sur son passé, l'auteur nous fait pénétrer au coeur du pays khmer, tout en nous dévoilant les terribles contradictions qui - dans les forêts du Cambodge comme ailleurs - habitent l'homme depuis toujours.
La seule biographie de référence d'un héros, symbole de la France libre.
Quand on a le panache d'un chevalier, comment accepte-t-on le risque d'un destin obscur et sans gloire, d'une vie errante, entre faux papiers, espionnage et conspiration ?
Quand, depuis la première heure de la défaite de 1940, on éprouve l'occupation nazie comme une oppression, comme un scandale pour lequel on est prêt à affronter la prison, la torture et la mort, par quel mystère surmonte-t-on son ardeur patriotique jusqu'à se choisir pour ultime confident un aumônier allemand ?
Eclaircir ces paradoxes qui ont nourri la légende d'Honoré d'Estienne d'Orves, telle est la belle ambition d'Etienne de Montety. Grâce à de nombreuses sources familiales, il brosse le portrait d'un enfant né avec le siècle en 1901, aussi doué pour les études scientifiques que curieux de découvrir le monde après sa sortie de Polytechnique, mais hanté, déjà, par le traumatisme d'une guerre, celle de 14-18, qui façonne le patriotisme d'un adolescent de bonne famille.
Ce mélange détonant permet de comprendre, grâce également à des archives militaires inédites, l'attitude du marin pris dans la nasse d' Alexandrie à l'été 1940 par l'amirauté britannique. Le lieutenant de vaisseau d'Estienne d'Orves gagne Londres en septembre et se rallie au général de Gaulle. S'ouvrent alors trois mois d'une carrière météorique où il devient chef du 2e bureau de la France Libre, puis responsable d'un réseau d'espionnage avant d'être arrêté, en janvier 1941, sur dénonciation.
Et, tandis que Vichy s'agite pour le faire libérer, que les Allemands hésitent avant de l'exécuter le 29 août 1941, c'est en prison que d'Estienne d'Orves révèle, dans la foi et la méditation, l'ultime facette de sa personnalité et qu'il devient, pour la mémoire nationale, le héros " qui croyait au ciel ".
Des paysages âpres et grandioses, battus par la neige et le vent, au cœur desquels règne un cèdre légendaire... Plusieurs fois centenaire, cet " Arbre de Proie " est le témoin de la fureur et de la grandeur des hommes : nous sommes dans les Aurès, pendant la guerre d'Algérie. Les légionnaires du 2e REP affrontent une bande rebelle, en une lutte à armes égales, d'homme à homme. Les uns ont pour eux la science du combat, les automatismes acquis par une longue expérience de la guerre, la solidarité née d'un esprit de corps proverbial. Les autres leur opposent une connaissance ancestrale du terrain, une rudesse de montagnards qui leur permet de résister à la violence des éléments, et un courage égal à celui de leurs adversaires. C'est le flair du chasseur contre l'instinct du braconnier ! Dans cette fresque somptueuse, il n'y a ni bons ni méchants. Et, peut-être, ni vainqueurs ni vaincus... jamais la guerre d'Algérie n'avait été dépeinte avec une telle justesse, une telle honnêteté, une telle dignité. Jean-Marie Selosse ne porte aucun jugement sur les raisons qui poussent légionnaires et rebelles à s'entre-tuer. Retrouvant l'esprit des anciens romans de chevalerie, c'est avec un admirable souffle épique qu'il nous fait découvrir les secrets des âmes et des cœurs, à travers une extraordinaire galerie de personnages d'où émergent les figures à la fois héroïques et émouvantes du lieutenant Saint-Prat et du " fell " Belqacem, que le destin réunira au pied de l' " Arbre de Proie ". Ecrit en 1982, ce roman plus réel que beaucoup de récits historiques a attendu son heure pendant plus de vingt ans dans les cartons de son auteur, capitaine de la Légion étrangère en Algérie au moment des combats qu'il évoque.
Le battement de l'aile d'un papillon au pays du Matin calme provoquant un ouragan à l'autre bout du monde ; un spermatozoïde dans les entrailles d'une femme créant un cataclysme historique, ou la rupture d'une « manille à cinquante balles » provoquant des catastrophes en chaîne : au coeur de ce roman, le jeu du hasard et de la nécessité, ou les facéties du destin. Le destin de trois hommes naufragés. - Roscanvel, jeune ingénieur brillant et marin d'exception, rescapé du naufrage d'une course en solitaire en étant hissé à bord d'un cargo poubelle où il voit pourrir sur des galetas tout le lumpenproletariat du monde, s'emparant des commandes du raffiot au beau milieu d'un typhon et se retrouvant condamné pour mutinerie et pour meurtre... - Le narrateur, « nègre aquatique », auquel son filleul Rocanvel raconte son histoire pour qu'il la consigne dans un livre. Ancien légionnaire qui a connu les guerres coloniales, les destins d'exception, les morales d'airain, et qui tangue aujourd'hui de bouteille en bouteille, retiré dans un petit port breton rythmé par les tempêtes qui menacent les chalutiers, le suicide par pendaison du coiffeur pour dames et la chronique locale des trois bistrots de la criée : « La Misaine », « Chez Jenny », « Au Cap Horn ». - Joakim Proffiefke, capitaine de l'Eleveen, le cargo poubelle, qui porte le nom d'un père disparu dans les glaces du Front de l'Est en 43 alors qu'il a été conçu par l'un des violeurs anonymes de sa mère, femme à soldats de l'Armée rouge. Fascinant Profieffke, personnage monstrueux digne de l'Enfer de Dante, animal vautré dans sa souille et racheté par sa fin. Oscillant entre lyrisme noir et ironie désabusée, cette histoire simple a des résonances métaphysiques (miséricorde, pardon, charité) et des accents sublimes (omniprésence d'une poésie de la mer sous le signe tutélaire du Moby Dick de Melville). Elle est aussi une réflexion sur l'écriture : l'existence d'un homme appartient-elle à celui qui l'a vécue ou à celui qui l'écrit ? Existe-t-elle tant qu'elle n'a pas été consignée ? Mais ne cesse-t-elle pas d'être véridique dès lors qu'elle l'est ?
« Lendemains de guerre n’est pas une nouvelle analyse géopolitique de la situation « post-onze septembre » en Afghanistan et en Irak. Ce n’est pas non plus un pamphlet anti-américain. Ce livre est un long « grand reportage » dans le style qui n’a cessé d’être le mien depuis que je me suis intéressée au journalisme. J’ai interrogé des centaines de gens qui vivent sur place, aiment leur terre, tâchent de continuer à y vivre malgré le chaos régnant depuis les interventions militaires. J’ai vécu parmi eux, me suis habillée comme eux, ai partagé leur logis et leurs repas.
J’ai avant tout voulu donner la parole à celles et à ceux qui ne l’ont jamais. » A. Nivat
Anne Nivat aborde dans Lendemains de guerre la réalité de deux pays qui font la une de l’actualité depuis de longs mois, mais pour nous en donner une tout autre vision. Elle nous fait entendre des voix de femmes et d’hommes qui, en lui ouvrant leur maison, ont pu lui livrer ouvertement leur propre analyse de la situation. Elle nous révèle ainsi toute la densité humaine de ce conflit.
À l'aube du 2 décembre 1805, autour du minuscule village d'Austerlitz, trois empereurs s'observent. Quelques heures à peine pour décider du destin de l'Europe. Celui des trois qui l'emportera aura gagné devant l'Histoire la plus extraordinaire bataille des temps modernes. Napoléon est un piètre joueur d'échecs, mais quand il s'agit de couvrir avec ses fantassins et ses cavaliers ce minuscule échiquier qu'est la province tchèque de Moravie, d'y acculer ses ennemis, de les tromper pour les inciter à attaquer les premiers, tout son génie se déploie. Avec sa « Grande Armée » de moins de 100 000 hommes, Napoléon va détruire, en un jour et en un lieu, les deux plus puissantes armées européennes.
Désormais au rang des grands conquérants, à côté d'Alexandre et de César, il n'est plus seulement l'héritier de la Révolution, mais il a reçu le soleil d'Austerlitz comme un vrai sacre de l'Histoire. Deux siècles plus tard, les écoles militaires du monde entier, de Hambourg à Sandhurst ou à Princeton, enseignent encore la stratégie de cette bataille. Seul Pierre Miquel, narrateur épique doué d'une fascinante érudition et d'une insatiable curiosité pour les détails de l'Histoire, pouvait nous entraîner avec tant de talent et de passion jusqu'au coeur des combats.
« Notre monde à nous, c'était le chemin d'eau. Un grand silence nous entourait. Nos canots se frayaient leur route à travers un no man's land de deux cents années, soit le temps qui nous séparait des découvreurs et des pionniers de l'ancienne Amérique française. » Jean Raspail
1949. Jean Raspail a vingt-trois ans et un rêve : descendre en canot du Saint-Laurent à La Nouvelle-Orléans sur les traces des premiers explorateurs français. Sept mois durant, avec trois compagnons, il va affronter intempéries, accidents et naufrages, tenant chaque soir son journal de bord. Miraculeusement retrouvées, ces notes sont aujourd'hui l'occasion pour lui de revivre ce singulier voyage et de nous faire partager un extraordinaire récit où l'on croise Champlain, Le Moyne d'Iberville, le père Marquette, Cavelier de la Salle, mais aussi les officiers du Roi, les garnisons des forts... Hymne à la France américaine, ce « voyage d'apprentissage » est aussi une fabuleuse aventure humaine.
Une histoire romanesque d'un homme à la recherche de son père sur fond de civilisation vietnamienne.
Fils d'un légionnaire français et de sa compagne annamite, Claude Mader profite d'une mission scientifique au Vietnam pour tenter de retrouver les traces de son père disparu en Indochine en 1951. Parti établir une carte de l'ancien empire champa du temps de sa splendeur, il est pris avec passion par ce double mystère : celui de la disparition hier d'un empire ; celui, aujourd'hui, de la disparition d'un homme. Et la piste est la même ! De réseau en réseau, de personnages surprenants en personnages étonnants, des bas-fonds de Saigon aux jungles des hauts plateaux vietnamiens, cette quête entraîne le lecteur dans un voyage extraordinaire sur fond inconnu de trafic d'animaux sauvages.
Qui gagnera, le souvenir ou l'oubli ?
Tout l'art de conteur de Jean François Deniau pour une histoire superbe.
Occultée par le désastre de Diên Biên Phú, la guerre d'Indochine est une guerre oubliée. Par la force de son récit, Dominique de La Motte nous la renvoie au visage. De février 1951 à juin 1952, le lieutenant Dominique de La Motte prend la direction du commando 12, une unité de supplétifs hébergée dans une plantation d'hévéas en Cochinchine, non loin de la frontière cambodgienne. Sa mission : créer une zone interdite au Viêt-minh. Son quotidien : la guerre des postes, faite de patrouilles incessantes, d'embuscades, de contrôle des populations, de chasse aux renseignements, de prises de butin... Portant un regard singulier et intime sur les événements auxquels il a participé, Dominique de La Motte nous livre un témoignage intemporel sur la liberté et la guerre. Ancien élève de l'école militaire spéciale de Saint-Cyr (promotion 1945-1947), le général de corps d'armée Dominique Gourlez de La Motte effectue deux séjours en Indochine de 1949 à 1955 et sert en Algérie de 1959 à 1962. Admis à l'école supérieure de guerre en 1964, il a notamment commandé le 12e régiment de cuirassiers (1968-1970), la 16e brigade mécanisée (1975-1977), l'école de l'arme blindée et cavalerie de Saumur (1979-1981) et la IVe région militaire (1982-1985).
Le 11 juin 1940, un écrivain et sa femme quittent Paris dans une vieille Bugatti. Le flot de l'exode les entraîne vers la Loire où ils assistent aux derniers combats. Plus rien ne sera pareil pour Léon Werth, pas plus que pour le mitrailleur Henri Calet capturé au même moment, à la tombée de la nuit, dans un village de l'Yonne. L'un dialogue avec l'Histoire, l'autre avec son chagrin. Les deux écrivains sont entrés dans un étrange pays : le leur. Ils y croisent d'autres écrivains, des musiciens, des soldats et des marins, des illustres et des humbles, les siècles et l'avenir, la campagne sous le soleil, la neige, des coureurs du Tour de France... Le Corps de la France est un chant d'amour.
Enchantement pour la gent masculine, « cocotte de luxe » aux yeux des femmes, Gali Hagondokoff ne laisse pas indifférent. Chassée de Russie par la révolution de 1917, l’héritière des princes caucasiens devient mannequin chez Chanel, puis comtesse… Ainsi vont les mille vies de cette femme d’exception, en Russie, en Chine, dans les salons parisiens, les déserts et sur les champs de bataille européens.
Du sacrifice des cadets de Saumur aux batailles des marches de l'Empire ; des combats mortels de la Porte de Chine ou de la forteresse de Lang Son à ceux de la cuvette de Diên Biên Phu, une terrible traînée de sang a coulé des plaines de France jusqu'aux montagnes indochinoises.
Refusant de se rendre, des hommes sont morts debout, face aux hordes allemandes, japonaises et vietminh, ou se sont accrochés au terrain jusqu'à épuisement total de leurs munitions. A Lang Son, les prisonniers, face aux mitrailleuses des bourreaux nippons, fauchés par la mitraille, ont entonné La Marseillaise. Ils ont fini achevés à coups de pioches et de baïonnettes. D'autres ont prié à genoux. C'est l'amour immense de ces hommes pour la France qui doit s'inscrire dans notre Histoire.
En février 1916, plus d’un millier de soldats cantonnent dans le bois des Caures, au nord de Verdun, presque laissés à eux-mêmes par un état-major convaincu que l’offensive allemande aura lieu ailleurs. Pourtant, dans les tranchées mal entretenues, l’instinct des uns s’associent à l’expérience des autres pour deviner que « quelque chose se prépare ». La rumeur évoque un déluge d’acier, un bombardement de cent heures, que certains prononcent « centaure ». Comme en prévision de ce choc effroyable, les hommes se découvrent mille raisons de vivre, et s’aperçoivent qu’ils ont bien d’autres choses à faire que la guerre, au moment précis où celle-ci va prendre des proportions que nul n’aurait pu imaginer.
Récit d’un épisode héroïque de la Première Guerre mondiale entré dans l’histoire sous le nom d’« offensive du bois des Caures», Les grands jours raconte surtout un autre combat, celui qu’on mène pour rester humain dans un environnement qui ne l’est plus.
« Je n’aurais jamais imaginé un destin aussi ouvert sur le sens de la vie. Une existence où se sont incarnés le courage et l’instinct de la mort, l’intense volupté d’être et la douleur, la révolte et le détachement. J’ai découvert un homme qui avait vécu à l’encontre de la haine, aimé au milieu de la pire sauvagerie des guerres, un soldat qui avait su pardonner mais n’avait rien oublié. Son combat rendait leur vraie densité aux mots qu’on n’osait plus prononcer : héroïsme, sacrifice, honneur, patrie… J’ai appris aussi à quel point, dans le monde d’aujourd’hui, cette voix française pouvait être censurée, étouffée. Ce livre n’a d’autre but que d’aider la parole du lieutenant Schreiber à vaincre l’oubli. »
"Il y a deux siècles, des mecs rêvaient d'autre chose que du haut-débit. Ils étaient prêts à mourir pour voir scintiller les bulbes de Moscou." Tout commence en 2012 : Sylvain Tesson décide de commémorer à sa façon le bicentenaire de la retraite de Russie. Refaire avec ses amis le périple de la Grande Armée, en side-car ! De Moscou aux Invalides, plus de quatre mille kilomètres d'aventures attendent ces grognards contemporains.
De tous les généraux français du dernier conflit mondial, Alphonse Juin est indéniablement le meilleur sur le champ de bataille et l'un des plus redoutés dans le débat politique de l'après-guerre. Et pourtant, très peu d'ouvrages lui ont jusqu'alors été consacrés. C'est qu'il y a un mystère Juin. Juin est grand quand il est à la tête de ses tirailleurs marocains que ce soit dans les tranchées de 1914 ou, trente ans plus tard, sur les pentes des Abruzzes. Il est en avance avec son temps en Indochine ou au commandement de l'Otan. Mais il est plus difficile à suivre quand il s'en remet au maréchal Pétain pour ne pas avoir à choisir entre les Alliés et les Allemands. Son amour éperdu pour l'Afrique du Nord lui fait aussi se comporter de manière controversée durant la IVe République, ce qui lui vaut d'être soupçonné d'avoir ourdi une bonne dizaine de complots et même un assassinat. Charles de Gaulle a-t-il clos le débat en saluant sa mort comme celle du dernier grand homme d'une génération ?À l'aide de ses nombreuses découvertes au sein des archives françaises, britanniques, allemandes, américaines et russes, Jean-Christophe Notin dresse le portrait d'un homme né pour être soldat, et que l'Histoire a jeté dans mille intrigues pour lesquelles il n'était sans doute pas fait.
Lorsqu’il me racontait sa vie passée à guerroyer, une vie où l’on entendait résonner les fracas de l’Histoire, pleine de serments sur l’honneur, d’aventures dans le désert, de combats épiques dont on parle encore aujourd’hui, j’étais ébloui, et pas seulement parce que je le regardais avec mes yeux
d’enfant. Il était grand, il était fort, il était couvert de gloire. Mais il n’était pas qu’un soldat.
Il fut aussi mon grand-père. C’est son histoire que je relate, parfois tragique, toujours intense et mouvementée, à l’image d’un siècle qui compte parmi les plus fous.
En une fraction de seconde je perdais mes instruments de vol. Nous n’avions plus de moteur. Nous allions tomber.
"Je suis ici parce que j'ai lu Loti et que la France m'ennuie. Je me rêvais pèlerin d'Angkor et me voilà planté dans une grande mare de boue. Embarqué dans une sale histoire en un coin où l'on se tue avec une inépuisable énergie." Dans l'enfer de la bataille de Dien Bien Phu, en ce crépuscule de l'Indochine, un jeune homme se retourne sur sa vie. Parce que le temps lui est compté, il se penche sur ses rêves et ses amours enfuis. Au-delà de la guerre, son histoire est celle de l'Homme face à l'épreuve, quand elle fait sortir la vérité d'un être. Elle raconte la résilience après un accident, la souffrance d'un fils devant une mère qui se meurt, la quête de sens au milieu de l'absurde. Derrière la dramaturgie de ce combat dantesque, ces pages chantent aussi la sensualité et la poésie du monde. Elles sont un hymne à la fraternité humaine et à la vie, par-dessus tout.
C’est l’un des derniers compagnons de la Libération qui témoigne dans cet ouvrage. « Je vais avoir besoin de vous », dit simplement le général de Gaulle au jeune Hubert Germain lorsque celui-ci arrive en Angleterre en juin 1940, parmi les premiers Français libres. Hubert Germain a 19 ans, sera chevalier de la Légion d’Honneur à 21, Compagnon de la Libération deux ans plus tard : « Quand vous êtes reçu comme Compagnon, c’est comme si la foudre vous tombait dessus » résume-t-il. Légionnaire de la mythique 13e DBLE, Hubert Germain combat à Bir Hakeim, El Alamein, en Italie où il est blessé, puis durant toute la campagne de libération de la France. Il sera aussi maire, député puis ministre de Georges Pompidou. « Vous m’emmerdez avec Germain ! », rétorque le général de Gaulle alors qu’on le presse, vingt ans plus tard, d’écouter celui qu’on a envoyé rencontrer les émissaires des généraux putschistes d’Alger. Hubert Germain pardonne tout à celui qu’il considère comme son deuxième père.
À cent ans, Hubert Germain n’a jamais cessé de résister. « Quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera toujours des braises. Et il faut aujourd’hui en France des braises ardentes ! » C’est le message que veut laisser Hubert Germain dans ce témoignage inédit, recueilli par Marc Leroy. Le siècle y défile, de l’inacceptable défaite de 1940 pour ce fils d’officier supérieur, à la mort du général de Gaulle – « l’enterrement d’un grand prince médiéval d’occident » – jusqu’aux épreuves vécues par la France aujourd’hui.
« Ne me demandez pas si je suis plus médecin ou plus militaire : ces deux états sont indissociables chez moi. Je suis médecin militaire. »
De cette réalité si particulière, Nicolas Zeller parle librement. Cette dualité lui donne accès aux maux du corps autant qu’à ceux de l’âme. Lui, qui a accompagné des soldats en opération et a été confronté au doute, nous emmène côtoyer la violence et la guerre sur tous les théâtres des conflits actuels. Il nous plonge au coeur d’une réflexion cruciale sur le sens de l’engagement.
Qu’est-ce qu’un soldat ?
À travers sept portraits de femmes engagées, de la Seconde Guerre mondiale à aujourd'hui, héroïnes méconnues et exemplaires, c'est toute la force du courage au féminin qui s'impose à nous dans ce formidable hommage que Marie-Laure Buisson, elle-même réserviste dans l'armée, leur rend.
Pourquoi Noor, princesse indienne, s'est-elle enga gée en 1942 dans les services secrets britanniques plutôt que d'attendre que la guerre se termine ? Quel appel Susan Travers a-t-elle entendu pour quitter sa vie d'aristocrate et suivre les hommes de De Gaulle à Bir Hakeim ? Comment l'infirmière Geneviève de Galard a-t-elle choisi de partager les souffrances des blessés dans l'enfer de Diên Biên Phu ? Et Lily ? Quelle pas sion a animé cette Soviétique de moins de vingt ans, pour aller défier les aviateurs d'Hitler au-dessus de Stalingrad, tout comme la poète Hannah qui a fui la Hongrie antisémite pour y revenir en agent secret britannique au moment où les nazis l'envahissent ? Plus près de nous, pourquoi Jihane la Kurde a-t-elle renoncé à sa vie de femme pour combattre Daesh, sachant sa tête mise à prix ? Quel déclic a poussé l'étudiante Cassiopée à rejoindre l'armée française et devenir espionne dans le cadre de l'opération Barkhane au Mali, sillonnant les terres djihadistes au mépris de tous les dangers ?
À travers ces sept portraits de femmes engagées, héroïnes exemplaires, c'est toute la force du courage au féminin qui s'impose dans ce formidable hommage.
La France combattante n’a été qu’un long dialogue de la jeunesse et de la vie », proclame Pierre Brossolette en 1943. La guerre contre l’occupant allemand fut souvent livrée par des adolescents et, parfois même, par des enfants. Le combat d’une génération qui s’est révélée dans l’action au service de la liberté.
À la suite du jeune général qui a, le premier, dit « non », ces jeunes rejettent tout accommodement avec un régime fondé sur les concessions permanentes, la violence et la répression.
Jacqueline Fleury, 17 ans, distribue des tracts anti-allemands et devient agent de liaison. Les cinq étudiants du lycée Buffon multiplient les actes de résistance contre l’Occupant : ils seront arrêtés, jugés, fusillés. Pierre Ruibet, 18 ans, se porte volontaire pour faire sauter un dépôt de munitions ennemi et se sacrifie dans l’opération. Madeleine Riffaud, 16 ans, abat en plein jour de deux balles dans la tête un Allemand dans Paris : emprisonnée, jamais elle ne parlera.
À partir de sources inédites et de témoignages personnels, François Broche décrit, à travers dix-huit récits individuels ou collectifs, les ressorts intimes d’un engagement exemplaire.
"Le combat ne m'a pas forgé le coeur et l'âme, il m'a simplement rendu lucide. J'en sais désormais suffisamment pour ne pas me croire préservé, par ma simple qualité d'homme, du surgissement de l'animal qui gît en moi." Dans ce récit à la première personne, le général Lecointre évoque son parcours de jeune officier - de la naissance d'une vocation jusqu'aux terrains de guerre au Rwanda, à Sarajevo ou en Irak - et donne à voir l'expérience d'homme de guerre dans ce qu'elle a de plus concret, unique, et parfois indicible. Jamais un grand chef militaire n'avait évoqué avec autant d'acuité et de lucidité les doutes et les réalités auxquels se confrontent les soldats : le sentiment de vivre des événements qui ne peuvent être compris que d'eux, la peur paralysante qui surgit à tout moment et, surtout, l'interrogation fondamentale sur le sens de l'action. Comment garder son humanité quand, au coeur du combat, la violence gagne de plus en plus les esprits ? On croyait la guerre réservée aux livres d'histoire, et la voici de nouveau. Cet Entre guerres l'appréhende de manière saisissante et profonde, tout comme il évoque avec pudeur la singulière fraternité unissant les hommes qui dédient leur vie au service de la France.
Contenus associés
"Diên Biên Phu, les leçons d’une défaite" de Pierre Servent
Présentation de l’ouvrage de Pierre Servent, intitulé Diên Biên Phu, les leçons d’une défaite paru le 18 mars 2024, aux éditions Perrin et sélectionné pour l’édition 2024 du Prix Erwan Bergot.
13 septembre 2024

"Entre guerres" de François Lecointre
Présentation de l’ouvrage de François Lecointre, intitulé Entre guerres paru le 11/04/2024, aux éditions Gallimard et sélectionné pour l’édition 2024 du Prix Erwan Bergot (PEB).
13 septembre 2024

"Petit Louis" de Jean-Christophe Notin
Présentation de l’ouvrage de Jean-Christophe Notin, intitulé Petit Louis, paru en janvier 2024, aux éditions Grasset.
13 septembre 2024
