Au cœur de la préparation d’EXOSAN 2025 : entre nouveautés et haute intensité
Trois praticiens militaires lèvent le voile sur les dessous de la préparation de l’exercice opérationnel Santé (EXOSAN), qui se déroule sur le camp de La Valbonne, du 16 au 20 juin 2025.
Rédaction : Emmanuelle NDOUDI
Le vétérinaire en chef des services de classe normale Jean-Paul, chef de la division formation médico-opérationnelle, de l’Académie de santé des armées.
« L’École des Ponts offre un cadre réaliste avec village de combat, tranchées et hangars qui nous permettent de simuler des combats en milieu urbain, comme ceux qu’on pourrait rencontrer dans les conflits actuels. »

« Cette année encore, la division « formation médico-opérationnelle » a eu un rôle majeur dans la planification logistique et la mise en œuvre de l’exercice. Elle s’appuie, pour cela, sur trois acteurs majeurs : le Centre de formation opérationnelle santé situé à La Valbonne, point d’appui de l’exercice, le Centre d’enseignement et de simulation à la médecine opérationnelle dotée d’une expertise en médecine de combat, et enfin le régiment médical (RMED), intégrateur du soutien médical à la manœuvre terrestre. Ces trois entités ont pleinement contribué à la réussite d’EXOSAN.
Sur le plan logistique, l’une des grandes nouveautés est le changement de site : nous avons opté pour le site de l’École des Ponts, situé sur le camp de manœuvre de La Valbonne. Ce site propose un environnement bien plus réaliste : village de combat, tranchées et hangars qui nous permettent de simuler des combats en milieu urbain, comme ceux qu’on pourrait rencontrer dans les conflits actuels. Grâce au RMED, nous pouvons intégrer des éléments tactiques forts tels que les drones, véhicules de la gamme SCORPION, force adverse, éléments d’ambiance sonore et visuelle… Tous ces éléments logistiques renforcent l’immersion des stagiaires dans un environnement tactique réaliste. Ce changement de lieu s’accompagne aussi d’un changement d’échelle : EXOSAN accueille deux fois plus de stagiaires que les années précédentes. Il faut donc mobiliser deux fois plus de formateurs, puisés essentiellement dans les viviers de la médecine des forces et des hôpitaux des armées. Enfin, l’accent a été également mis sur l’intégration du Command and Control Medical (C2Med) aux ateliers théoriques de la première journée. C’est un véritable défi logistique, qui passe par l’achat d’un grand nombre de consommables et le déploiement de nombreux matériels et équipements de santé, mais c’est à ce prix qu’on peut proposer un exercice cohérent, réaliste et à la hauteur des enjeux actuels. »
Le médecin en chef Aurélien, coordinateur pédagogique d’EXOSAN 2025, du bataillon de marins-pompiers de Marseille.
« Plus de stagiaires, de formateurs, de scénarios, nouveau terrain : l’exercice annuel a été marqué par un changement total d’échelle. Nous voulons immerger les stagiaires dans un exercice, au plus près des réalités. »

« EXOSAN 2025 a atteint un niveau d’évolution inédit. Le contexte international, en effet, impose de former des soignants à la guerre de haute intensité. Pour la première fois, nous avons intégré des élèves infirmiers en fin de formation, mobilisé tous les agrégés du service de santé, quelques soient leurs spécialités. Plus de stagiaires, de formateurs, de scénarios, nouveau terrain : l’exercice annuel a été marqué par un changement total d’échelle. Nous voulons immerger les stagiaires dans un exercice, au plus près des réalités.
Nous avons imaginé 12 ateliers, dont la moitié concerne la médecine de combat. Les stagiaires sont plongés dans un scénario de guerre de tranchées, avec l’urgence de devoir stabiliser des blessés sans possibilité d’évacuation, d’improviser de la chirurgie sous tension, de gérer le combat urbain tout en assurant la prise en charge. Dans le cadre des 6 ateliers thématiques, les étudiants seront confrontés, par exemple, à la prise en charge des risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques et question de l’impact psychiatrique de la blessure de guerre. En parallèle, les formateurs leur donnent des clés techniques : transfusion à l’avant [en zone de combat, NDLR], gestion du stress ou coordination avec les échelons de soutien.
Cette année, nous avons même mis en place des équipes mixtes composés de Français, d’Allemands, d’Américains et de Belges. Chacun arrive avec sa culture médicale, l’objectif étant de confronter nos approches. En France, depuis toujours, le choix a été fait d’amener le médecin au plus près du patient, c’est le principe de nos urgentistes. Au combat, ce principe est appliqué avec la capacité de mettre en œuvre l’intensité de soins nécessaire à la stabilisation du blessé – y compris quand le contexte opérationnel impose de ne pas pouvoir évacuer rapidement le patient.
Nous voulons que les stagiaires, médecins ou infirmiers, soient capables en repartant de transformer leurs savoirs en gestes, d’intégrer des logiques de triage, de gérer des blessures graves. Ce n’est pas un diplôme qu’on leur donne, mais une expérience, une manière de penser et d’agir sous contrainte. »
Le médecin en chef Olivier, chef de la division « formation initiale militaire et santé », de l’Académie de santé des armées.
« Nous nous sommes également inspirés d’éléments issus du conflit en Ukraine pour changer d’échelle et créer un entraînement adapté au contexte de haute intensité. »

« Dans le cadre d’EXOSAN, le rôle de la division « formation initiale militaire et santé » a été multiple. En tant que chef de la division « formation initiale militaire et santé », j’avais pour mission de faire le lien entre les stagiaires, issus des différents cursus (internes, assistants, élèves de l’École du personnel paramédical des armées ou commissaires d’ancrage santé…), le référent pédagogique et le pilote logistique de l’exercice.
Parallèlement, après avoir été référent pédagogique d’EXOSAN les deux dernières années, j’ai assisté le médecin en chef (MC) Aurélien, l’actuel coordinateur pédagogique d’EXOSAN ainsi que son adjoint le MC Michaël, dans l’élaboration et l’évolution des scénarios pédagogiques des ateliers. Cette année, les coordinateurs pédagogiques ont fait évoluer l’entraînement selon plusieurs axes : l’intégration d’une promotion d’élèves sous-officiers infirmiers de l’École des personnels des paramédicaux des armées, la recherche systématique du meilleur réalisme possible en tenant compte du contexte géopolitique actuel marqué par l’hypothèse de plus en plus crédible d’un engagement majeur et par la haute intensité. Le tout en ayant un souci constant de pédagogie. Ces modifications se sont appuyées sur les analyses et évaluations provenant des formateurs et des stagiaires de l’édition passée, pour améliorer les simulations. Nous nous sommes également inspirés d’éléments issus du conflit en Ukraine pour changer d’échelle et créer un entraînement adapté au contexte de haute intensité. L’un des changements pratique a ainsi été d’intégrer la notion de point de stabilisation – en complément du concept de poste médical, plus normé – témoin des pratiques actuelles de prise en charge rapportées dans le conflit russo-ukrainien.
Pour les stagiaires, l’objectif d’EXOSAN est triple : restituer les gestes techniques et les procédures appris en formation, mais également intégrer profondément l’importance des compétences non techniques, telles que le leadership, la communication et le travail en équipe, qui sont essentielles surtout en contexte tactique complexe. Enfin, EXOSAN 25 devrait être l’occasion d’échanges nombreux avec les formateurs, dont les origines et les spécialités sont multiples, afin d’ouvrir le champ des réflexions des stagiaires.
Tout ceci devrait permettre aux stagiaires d’expérimenter l’importance de la cohésion, de l’adaptabilité et de la flexibilité, car ces paramètres font toute la différence sur le terrain. « Last but not least », la présence de stagiaires étrangers représente, pour eux, une opportunité de s’initier à la doctrine française du soutien au blessé de guerre, avec ses spécificités, et pour tous de développer l’interopérabilité, essentielle aux possibles engagements majeurs de demain ».
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