#AvecNosBlessés : l’enjeu fondamental de la psychiatrie militaire
Engagée sur les théâtres d’opérations extérieures comme au sein des hôpitaux militaires, le médecin en chef Frédérique œuvre depuis plusieurs années pour une meilleure prise en compte de la santé mentale des militaires. À l’approche de la journée « Avec nos blessés », organisée par l’armée de Terre, samedi 21 juin 2025, elle souligne l’enjeu fondamental que représente la psychiatrie, dans le milieu militaire.
Rédaction : Emmanuelle NDOUDI.
La 9e édition de l’opération « Avec nos blessés » est l’occasion pour l’armée de Terre de mettre à l’honneur ses blessés et les organismes qui œuvrent à leur prise en charge médicale et à l’amélioration de leur quotidien. Aux Invalides, le Service de santé des armées se mobilisera, samedi 21 juin 2025, au côté de l’armée de Terre pour attirer l’attention sur la santé mentale du militaire, un sujet sensible dans les forces armées. « Cette opération est un levier indispensable pour rencontrer les militaires et le commandement », précise le médecin en chef (MC) Frédérique, chef du service de « psychiatrie » à l’hôpital national d’instruction des armées (HNIA) Percy, de Clamart.
Spécialisée dans la psychiatrie opérationnelle et post-opérationnelle, et l’éthique médicale, la psychiatre militaire a traité cette thématique, tout au long de sa carrière. Une expertise de laquelle elle retire des constats majeurs. « Le fait psychique questionne dans le milieu militaire mais aussi dans le monde civil, admet-elle. Il ne faut, néanmoins, pas le méconnaitre au risque de majorer son impact pour le sujet mais aussi le groupe et la mission ».
Malgré un attrait depuis le jeune âge pour le domaine de la psychologie, la soignante militaire a d’abord débuté sa carrière comme médecin généralistes dans les forces armées. « Mon intérêt pour la psychiatrie s’est cependant amplifié pendant les années durant lesquelles, les armées font face à de nouvelles menaces avec la lutte contre le terrorisme et leur engagement en Afghanistan », se souvient-elle.
La psychiatrie sur le terrain
Après trois années passées en médecine des forces, la MC Frédérique passe le cap et décide de passer le concours de l’assistanat de psychiatrie, puis un diplôme d’études spécialisées. Une expertise qui projette la psychiatre militaire sur les réalités du fait psychique, en opérations extérieures. « J’ai été projetée pour la première fois en tant que psychiatre début 2017, au cours de l’opération Barkhane, se souvient-elle. Mes activités étaient centrées sur des consultations psychiatriques, des actions de prévention et un rôle de conseil au commandement, notamment après le décès d’un soldat au combat ».
Une expérience réitérée lors d’une deuxième projection. « Cette fois-ci, l’ambiance opérationnelle était beaucoup plus intense, note-t-elle. Nous avons rencontré de multiples événements à potentialité traumatiques et certains militaires développaient des manifestations psychiques diverses ».
La pratique de la psychiatrie sur le terrain a été un solide socle de savoirs et de conclusions pour le médecin en chef. « Grâce à cette expérience opérationnelle, j’ai compris que la clinique de la psychiatrie de guerre ou dans le cadre d’attentat ne se résume pas au simple traumatisme psychique ».
Trouver des axes d’amélioration
Des observations qui ont été les racines d’un travail bibliographique et collaboratif d’envergure. « J’ai notamment travaillé sur les représentations de la blessure psychique par le commandement de l’armée de Terre car l’expression de la souffrance psychique est souvent complexe, détaille-t-elle. Ce travail a mis en valeur la vision erronée qui persiste autour de la blessure psychique, malgré une connaissance pointue ».
« Mes travaux de recherche sont un moyen de comprendre les raisons des préjugés concernant le fait psychique et de trouver des axes d’amélioration », complète la psychiatre militaire. Ces axes d’amélioration, le médecin en chef les diffuse lors des modules de « premiers secours psychologiques ». « Il s’agit de sensibiliser les militaires non soignants au repérage des signes de souffrance psychique chez leurs camarades et de faciliter l’orientation vers les soignants, si nécessaire, développe la soignante militaire. Ces modules utilisent des exercices de simulation entre participants pour apprendre à adopter une posture relationnelle appropriée ».
Pour le médecin en chef Frédérique, la journée « Avec nos blessés » reste essentielle pour ouvrir les consciences à la psychiatrie, alors que les exigences d’un contexte de haute intensité en modifient les contours. « Un événement tel qu’ « Avec nos blessés » me permet d’aborder le fait psychique dans son ensemble, et pas uniquement la blessure psychique, au plus près des militaires et du commandement ».
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