[Vidéo] Formation aéromédicale : une préparation opérationnelle avant une projection au Liban

Direction : Santé / Publié le : 18 avril 2025

Nom de code : AMET. À Villacoublay, sept soignants militaires du Service de santé des armées suivent, les 2 et 3 avril 2025, une formation opérationnelle de l’évacuation aéromédicale tactique. Des connaissances et des compétences nécessaires avant une projection au Liban, au sein de la force intérimaire des Nations unies. Reportage.

Rédaction : Emmanuelle NDOUDI.

Une équipe de soignants militaires soignent en vol un patient fictif, lors du stage AMET.

Dans l’un des immenses hangars de la base aérienne 107, à Vélizy-Villacoublay, sept soignants militaires s’apprêtent à embarquer à bord d’un hélicoptère PUMA. Une première pour beaucoup d’entre eux. Ils suivent, les 2 et 3 avril 2025, une formation aéromédicale immersive qui les prépare à l’opération onusienne DAMAN, au Liban.

D’ici quelques semaines, ils s’envoleront pour le Liban où ils intégreront les équipes d’évacuations aéromédicales tactiques (AMET) sur hélicoptère déployées dans le cadre de l’opération DAMAN, forte de près de 700 soldats français. Mais avant ce départ, une préparation opérationnelle s’impose.

Placée sous la tutelle du Centre de formation de la médecine aéronautique (CFMA) de l’École du Val-de-Grâce, la formation AMET a été conçue pour plonger les soignants militaires dans les conditions réelles de la médecine aéronautique en contexte international. Chaque année, une vingtaine de stagiaires sont formés, sous la coordination du médecin en chef de réserve – MC (R) –  Stéphane, médecin adjoint à la 12e antenne médicale de Villacoublay et d’intervenants venants du Centre d’enseignement et de simulation à la médecine opérationnelle (CESimMo).

« Cela fait plus de cinq ans que cet entraînement a été mis en place, précise le médecin en chef (MC) Pierre, chef du CFMA. La formation mobilise 4 à 5 intervenants de l’École du Val-de-Grâce. Le personnel formé apprend à conditionner le blessé, gérer son embarquement et sa médicalisation à bord tout en s’adaptant aux spécificités du milieu aéronautique et au contexte international de l’opération ».

Jonglant entre théorie et pratique, les soignants stagiaires découvrent, par le biais de cette formation, les contraintes du milieu aéronautique. Et elles sont nombreuses. « Assurez-vous d’avoir des protections auditives, l’embarquement dans l’hélicoptère se fait sur ordre et faites le tour de la machine pour sortir », énumère le MC (R) Stéphane, lors du brief de sécurité.

S’acculturer à un nouvel environnement

Malgré une discipline stricte, l’ambiance se veut détendue. « L’objectif est que vous appreniez avec plaisir, insiste le coordinateur de la formation, si vous ne vous sentez pas bien, on s’adaptera ». Entre les risques de cinétose (le mal des transports), les changements d’altitude et turbulences ou la contrainte du bruit… L’évacuation médicale par hélicoptère constitue, en effet, une mission particulièrement exigeante. Conscients des enjeux, les sept stagiaires militaires suivent attentivement les consignes.

Quelques dizaines de minutes plus tard, un premier trinôme – composé d’un médecin, un infirmier et un auxiliaire sanitaire – se prépare à embarquer pour 45 minutes de vol de mise en condition, sous le regard attentif du médecin formateur. Environ une heure plus tard, quatre autres stagiaires prennent place à bord de l’hélicoptère PUMA.

« Le but de cette première expérience est aussi qu’ils se familiarisent avec les protocoles de sécurité et qu’ils maîtrisent les outils de communications tels que la radio ou le téléphone de bord », détaille l’infirmier anesthésiste de 2e grade (IAHA2G) René, réserviste expérimenté sur la mission AMET et intervenant sur cette session.

Dans la soute exiguë de l’hélicoptère, les stagiaires s’entraînent aussi à réaliser des préparations de médicaments d’urgence. « Les manipulations nécessitaient un haut degré de concentration car la soute bougeait beaucoup, explique le médecin principal (MP) Mathilde. L’enjeu, pour nous, est de dompter les contraintes de l’environnement aérien afin qu’elles ne viennent pas alourdir la complexité d’une prise en charge médicale. » 

Apprendre l’interopérabilité

La matinée de formation ne se résume pas à de simples vols en hélicoptère. Pendant une demi-heure, les soignants stagiaires ont dû se confronter en vol à un cas clinique d’urgence vitale : le transfert d’un militaire étranger, victime de douleurs thoraciques d’origine cardiaque. « C’est une pathologie fréquente que l’on peut aussi retrouver dans ce type d’opération », signalent les deux intervenants, qui ont participé à l’opération DAMAN.

Première étape : prendre connaissance de la situation médicale et réaliser une prise en charge au sol. « Le patient est de forte corpulence, il va falloir ajuster la dose de morphine selon son poids », lance le médecin Camille, à la tête du deuxième groupe de stagiaires. De part et d’autres du mannequin piloté par un formateur du CESimMo, l’infirmière militaire et l’auxiliaire sanitaire s’activent pour répondre aux exigences de la situation.

Pour rendre la formation plus réaliste, les stagiaires simulent la prise en charge du patient étranger… en anglais. « Dans le cadre de l’opération DAMAN, nous travaillons avec une vingtaine de nations différentes », précise l’IAHA2G René.

Deux intervenants observent avec attention les manipulations et font évoluer le cas de façon réaliste, dans la langue de Shakespeare. « Dans cette mission, nous sommes sous le contrôle opérationnel de la FINUL et la langue d’usage est l’anglais, explique l’IAHA2G René. C’est important de s’habituer à travailler avec les partenaires internationaux ». 

L’heure du déjeuner sonne la fin du premier partie de la formation. Les stagiaires se réunissent pour dresser un premier bilan. « Ce stage est l’occasion unique de développer un sens poussé de l’interopérabilité, constate le médecin Camille. Nous devons d’une part nous acclimater à un milieu différent et d’autre part apprendre à collaborer avec des soignants militaires de diverses nations ».


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