Il y a 78 ans, le 25 août : « Paris ne brûlera pas »

Direction : SGA / Publié le : 24 août 2022

Encouragés par les débarquements en Normandie et en Provence, ainsi que par la rapide progression des Alliés le long de la vallée du Rhône, les Parisiens se soulèvent contre l’occupant le 19 août 1944. Le général de Gaulle demande alors que la 2e division blindée du général Leclerc libère la capitale. Retour sur l’un des épisodes les plus symboliques de la Seconde Guerre mondiale.

Foule sur les Champs Élysées regardant les blindés de la 2e DB , 26 août 1944. © United States Library of Congress

Paris n’est pas un objectif militaire

Dans les plans alliés, Paris n’est pas un objectif militaire et la ville doit être contournée. En revanche, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), estime que la libération de la capitale est un symbole important et un objectif politique essentiel : Paris doit être libéré par les soldats français. Le général de Gaulle veut ainsi apparaître comme le chef d’un pays qui se libère grâce à ses propres forces. De plus, avec le bombardement des carrefours stratégiques du nord et de l’ouest de la France, Paris reste un des rares nœuds de communication encore intact, et donc vital pour le repli vers l’est des forces allemandes, mais aussi pour les Américains qui doivent poursuivre leur progression vers le Nord et l’Est.

 

Les barricades des Parisiens

Le 10 août, le comité militaire national des Francs-tireurs et partisans (FTP) lance un ordre d'insurrection, suivi par la CGT qui appelle à la grève générale : les cheminots de l'agglomération parisienne entament une grève qui s'étend rapidement, bientôt suivis par la police, les postiers, les ouvriers de la presse et les employés du métro.



Dans Paris, les résistants, regroupés au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI), érigent des barricades et fortifient  la préfecture de police. Les combats qui les opposent aux Allemands, à partir du 19 août, sont violents. Peu armés, ils doivent faire face à 20 000 soldats soutenus par des chars et quelques avions.

 

La 2e DB

Craignant que les Allemands n’écrasent l’insurrection, le général de Gaulle insiste auprès des Américains pour que la 2e DB marche sur Paris. Le 21 août, un envoyé de Rol-Tanguy réussit à traverser les lignes allemandes et à prévenir Leclerc : il faut une intervention des Alliés, sinon le soulèvement parisien sera noyé dans le sang. Alors que les Allemands tentent de reprendre le contrôle de la ville, le général Eisenhower accepte le 22 août que la 2e DB, avec la 4e division américaine, fonce sur Paris. En fin d'après-midi, un avion léger Piper, piloté par le capitaine Callet survole la ville et son observateur, le lieutenant Mantoux, jette dans la cour de la préfecture de Police un papier lesté portant un message de Leclerc : « Tenez bon, nous arrivons ».



Le 23 août, au matin, la 2e DB, soutenue sur son flanc droit par la 4e DIUS, se met en route. De violents combats ont lieu à Palaiseau, à Champlan, à Toussus-le-Noble, Jouy-en-Josas, Clamart, Longjumeau, Wissous, Fresnes, Antony. C’est à la nuit tombée du 24 août, par la porte d'Italie, qu’entrent dans Paris les premiers soldats de la 2e DB, ceux de la « Nueve ». La radio française annonce sur les ondes l'arrivée des hommes de Leclerc. Le bourdon de Notre-Dame résonne.

 

Paris ne brûlera pas

Le 25, dès l'aube, la 2e DB entre dans Paris par les portes de Saint-Cloud, d'Orléans, de Gentilly, d'Italie. Leclerc franchit la porte d'Orléans, rencontre Chaban-Delmas place Denfert-Rochereau puis, par l'avenue du Maine, atteint la gare Montparnasse où il installe son poste de commandement. Parallèlement, la 4e DIUS entre dans Paris par la porte d'Italie.



L’accueil de la population parisienne, surprise de voir des soldats français, est enthousiaste. Harcelés, les Allemands se retranchent dans quelques points d’appui fortifiés. Mais les combats sont difficiles et meurtriers sur la place de la Concorde, la place de l’Etoile, la place de la République, à la Bastille, sur le boulevard Saint-Germain.



L'hôtel Meurice est attaqué, von Choltitz et son état-major sont capturés. Vers 16h, dans l'appartement de fonction du préfet Luizet, le général allemand signe la convention de reddition. Conduit à la gare Montparnasse, il y signe l'ordre de cessez-le-feu transmis à la vingtaine de points d’appui allemands qui continuent à se battre. Le colonel Rol-Tanguy cosigne l'acte de capitulation.



Peu après, Leclerc expose la situation au général de Gaulle qui vient d'arriver. Alors que les membres du CNR et du CPL l'attendent à l'Hôtel de Ville, de Gaulle gagne le ministère de la guerre, rue saint-Dominique, pour assumer sa légitimité et signifier le rétablissement de l’autorité de l’Etat. Ce n'est que vers 19h qu'il se rend à l'Hôtel de ville, où il prononce un discours resté célèbre.

 

Paris libéré

Paris est libéré au prix d’un millier de tués et de blessés pour les FFI, 582 morts et plus de 2 000 blessés pour la population civile, tandis que la 2e DB a 156 tués et 225 blessés. L'ennemi a perdu 3 200 tués et 12 800 prisonniers.



Grâce à la presse et aux radios anglo-saxonnes présentes sur place, le retentissement de l’événement est considérable dans le monde entier. Des scènes de joie se déroulent à New York, au Canada, dans les rues de Montevideo, de Buenos Aires. Pour beaucoup, la libération de la Ville Lumière annonce la prochaine défaite de l’Allemagne et du nazisme.


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