Le taux de féminisation de la gendarmerie progresse, passant de 18,7 % à 19,6 %. La solde nette moyenne des militaires de la gendarmerie, hors élèves, volontaires et réservistes, est de 2 937 euros en 2022, en augmentation de 2,7 % par rapport à 2021. En tenant compte de l’inflation

(5,2 %), la solde nette est en baisse de 2,4 % en euros constants. Les effets conjugués en 2022 de l’application pleine de l’indemnité de mobilité géographique des militaires (IMGM) et de la revalorisation du point d’indice de 3,5 % au 1^er juillet 2022 ne suffisent pas à compenser l’impact de l’inflation avec un recul de la solde davantage marqué en 2022 qu’en 2021. En revanche, pour les officiers présents en 2021 et 2022, les augmentations des primes et indemnités, dont la garantie individuelle de pouvoir d’achat (GIPA), ont contribué à compenser l’inflation puisque leur rémunération nette est en augmentation de 0,4 % en euros constants.

Le nombre d'officiers recule de 1,5 % alors que le nombre de sous-officiers croît de 0,8 %

En équivalent temps plein (EQTP), le nombre des militaires de la gendarmerie hors élèves, volontaires et réservistes s’établit en 2022 à 83 100¹, en légère augmentation de 0,6 % par rapport à 2021 (Figure 1). Cette progression modérée des effectifs s’explique d’une part par une augmentation de 0,8 % des effectifs de sous-officiers, et d’autre part, par un recul marqué des effectifs d’officiers de 1,5 %. Cette baisse du nombre d’officiers est la conséquence d’une diminution de 1,7 % de l’effectif du corps d’officiers de gendarmerie (OG). À l’inverse, le nombre d’officiers du corps technique et administratif (OCTA), beaucoup moins nombreux, reste stable. L’augmentation du nombre de sous-officiers tient surtout à l’évolution à la hausse des effectifs des sous-officiers de gendarmerie (SOG), de 0,8 %.

^1. Ces effectifs et ces taux ne sont pas directement comparables avec ceux donnés par la Gendarmerie Nationale. Ces derniers portent sur un champ plus large, incluant les élèves et les volontaires dont les taux de féminisation sont plus élevés (31 % pour les gendarmes adjoints volontaires).

Entre 2021 et 2022, le nombre de femmes militaires au sein de la gendarmerie a progressé de 4,8 %. Le taux de féminisation de la gendarmerie passe ainsi de 18,7 % en 2021 à 19,6 % en 2022. La féminisation des corps de soutien (OCTA et CSTAGN) progresse davantage en raison de la diminution du nombre d’hommes. Les écarts de taux de féminisation sont en grande partie le fruit de l’histoire car l’accès aux corps des officiers et sous-officiers de gendarmerie n’a été permis aux femmes qu’en 1983. Il n’y a plus de quotas depuis 1998 avec la professionnalisation des armées. L’accès des femmes à l’ensemble des unités de la gendarmerie n’a été complet qu’en 2016, avec la suppression des restrictions d’accès aux unités de gendarmerie mobile.

La solde nette mensuelle des militaires de la gendarmerie augmente de 2,7 % en moyenne en euros courants

En 2022, la solde nette mensuelle des militaires de la gendarmerie est de 2 937 euros en moyenne, soit une augmentation de 2,7 % en euros courants par rapport à 2021 (Figure 2). Cette hausse, qui est avant tout portée par celle des primes et indemnités (+3,6 %), résulte de la mise en place de la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM). En effet, l’indemnité de mobilité géographique (IMGM), mise en place en 2021, agit pleinement en 2022 et contribue entre 1 et 2 points à l’évolution des primes. La solde indiciaire brute moyenne croît en un an de 1,8 % grâce à la revalorisation du point d’indice de 3,5 %, intervenue au 1^er juillet 2022. De manière plus marginale, les différents relèvements du traitement minimal ont amélioré la solde des sous-officiers aux grades de maréchal des logis et de gendarme. Comme l’inflation s’est élevée à 5,2 % en 2022 (variation annuelle de l’indice des prix à la consommation publiée par l’Insee), la solde nette en euros constants baisse de 2,4 %. Cette baisse est plus marquée que celle de 0,8 % observée en 2021.

Une progression de la solde nette plus importante pour les officiers de gendarmerie

Grâce à une plus forte hausse des primes et indemnités, la croissance de la solde nette moyenne en euros courants est plus importante pour les officiers avec une augmentation de 3,8 % entre 2021 et 2022 (Figure 3). La fin du plan de repyramidage pour les encadrants permettant la revalorisation des carrières a porté ses fruits sur l’évolution de la solde des officiers. Les officiers de gendarmerie sont ainsi passés d’une solde nette moyenne mensuelle de 4 548 euros en 2021 à 4 722 euros en 2022. Pour les sous-officiers, la solde nette progresse également, mais seulement de 2,6 % (2 717 euros en 2021 et 2 788 euros en 2022). Cette augmentation est due à l’évolution du taux d’encadrement et à l’augmentation du contingent de la prime de qualification supérieure (PQS).

La réforme des primes de mobilité de 2021 joue à plein en 2022

L’indemnité de mobilité géographique militaire, premier acte de la NPRM, entrée en vigueur en 2021, voit son nombre de bénéficiaires et les montants accordés augmenter nettement en 2022 (Figure 4). En effet, alors que le nombre de sous-officiers bénéficiaires était de 7 067 en 2021, il augmente d’un tiers l’année suivante avec 2 635 bénéficiaires en plus. Le montant médian augmente de moitié passant ainsi de 1 334 euros en 2021 à 2 000 euros en 2022. Pour les officiers, le nombre de bénéficiaires croît également mais dans des proportions plus modérées par rapport aux sous-officiers (+6,1 %). Toutefois, le montant médian connaît une augmentation considérable puisqu’il double et passe ainsi de 2 455 euros en 2021 à 4 910 euros en 2022. En définitive, les montants totaux versés au titre de l’IMGM sont de 32 millions d’euros en 2022 contre 14 millions d’euros en 2021.

Le deuxième acte de la Nouvelle Politique sur la Rémunération des Militaires (NPRM) n’a pas eu d’influence sur la rémunération des militaires de la gendarmerie. Les nouvelles primes d’indemnités liées aux postes d’encadrement et commandement telles que la Prime de Commandement et de Responsabilité Militaire (PCRM), liées à la qualification comme la prime de performance (PERF) ou dépendant de l’activité opérationnelle comme l’Indemnité de Sujétions d’Absence Opérationnelle (ISAO) ne sont en effet destinées qu’aux militaires des armées.

encadré : effectifs des bénéficiaires et montant moyen de la garantie individuelle de pouvoir d’achat (GIPA)

La GIPA, mise en place en 2008, permet à tout agent public, et donc aux militaires, dont l’évolution du traitement brut indiciaire est inférieure sur quatre ans à l’évolution de la hausse générale des prix, de compenser leur perte de pouvoir d’achat. Le montant de la GIPA versé en 2022 est calculé sur la période de référence du 31 décembre 2017 au 31 décembre 2021 avec un taux d’inflation total de 4,36 %.

En 2022, près de 7 000 militaires de la gendarmerie ont pu bénéficier de la GIPA, soit 8,29 % de l’effectif. Le nombre de bénéficiaires a beaucoup fluctué entre 2020 et 2022 en fonction des variations de l’inflation : 1 160 en 2020 (cf. Ecodef n° 220), moins de 50 en 2021 et presque 7 000 bénéficiaires en 2022. Le montant moyen perçu, aux alentours de 300 €, a en revanche peu varié entre 2021 et 2022.

LES DISPARITÉS SALARIALES SONT STABLES PARMI LES SOUS-OFFICIERS, MAIS SE CREUSENT LÉGÈREMENT PARMI LES OFFICIERS

Les 10 % d’officiers les moins bien rémunérés ont une solde nette d’au plus 3 413 euros en 2022 contre 3 306 euros en 2021. La solde nette médiane des officiers est de 4 335 € en 2022 (+ 3,3 % par rapport à 2021). C’est le dernier décile de la solde nette, qui s’élève à 6 704 €, qui augmente le plus : + 5,6 % par rapport à 2021 (Figure 5).

Note de lecture : Les 10 % des sous-officiers les moins bien rémunérés perçoivent au plus 2 116 euros nets mensuels.

Champ : Militaires de la Gendarmerie hors volontaires, élèves et réservistes.

Source : RAE-G 2022, Observatoire Économique de la Défense.

Le rapport interdécile (D9/D1), qui mesure la dispersion des rémunérations entre les 10 % les moins bien rémunérés et les 10 % les mieux rémunérés, s’est accru pour les officiers, passant de 1,93 en 2021 à 1,96 en 2022. Le protocole « pour la valorisation des carrières, des compétences et des métiers dans la Gendarmerie nationale » du 11 avril 2016 qui prévoyait un repyramidage du haut de la strate de l’encadrement supérieur en 2022 a permis cette dynamique sur le parcours des officiers supérieurs et la progression des soldes nettes sur les derniers déciles de rémunération.

La progression des soldes est plus uniforme parmi les sous-officiers et le rapport interdécile est quasiment stable en 2022, passant à 1,66 contre 1,65 en 2021. Les 10 % les moins bien rémunérés gagnent ainsi au plus 2 116 euros (+2,1 %), alors que les 10 % des sous-officiers les mieux rémunérés gagnent au moins 3 521 euros (+3 %) (Figure 6).

LA RÉMUNÉRATION MOYENNE NETTE DES PERSONNES EN PLACE AUGMENTE DE 4,9 % MAIS DIMINUE DE 0,3 % APRÈS CORRECTION DE L’INFLATION

Au-delà de l’évolution de la solde nette moyenne, l’évolution de la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP), c’est-à-dire des personnels présents du 1^er janvier 2021 au 31 décembre 2022, permet de prendre en compte les avancements individuels en plus des mesures générales portant sur la solde indiciaire et sur les primes et indemnités. Après une progression de 2,8 % en 2021, la RMPP nette augmente de 4,9 % en euros courants en 2022. Plus précisément, la RMPP nette augmente de 5,7 % pour les officiers et 4,8 % pour les sous-officiers (Figure 7).

Lorsqu’on s’intéresse aux contributions de la solde indiciaire ou des primes à la progression des rémunérations, il apparaît que les primes ont le plus contribué à l’augmentation des soldes (Figure 8). En 2022, les primes ont contribué à hauteur de 3 points pour les officiers et à hauteur de 2,6 points pour les sous-officiers, alors que, pour la solde indiciaire, les contributions sont de 2,5 points pour les officiers et de 2,1 points pour les sous-officiers.

Champ : Militaires de la Gendarmerie hors élèves, volontaires et réservistes.

Note : La catégorie hiérarchique correspond à celle de l’année 2021 en cas de changement.

Source : RAE-G 2021 et RAE-G 2022, Observatoire Économique de la Défense

En tenant compte d’une inflation à 5,2 % en 2022, la RMPP nette des officiers augmente finalement de 0,4 % en euros constants alors que celle des sous-officiers baisse de 0,4 %. Cette différence tient à un rôle plus important des primes et indemnités dans la rémunération des officiers et à une plus forte progressivité de leurs avancements.