Coopération européenne : l’armée de Terre, un acteur incontournable
Depuis le 1er janvier, la France préside le conseil de l’Union européenne. Cette prise de fonction intervient dans un climat géopolitique dégradé dans l’est de l’Europe en Ukraine, et en Afrique dans la bande sahélo-saharienne. Dans ce contexte sécuritaire, l’Hexagone, puissance militaire majeure de l’UE, prône une autonomie stratégique européenne.
Lors de ses récentes allocutions en mars, le président de la République, Emmanuel Macron, affirmait : « l’Europe doit devenir une puissance plus indépendante, plus souveraine [...] En décembre, nous avons décidé que l’Union européenne (UE) assumerait une plus grande responsabilité en ce qui concerne sa propre sécurité et, en matière de défense, qu’elle suivrait une ligne d’action stratégique et renforcerait sa capacité à agir de manière autonome. La relation transatlantique et la coopération entre l’ UE et l’Otan, dans le plein respect des principes énoncés dans les traités et de ceux que le Conseil européen a adoptés, y compris les principes d’inclusivité, de réciprocité et d’autonomie décisionnelle de l’UE, sont fondamentales pour notre sécurité globale. Une Union plus forte et plus capable dans le domaine de la sécurité et de la défense contribuera positivement à la sécurité globale et transatlantique et est complémentaire à l’Otan, qui reste le fondement de la défense collective pour ses membres ». Ses déclarations prônent une autonomie stratégique européenne dans un contexte sécuritaire complexe.
Des unités multinationales
En France, certains corps et unités sont déjà pleinement multinationaux. C’est notamment le cas du corps de réaction rapide européen (CRR-E). Aussi appelé Eurocorps, il a été créé en 1992, sur une initiative franco-allemande visant à donner à l’Union européenne la capacité de commander une opération.
Depuis, d’autres pays ont accédé au statut de nations-cadres : la Belgique, l’Espagne, le Luxembourg et dernièrement la Pologne. La place unique du CRR-E dans le paysage de la défense européenne et sa vocation duale OTAN et UE confèrent une expertise rare à cet état-major et à sa brigade multinationale d'appui au commandement. Sorti de son alerte Nato response force - Land component command en 2020, le CRR-E arme l’ossature et le commandement de quatre missions de formation de l’UE (European Union Training Mission, EUTM) en 2021 et 2022. Il organise aussi des exercices comme Euretex.
Autre unité multinationale, le corps de réaction rapide- France (CRR-Fr) est l’état-major opérationnel, de plus haut niveau, dont dispose l’armée française. Comptant 430 militaires de 14 nations différentes, il est capable d’assurer le commandement d’une force terrestre nationale ou multinationale.Dans le cadre d’un mandat de l’ Otan, de l’UE ou de niveau national, il est capable d’être engagé sur tout le spectre des opérations, engagement majeur, “entrée en premier” ou phase de stabilisation.
Mener les débats
La coopération s’étend au-delà du champ opérationnel avec le volet de la formation, comme la création de l’Ecole franco-allemande de formation des équipages Tigre (EFA Tigre) en 2003 ou plus récemment le partenariat stratégique entre la France et la Belgique avec le contrat capacité motorisé (CAMo).
D’autres projets conjoints suivent leur cours comme le développement du système de combat terrestre futur, le Main Ground Combat System. Ce projet franco-allemand vise à offrir un successeur aux chars Leclerc et Leopard 2 à l'horizon 2035. Il verra s’associer à terme d’autres partenaires. La France travaille également avec l’Espagne sur le projet de modernisation de l’hélicoptère d’attaque Tigre au standard 3. L'Allemagne conserve la possibilité de rejoindre ce projet jusqu’à l’été 2022.
Fin mars, les chefs d’état-major des armées de Terre de l’UE se sont réunis au siège du CRR-E et au Parlement européen. Cet événement a permis d’échanger sur les défis sécuritaires actuels et les enjeux pour les armées de Terre européennes. De même, ce forum a mis en avant la nécessité de développer l’interopérabilité des forces terrestres des vingt-sept Etats membres de l’UE à travers des projets de coopération structurée permanente comme les capacités de combat collaboratif EcoWar (EU Collaborative Warfare Capabilities : rapprochement des standards pour permettre le combat collaboratif entre alliés), et le projet de radio logicielle Essor (European Secure Software defined Radio : standardisation des ondes radio logicielles, en vue d’être le support des échanges du combat collaboratif du futur.).
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