Raid « grand froid » en Alaska : Préparation de l’armée de Terre en milieu extrême
L’École militaire de haute montagne (EMHM) a conduit un raid « grand froid » en Alaska, un module essentiel de la formation de tous les experts opérationnels des milieux montagneux et de grand froid. Réalisé en autonomie dans un environnement extrême, ce raid constitue la synthèse des cursus de formation « grand froid », alliant immersion prolongée en conditions réelles, mobilité tactique et coordination interarmées.
Un entraînement complet au cœur des conditions arctiques
Aboutissement des formations spécialisées dispensées par l’EMHM, le raid « Grand Froid » s’est déroulé cette année au départ de Summit Lake, à proximité du cercle polaire. Les participants y ont alterné stationnements prolongés à très basse température, déplacements motorisés en motoneige lorsque le terrain le permettait, et progressions à skis pour franchir les zones de relief. L’exercice avait pour objectifs de restituer, valider et approfondir les compétences acquises par les différents profils de stagiaires :
- Instructeurs expérimentés, venant consolider leur expertise « grand froid » ;
- Nouveaux experts, en fin de cursus de spécialisation ;
- Sous-officiers préparant le Brevet militaire de 2e niveau (BM2) dans le domaine « Montagne et Grand Froid » (MGF).
Une formation dédiée au transfert des savoir-faire en unité
Regroupant 16 officiers et sous-officiers spécialistes opérationnels issus de la plupart des unités de l’armée de Terre qui ont cette capacité (27e Brigade d'infanterie de montagne, Commandement des actions spéciales terre (CAST), …), ce stage visait à restituer, en environnement arctique, les savoir-faire liés aux différentes techniques de stationnement, de déplacement, sans oublier la gestion des risques opérationnels liés au milieu grand froid.
En planification, trois zones de travail avaient été définies à l’avance, en fonction des informations collectées et de l’analyse cartographique. En conduite, l’itinéraire a été ajusté en fonction des conditions réelles sur le terrain, telles que l’enneigement, la présence de rivières gelées ou de zones glaciaires.
Intégration de la mobilité motorisée pour davantage d’opérabilité
Depuis cette année, afin de respecter au plus près les engagements opérationnels en zone arctique, l’EMHM a décidé d’intégrer la mobilité motorisée dans ce module de formation. Dans un environnement de haute intensité, la mobilité motorisée constitue un atout décisif :
- Elle permet de transporter la logistique nécessaire aux opérations, notamment les « points chauds » (tentes équipées de moyens de chauffage adapté) vitaux pour la remise en condition des soldats ;
- Elle accroît la vitesse de déplacement indispensable à la saisie d’une opportunité opérationnelle à travers un dispositif ennemi en limitant l’exposition au froid au juste besoin ;
- Elle permet aux stagiaires de travailler la gestion de la logistique aux petits niveaux tactiques avec la mise en place de camps de base avec « point chaud » en tente collective.
Quel bilan pour ce Raid « grand froid » ?
Le raid « grand froid » en Alaska a permis de pleinement valider l’expertise grand froid de tous les stagiaires. Chaque participant a pu tirer des enseignements concrets qu’il pourra retransmettre dans son unité :
- L’intérêt de la rigueur des procédures de vie en campagne face au froid permanent ;
- La nécessité du « point chaud » pour durer dans un contexte opérationnel ;
- L’utilisation de véhicules, ici la motoneige, a montré toute sa pertinence pour changer de rythme et créer les conditions de la surprise opérationnelle, s’affranchir de grandes zones de plat où le déplacement à skis a une moindre plus-value et enfin transporter le nécessaire opérationnel par des températures hostiles en permanence.
Bien que conduit en totale autonomie logistique et opérationnelle, ce module de formation a été parfaitement coordonné avec les autorités militaires américaines. Le raid s’est conclu par une visite au centre d’expertise arctique de l’armée américaine, le Northern Warfare Training Center, permettant d’échanger avec les homologues américains.
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