Libération des Poches de l’Atlantique

Le 24 août 1944, Paris est libéré, et l’armée allemande se replie dans les Vosges et les Ardennes pour ralentir l’avancée des Alliés vers le 3e Reich. Pourtant, des unités allemandes résistent encore dans plusieurs ports de la façade océanique de la France. Retour sur l’histoire de cette résistance ennemie qui a mobilisé d’importantes forces jusqu’en mai 1945. 

Attaque de la poche de Royan. © armée de Terre/ défense

Qu’est-ce que les « Poches de l’Atlantique » ?

Les « Poches de l'Atlantique » désignent les zones de résistance allemande sur le littoral nord-européen entre août 1944 et mai 1945. Ces forteresses (festungen) proviennent du dispositif défensif allemand du « mur de l’Atlantique » lancé à l’été 1942 pour empêcher les Alliés de débarquer. A partir de janvier 1944, 14 secteurs défensifs portuaires sont ainsi fortifiés par les Allemands qui y déploient des dizaines de milliers de soldats. 

Soldat faisant le guet © armée de Terre / défense

Des combats acharnés pour la libération des ports

Rapidement, en août 1944, les Alliés libèrent le port de Cherbourg, une zone stratégique qui leur permet d’assurer une partie de l’approvisionnement des unités débarquées à partir de juin 1944. Cependant, d’autres ports tels que Saint-Malo, Brest, Le Havre, Boulogne et Calais sont mieux défendus par la force adverse. En septembre 1944, les Alliés doivent ainsi les détruire en partie. 

Dès octobre 1944, la priorité des Alliés étant de progresser vers l’Allemagne, les poches de résistance sur la façade Atlantique ne sont plus une cible immédiate. La libération complète de ces ports est alors confiée aux Forces françaises de l’Ouest (FFO), créées par le Gouvernement provisoire le 14 octobre 1944 et placées sous le commandement du général de Larminat.

Les Forces françaises de l’Ouest à l’assaut des poches allemandes

Les FFO, Forces françaises de l’Ouest regroupent une partie des forces françaises de l’intérieur (FFI), créées en février 1944. L’objectif était de fusionner les principaux groupements de la résistance intérieure (gaullistes comme communistes) qui s’étaient soulevés contre les Allemands lors des débarquements alliés de Normandie puis de Provence. 

Ces maquisards, intégrés à l’armée française, sont restés longtemps mal équipés en matériel et armement (16 modèles de fusils sont initialement utilisés), la priorité étant donnée aux unités se battant sur le front principal. Avec des éléments de la 1re armée et ceux de la 2e division blindée, renforcés par des unités alliées (notamment la 94e division d’infanterie américaine remplacée en janvier 1945 par la 66e DI), ils vont assiéger des positions allemandes, en se répartissant sur cinq secteurs : 

En mars 1945, les FFO sont renommées le Détachement d’Armée de l’Atlantique (DDA) et lancent 3 offensives majeures : Indépendance, Jupiter et Mousquetaires, qui se succèdent jusqu’en mai 1945, date de la capitulation allemande. Les derniers défenseurs déposent alors les armes. 

Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle, Royan, Dunkerque sont enfin libérées.

Camp de soldat © armée de Terre / défense

Quel bilan face à cette stratégie des Poches de l’Atlantique ?

La pertinence de la stratégie allemande de défendre des zones portuaires de l’Atlantique est mitigée. Les poches de résistance allemandes ont certes été un obstacle à la libération entière de la France mais pas à la progression des Alliés en direction de l’Allemagne : 

Avec la construction en Normandie de deux ports artificiels en juin 1944 et la rapide remise en état du port de Cherbourg dès septembre 1944, les Alliés peuvent se passer des autres ports tenus par les Allemands. De plus, à compter d’octobre 1944, 25 000 soldats alliés et 80 000 soldats français encerclent les résistances littorales ennemies. 

Parmi elles, les 100 000 Allemands (l’équivalent d’environ 7 divisions) ainsi immobilisés en défensive, ne pourront pas être utilisés sur le front principal.

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