Interview croisée : comment se préparer aux épreuves du concours

Les contrôleurs adjoints des armées Mélanie et Jean ont rejoint le contrôle général des armées (CGA) en mai 2023, après leur réussite au concours. Ils reviennent sur leur organisation personnelle, l’accompagnement de leurs tuteurs et le rôle du centre de préparation au concours (CPC) du CGA. Interview croisée.

CAA Mélanie et Jean © ©CGA COM

1 - Pourriez-vous vous présenter brièvement ?

CAA Mélanie : Je suis la contrôleuse des armées Mélanie. J'étais auparavant commissaire des armées. J’y ai effectué une carrière de quinze ans et j'ai décidé de tenter le concours du contrôle général des armées en 2023.

CAA Jean : Pour ma part, j’ai servi dans l'armée de terre, plus précisément chez les chasseurs alpins, pendant plus de 19 ans.

2- Comment avez-vous vécu la période de préparation au concours ?

CAA Mélanie: C’est une période assez stressante qui implique de nombreuses remises en question et du travail. Une période pas très aisée à gérer qui peut impliquer des moments de découragement, car l’effort nécessaire est considérable et les résultats ne sont pas forcément au rendez-vous. Il faut faire preuve de beaucoup de détermination pour arriver au bout de cette période, car les doutes, l’appréhension s’installent avec, parfois, quelques regrets relatifs à la méthode de préparation choisie. On se dit qu’on aurait dû commencer encore un an plus tôt. Ma préparation a duré un an et demi et j’ai bénéficié de l’aide d’un contrôleur général qui a accepté d’être mon préparateur. Malgré tout, lorsque les épreuves du concours arrivent, on ne se sent pas forcément prêt. Le jugement que l’on peut porter sur nos performances durant les épreuves est assez prudent. Il y a toujours beaucoup de doutes sur l’atteinte du niveau requis et de regrets lorsque l’on repense aux réponses que l’on a apportées au jury.

CAA Jean : Mon temps de préparation a probablement été un peu plus court, avec une nette pointe d’effort sur les huit derniers mois. Cela m’a aidé à ne pas trop me poser de questions, car je ne disposais pas de beaucoup de temps. La charge de travail m’a semblé d’autant plus importante qu’étant de formation scientifique, mes connaissances initiales étaient très limitées. Heureusement que la préparation du CPC est bien faite ! En outre, cela me donnait l’impression d’apprendre, à défaut de progresser, ce qui est toujours satisfaisant. On adopte de bonnes habitudes sur le fond et la forme nécessaires à la réussite du concours. Il y a tout de même des moments de découragement et de doute. C’est là que le rôle du tuteur prend toute son importance : il permet de relativiser les mauvais résultats et de recadrer. Finalement, j’ai eu un déclic fin décembre : je suis enfin parvenu à retenir la masse d’informations nécessaires et à relier entre elles les lignes du programme. L’impact sur ma vie personnelle était gérable, grâce au choix d’un « tunnel » de huit mois : j’étais conscient que, de juillet à mars, je m’engageais sur une période de préparation intense et nous l’avions anticipé avec ma femme et mes enfants. Mon épouse m’a très largement déchargé des soucis matériels ; le concours a été un effort familial collectif !

CAA Mélanie : Au sein de la cellule familiale, la période de préparation peut être assez frustrante, on passe beaucoup moins de temps avec ses enfants. Mais c’est un passage obligé et tout le monde est conscient que c’est une période de transition nécessaire.

3 - Comment avez-vous abordé le passage des épreuves ?

CAA Jean : Six épreuves, cela peut sembler beaucoup, mais j’avais conscience que la marge entre réussite et échec serait mince. L’investissement déjà consenti, l’enjeu personnel et la fatigue ont donc généré un grand stress. Pour les écrits, ma seule certitude était d’avoir terminé chaque épreuve, sans assurance quant à la qualité du travail rendu. Pour les oraux, mon ressenti était plutôt positif ; en outre, j’étais franchement malade pour deux des quatre épreuves, ce qui m’a aidé à gérer mon stress.

CAA Mélanie : Plus qu’une épreuve en particulier, la seule chose qu’on redoute est la question qui surprend, qui n’appelle pas beaucoup d’inspiration. On redoute ce moment, mais il faut se jeter à l’eau sans avoir peur de l’échec. Je n’ai pas mené d’actions particulières pour affronter cette situation stressante, mais également bienvenue, car elle marquait la fin de « l’épreuve » de la préparation qui est la plus longue de toutes.

4 - Quels conseils de préparation et d’organisation donneriez-vous aux futurs candidats ?

CAA Mélanie : Dans un premier temps, je dirais qu’il ne faut pas se laisser impressionner par le format du concours et le volume du programme qui est assez chargé, mais reste gérable. Il faut bien séquencer sa préparation, identifier ses points forts et points faibles par rapport aux attendus. S’astreindre à suivre son plan de travail de manière méthodique pour arriver à balayer l’ensemble du programme, ce qui paye forcément lors du passage des épreuves. Surtout, ne pas avoir peur et ne pas se laisser décourager.

CAA Jean : À mon sens, la première chose à faire est d’avoir un entretien avec le directeur du CPC puis de rencontrer d’anciens lauréats, ce qui permet d’évaluer les attendus. La préparation proposée par le CPC fonctionne bien. Nous sommes encadrés efficacement. Il faut aussi s’appuyer sur la bibliographie proposée. Le principal conseil que je pourrais donner est d’essayer d’avoir des connaissances uniformes sur l’ensemble du programme.

5 - Cumuler son emploi et la préparation du concours, une difficulté supplémentaire ?

CAA Jean : Me concernant, la préparation peut se scinder en deux périodes : j’ai d’abord tenu un poste qui ne me laissait pas beaucoup de temps, puis bénéficié d’une mutation très favorable pour la phase finale de ma préparation ; ça a fonctionné grâce à une « apnée » de quelques mois…

CAA Mélanie :  Il y a autant de méthodes de travail que de candidats préparant le concours. Chacun à ses besoins et sa manière de fonctionner. Tous mes moments de temps libre, weekends, congés etc. étaient consacrés à la lecture. J’ai consacré énormément de temps à mes révisions mais cela était aussi une manière de me rassurer... Avant la période de mise à disposition, je débutais mes révisions à 6h du matin (1h30 avant la levée des enfants) et je m’y replongeais pendant 2h après qu’ils soient couchés.

CAA Jean : Personnellement, je n’ai jamais travaillé le week-end pour préserver un minimum ma vie de famille. Durant la période de mise à disposition, je travaillais de 8h30 à 20h30 et pendant les congés.

6 - Comment vous a-t-on annoncé votre réussite au concours ?

CAA Mélanie : L’annonce se fait 3 à 4h après la dernière épreuve.

CAA Jean : Pour l’admission, il s’écoulait à peu près une semaine entre la dernière épreuve écrite et la dernière épreuve orale, donc les copies étaient déjà corrigées et les délibérations du jury sont rapides.

CAA Mélanie : On ressent d’abord le soulagement de la fin du concours, d’avoir été jusqu’au bout et donc d’avoir rempli le contrat. 

CAA Jean : Quand on reçoit le fameux coup de téléphone, le premier réflexe est de partager la nouvelle avec tout le monde. Du fait de l’intensité de la préparation, toute la famille est fortement impactée : ils sont donc naturellement les premiers à apprendre la bonne nouvelle !

Pour en savoir plus :

Arrêté du 29 juin 2020 fixant l'organisation du concours d'admission dans le corps militaire du contrôle général des armées

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042088984.

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