Attaques informationnelles : veiller, détecter et rétablir la vérité

Un bateau de fret transportant de l’engrais agricole explose au milieu d’une ville du pays Titane.  Sur les réseaux, Titane accuse les forces armées de l’Alliance (dont la France fait partie) d’avoir perpétré cet attentat afin de provoquer un casus belli et de justifier une offensive. Fausses preuves à l’appui, Titane crée le chaos pour attiser la peur. 

"Notre mission est de démêler le vrai du faux, ce qu’on appelle débunker dans notre jargon ", explique le commandant Antoine, chef de détachement du Centre interarmées des actions sur l'environnement (CIAE). Pour la première fois, le CIAE, membre de la Communauté cyber des armées (CCA), participe à l'exercice 2025 à Rennes. Ses cybercombattants jouent le rôle de patrouilles, surveillant les réseaux sociaux et les médias en ligne pour détecter les signes de manipulation et de désinformation. 

Extrêmement concentrés, les cybercombattants sont chacun dans leur bulle pour ne rien laisser passer. 

Le centre des opérations cyber : tour de contrôle des attaques informationnelles

L’adversaire se montre très agressif, de nombreuses attaques ont eu lieu pendant la nuit. Au CO Cyber, le lieutenant-colonel Clément, responsable de la L2I au COMCYBER, explique que « l’objectif est d’opérer dans le champ informationnel, sur la sphère des réseaux sociaux et des médias en ligne. On agit comme une tour de contrôle. ».

Les cybercombattants du centre des opérations cyber consolident également les informations reçues grâce notamment au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) ou à VIGINUM.

Le lieutenant-colonel Clément avertit que « les cyberattaques peuvent être exploitées dans le champ informationnel : pour jeter le trouble dans la population, imputer aux forces françaises ou de l’OTAN des actions commises par d’autres ». 

Reconstituer les manœuvres de désinformation adverses

Pour rendre l’exercice le plus réaliste possible, une équipe complète anime les réseaux sociaux et médias en ligne. Stéphane, civil à l’Académie de cyberdéfense, responsable de l’équipe d’animation de la L2I, explique qu’ils ont « créé un écosystème numérique complexe simulant Internet et des médias traditionnels. L’objectif est de générer des situations dans lesquelles les joueurs vont repérer des signaux faibles. » 

Pour aller plus loin, le plateau animation a également intégré l’intelligence artificielle qui permet de reproduire un flux d’information important et réaliste. Au sein de ce plateau chargée d’animer l’exercice, le lieutenant de vaisseau Benjamin, cybercombattant à l’Académie de la cyberdéfense, explique : « nous, on a le rôle des méchants, on joue Titane ». Son objectif : nuire à la réputation des armées françaises, comme pourrait le faire un adversaire sur un théâtre d’opération. 

Le sous-lieutenant (R) Sarah, réserviste opérationnelle au COMCYBER, révèle que, pour le réalisme de l’exercice, « on alimente les réseaux avec du contenu en faisant réagir plusieurs types de personnes, des influenceurs, des complotistes, des personnes lambda, des mécontents, des inquiets, etc. comme dans la vraie vie. On crée ce qu’on appelle du bruit numérique réaliste ». Enfin, l’équipe du lieutenant de vaisseau Paul est chargée des médias en ligne. « On exploite plusieurs titres de presse entièrement fictifs. Presse ostlandaise et presse titanaise, chaque journal suit sa ligne éditoriale et chaque article signé d’un journaliste doit respecter son style journalistique ».

Des convergences entre attaques cinétiques, cyber et informationnelles

Grâce au travail de l’équipe d’animation, la lutte informatique d’influence (L2I) est désormais totalement intégrée dans le scénario de l’exercice DEFNET. En parallèle des fausses informations sur l’attentat, Titane a mené des attaques cyber qui paralysent l’activité portuaire des alliés. « En ennemi aguerri, Titane influe à la fois sur le terrain et dans la sphère informationnelle en déroulant son narratif » explique le lieutenant-colonel Clément. 

Il y a ainsi une convergence et des interactions permanentes entre les plateaux de lutte d’informatique défensive (LID) et de lutte d’informatique d’influence (L2I), ce qui permet d’éprouver la capacité du COMCYBER à conduire des opérations transverses dans les différents domaines de lutte.