De camarades de promotion à camarades en opération, découvrez les portraits des commissaires Thomas et Adrien

Camarades lors de leur formation de deux ans à l'ECA, les commissaires Thomas et Adrien se sont retrouvés en opération extérieure en Roumanie. Découvrez leur témoignage ! 

Les commissaires Adrien et Thomas à Cincu

Pouvez-vous vous présenter ?

Commissaire Thomas : 

Agé de 32 ans et diplômé d’un master 2 de Droit public mention sécurité défense de l’Université Paris Panthéon Assas, j’ai intégré le corps des commissaires des armées en 2017 via le concours externe sur épreuves. J’ai choisi l’ancrage Terre et intégré la promotion Vauban de l’Ecole des commissaires des armées.

Commissaire Adrien : 

J’ai 32 ans, je suis d’ancrage Terre, j’ai rejoint le corps des commissaires des armées en 2017 par le concours externe sur épreuves, après des études en classe préparatoire littéraire et en sciences politiques à Lyon. Je suis de la même promotion que le commissaire Thomas. 

Pouvez-vous nous parler de votre premier poste en régiment ?

Commissaire Thomas : 

Lors des derniers mois de scolarité, la formation d’ancrage Terre est réalisée à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en vue d’exercer les fonctions de chef de section coordination administrative et budgétaire (SCAB) au sein d’un régiment de l’armée de terre.

A ce titre, un stage en corps de troupe est effectué quelques semaines avant la fin de scolarité. J’ai effectué le mien au 516e régiment du Train à Ecrouves. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de pouvoir choisir ce régiment comme première affectation en sortie d’école. Affecté durant 3 ans, mon rôle consistait notamment à commander la cellule en charge de la gestion des crédits d’instruction et d’entraînement de l’armée de Terre, ainsi que la gestion et suivi des budgets liés à la condition du personnel.

Au cours de cette première affectation, j’ai été projeté au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane au poste d’officier finances de l’antenne de Gao en 2021. J’étais également officier d’état civil pendant le même mandat que mon régiment. De ce fait, j’ai pu vivre l’expérience d’une projection régimentaire complète (camps d’entrainement, tirs, départ, mandat complet et retour France). Parfaitement intégré à mon unité, je garde un excellent souvenir de mon passage au 516 dit le glorieux.

Commissaire Adrien :

Comme le CR1 Thomas, j’ai effectué ma formation d’ancrage au 3e Bataillon puis au 1er Bataillon de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. Au cours de cette formation, nous avons eu la chance d’être amalgamés avec nos camarades du corps des officiers des armes, d’abord pour notre période de « classes », puis à travers tous les grands jalons de la formation d’un officier de l’armée de terre : troupes de manœuvre, stage d’aguerrissement au Centre national d’entraînement commando (CNEC), brevet militaire de parachutiste (BMP). Cette période de formation particulièrement dense a également été marquée pour nous par notre participation au défilé du 14 juillet puis à la marche de Nimègue aux Pays-Bas.

En 2019, à l’issue de la formation initiale à l’ECA, j’ai eu l’honneur d’être affecté au 2e régiment étranger de parachutistes ( 2e REP), à Calvi. Au même titre que la Légion étrangère fait figure d’exception dans l’armée de terre, le 2e REP fait figure d’exception dans la Légion. C’est une unité marquée par une triple spécificité :

  • Son appartenance à la Légion, qui lui confère cette richesse humaine lié à son recrutement, ce style de commandement si particulier et la force de son histoire et de ses traditions.
  • Son identité parachutiste et les valeurs élitistes qui l’accompagnent : l’audace, la réactivité, la faculté d’adaptation, le dépassement de soi.
  • Son caractère insulaire, qui fournit un formidable espace de préparation opérationnelle, qui forge une vie régimentaire très dense et assure la disponibilité permanente du régiment. 

En tant que chef de section de coordination administrative et budgétaire, j’étais notamment en charge de la gestion du budget « préparation des forces ». Cette affectation a été marquée pour moi par une très forte intégration à la vie régimentaire et à ses traditions, ainsi que la participation à différents stages : brevet d’alpinisme militaire (BAM), chef de section des troupes aéroportées (CDS TAP) et officier spécialiste des techniques aéroportées (OSTA). Un rythme élevé et exigeant qui forge la rigueur du légionnaire et la souplesse du parachutiste. 

Entre octobre 2020 et février 2021, j’ai eu l’opportunité d’être déployé au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, en tant que chef du module « gestion de site ». Cette première expérience opérationnelle a été l’occasion de mettre en œuvre le soutien dans la vie quotidienne du camp : hébergement, approvisionnement en eau, condition du personnel en opérations et relation avec les sites isolés au Mali. J’ai également été désigné officier d’état civil pour la durée de la mission, ce qui m’a amené au sein du service de l’état civil militaire, à traiter plusieurs cas d’affaires mortuaires au cours du mandat. Un déploiement éprouvant mais formateur, conforme aux mission d’un commissaire en opération.

Le commissaire Adrien en tenue de cérémonie © SCA/Défense

Présentez-nous votre poste actuel.

Commissaire Thomas :

Depuis 2022, je sers à la Direction International & Operations (DIO) de l’Economat des Armées (EdA) en tant que gestionnaire de contrat. J’ai notamment suivi les désengagements des missions de Bangui et Koulikoro ainsi que la création et la conduite de la mission en Roumanie. 

Etablissement public à caractère industriel et commercial, l’Economat des Armées (EdA) est le partenaire privilégié spécialisé dans l’externalisation des soutiens sous tutelle du ministère des Armées. L’EdA a vocation à intervenir sur tout le territoire national, y compris en Outre-mer, mais aussi à l’étranger, en soutien des forces de présence ou sur le terrain des opérations extérieures (OPEX).

Gestionnaire de contrat est un poste résolument tourné vers le soutien quotidien des opérations des forces, la fonction principale étant de coordonner tous les aspects relatifs à un contrat de fourniture de soutien (biens et prestations) entre l'EDA et des tiers. Je suis notamment en charge de la convention de soutien avec les forces françaises en Roumanie (mission AIGLE) que j’ai suivi depuis le début de sa rédaction jusqu’à son application sur le terrain. Actuellement, ce sont 35 personnels civils détachés de l’EdA qui réalisent les repas au profit des 1 500 militaires environ stationnés dans cette base, la fourniture d’un accès à internet sécurisé, l’entretien de la laverie et un flux logistique permanent de biens et de denrées.

A mon niveau, cela implique la rédaction et l’exécution des conventions et contrats d’externalisation avec le Ministère ainsi que son équivalent auprès d’éventuelles prestataires privés via des marchés, le suivi et la construction budgétaire des offres de l’EdA, etc. Afin de soutenir au mieux les armées nous sommes, au contact permanent du « client soutenu », soit pour ma part, la mission Aigle. Pour cela j’effectue ponctuellement des missions sur site.

Economat des Armées © SCA/Défense

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Commissaire Adrien :

En 2022, j’ai eu l’honneur d’être affecté au groupement de soutien commissariat (GSC) de Toulouse-Tarbes-Castres, qui soutient une bonne partie de la 11e brigade parachutiste (son état-major et plusieurs de ses régiments) ainsi que le commandement de l’Espace (CDE). En tant que chef du bureau ressources, j’encadrais une vingtaine de personnels civils et militaires, souvent anciens et expérimentés. La mission est à la fois de piloter l’enveloppe budgétaire « administration et soutiens communs » (AGSC) ; et de mettre en œuvre et superviser les moyens de dépenser cette enveloppe (procédures d’achats, marchés publics, trésorerie). C’est un poste qui permet de développer des compétences techniques dans les domaines budget-achats-marchés, puisque le chef du bureau ressources a un rôle d’expert sur ce périmètre ; tout en entretenant un lien avec les régiments de la zone et en particulier les commissaires qui y sont affectés. 

Après un poste en régiment, c’est un poste idéal pour élargir son champ de vision, rester au contact des forces et se perfectionner dans le cœur de métier du commissaire. 

Puis à l’été 2024, j’ai eu l’honneur d’être affecté au groupement de soutien commissariat de Bordeaux, en tant que chef du pôle de Martignas-sur-Jalle. A la tête d’un service d’une quarantaine de personnes, ma mission est de soutenir les unités stationnées sur le camp de Souge, principalement le 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP). Le pôle opère dans les domaines de la restauration, de l’habillement, du matériel de vie en campagne, du transport, du soutien pétrolier, etc. Le poste de chef de pôle repose avant tout sur le commandement, le pilotage et la coordination de l’activité. Placé au plus près des « bénéficiaires », il permet d’être intégré à la vie régimentaire (cérémonies, grands rapports, activités sportives, séances de saut). A l’interface entre les bénéficiaires et le GS, le chef de pôle doit mettre de l’huile dans les rouages afin de faciliter la compréhension et la bonne délivrance du soutien. L’intérêt de ce poste réside dans le commandement et la richesse des échanges quotidiens.

Comment avez-vous été amené à travailler avec votre camarade de promotion ?

Commissaire Thomas :

A l’automne 2023, l’EdA a reçu la mission d’assurer - dès février 2024 - la restauration régalienne sur le camp de Cincu à la suite du SCA. Ma division s’est consacrée au projet et nous avons effectué plusieurs missions d’audit sur site fin 2023. En février 2024, je suis parti un mois avec la première mission EDA pour la reprise de la restauration afin d’assurer le service des premiers repas par l’EdA le 19 février. Le CR1 Adrien était adjoint DMC AIGLE à cette période. Quand mon équipé a relevé la sienne, nos relations étaient quotidiennes pour réussir ensemble la mission de soutien alimentaire du camp. Issus de la même promotion de l’ECA, la franchise et la camaraderie ont été essentielles à cette réussite commune !  

Commissaire Adrien :

J’ai été déployé de janvier à juin 2024 au sein de la Force AIGLE, à Cincu, en Roumanie, en tant qu’adjoint au chef du détachement modulaire du commissariat (DMC). La mission du DMC, d’un effectif d’environ 50 personnes, est de soutenir les forces françaises déployées en Roumanie (à Cincu et sur les autres sites), dans les domaines achats/finances, restauration-loisirs, soutien de l’homme et gestion de site. De manière générale, il s’agissait d’assister le chef dans son commandement, de le suppléer et le représenter en cas d’absence, et de contribuer au traitement des dossiers transverses du DMC. 

En tant qu’adjoint, j’étais également chargé de la coordination du soutien DMC pour l’exercice « DACIAN SPRING 24 », ainsi que du pilotage de la fonction « EXTER », c’est-à-dire du soutien confié à l’Economat des Armées (EDA) à compter de février 2024 (restauration et blanchissage). Dans ce contexte, il s’agissait d’accompagner la transition et notamment la bascule de la fonction « restauration », en travaillant de concert avec l’EDA et ses représentants, dont le CR1 Thomas. 

Après un parcours initial similaire puis deux affectations complètement différentes, nous nous sommes retrouvés par hasard dans le cadre d’un déploiement opérationnel, chacun dans des postes et des fonctions très différentes, mais complémentaires et au service d’une même mission.

Avez-vous un moment marquant en tête sur votre première partie de carrière ?

Commissaire Thomas :

J’ai suivi toute la construction du soutien EdA au profit du camp de Cincu depuis le début en réalisant 9 missions au total. Grâce à la confiance de mes chefs, j’ai eu une liberté d’action et de moyens assez inédite pour mon niveau de grade. La reprise de la restauration en février 2024, a été un challenge car il fallait d’une part assurer au quotidien la restauration sur le camp pour plus de 1200 militaires, en période hivernale et avec du matériel de campagne SCA et d’autre part installer l’ensemble de la mission EDA dehors du camp militaire ce qui ne s’était pas fait depuis les Balkans.

Commissaire Adrien :

Pour ma part, je citerais un souvenir lié à mon affectation en régiment : mon dernier saut au 2e REP en juillet 2022. Il s’agissait d’un saut « mer » dans la baie de Calvi, à proximité de la Citadelle, à bord du Nord 2501 « Noratlas ». 


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