Diplomatie de défense : rencontre avec le général de division aérienne Bertrand J., attaché de défense français près l'ambassade de France aux États-Unis.
La DGRIS assure la tutelle du réseau bilatéral diplomatique de défense, qui comprend aujourd’hui 93 missions près les ambassades de France à l’étranger. Le général de division aérienne Bertrand J., attaché de défense de la France près l’ambassade de France aux États-Unis, nous éclaire sur son travail d’attaché de défense, la politique étrangère américaine ainsi que les conséquences de la récente élection présidentielle.
1 – Quelle est la particularité de la mission de défense (MDD) aux Etats-Unis ? Se distingue-t-elle des autres MDD et si oui en quoi ?
La MDD de Washington se distingue notamment par sa taille et les savoir-faire qu’elle regroupe. Alors que les MDD sont, le plus souvent, composées d’une dizaine de personne, la nôtre regroupe pas moins de 24 personnes et autant de savoir-faire différents en provenance des armées, directions et services, comme de la direction générale de l’armement, notamment en matière d’acquisition de matériel militaire américain.
Dans cette mission, je suis assisté par huit attachés adjoints du grade de colonel ou équivalent. La particularité de ce format s’applique également au réseau des officiers d’échange et officiers de liaison positionnés auprès des différentes entités du département de la défense américain - plus de 70 au total. La MDD de Washington anime et soutien ce réseau au quotidien en relation avec les organismes parisiens dont ces personnes dépendent.
Cette ressource humaine, directement impliquée dans la relation bilatérale franco-américaine, remarquable par sa taille et les domaines couverts, est l’illustration même de la place qu’occupent les Etats-Unis dans notre politique de défense et de sécurité : stratégique et multifacette. Les US étant, en outre, une puissance globale, nous devons couvrir toutes les zones géographiques, tous les domaines allant de l’espace exo-atmosphérique aux fonds marins, y compris le cyberespace. Cela nous conduit à interagir avec une multitude d’entités du ministère des Armées et au-delà.
Par ailleurs, les activités de notre MDD s’inscrivent par ailleurs dans celles de l’ambassade de France à Washington qui est, en taille, la plus importante du réseau et confère dès lors une forte dimension interministérielle à nos travaux.
2 – Quels sont les enjeux spécifiques à la MDD Washington ou les sujets forts ?
En raison de l’étendue des zones géographiques et des domaines couverts, l’un des premiers enjeux pour la MDD de Washington est d’arriver à élaborer une vision d’ensemble à la fois de la relation bilatérale de défense et de la politique étrangère et de défense américaine, comme de la transformation des forces armées américaines.
Dans un contexte d’évolution rapide des technologies et des standards techniques (les Etats-Unis consacrent chaque année près de 140 milliards de dollars à la R&D), l’un de nos principaux sujets d’attention est l’interopérabilité entre nos forces armées, c’est-à-dire la capacité à agir ensemble quel que soit le cadre opérationnel dans lequel nos forces sont et seront amenées à être engagées.
3 – En novembre, se sont déroulées les élections présidentielles américaines. D’une manière générale, quelles conséquences une élection nationale peut-elle avoir sur les missions menées par une MDD ?
A court terme et très concrètement, il nous faudra reconstruire une partie de notre réseau au Pentagone et à la Maison-Blanche car un changement d’administration, même en l’absence d’alternance politique à la tête de l’exécutif, s’accompagne du renouvellement de nombre de ses membres, les political appointees. Nos interlocuteurs militaires ne seront en revanche pas directement impactés par ce changement politique.
Sur le fond, notre défi sera de rapidement décrypter la politique étrangère et de défense de la nouvelle administration, d’en anticiper les évolutions pour continuer à exercer de la façon la plus pertinente possible notre rôle de courroie de transmission de la relation bilatérale.
Defence Diplomacy: Meeting with Air Major General Bertrand Jardin, French Defence Attaché to the Embassy of France in Washington
The DGRIS oversees the bilateral diplomatic defence network, which is currently made up of 93 defence sections to embassies of France abroad. Air Major General Bertrand Jardin, France’s Defence Attaché to the embassy in Washington, gives us an insight into his work as a Defence Attaché, US foreign policy and the consequences of the recent presidential election.
1 – What is the distinctive feature of the defence section in the US ? Is it different from other defence sections, and if so, in what way ?
The defence section in Washington distinguishes itself in particular by its size and skills. Whereas defence sections are most often made up of about ten people, ours is made up of no less than 24 people and as many different skills from the armed forces, directorates and departments (e.g. the Directorate-General for Armament), notably in terms of acquisition of American military equipment.
To carry out this mission, I am assisted by eight deputy defence attachés of the rank of colonel or equivalent. The specificity also applies to the network of exchange and liaison officers posted to the various entities of the US Department of Defence (more than 70 in total). The defence section in Washington animates and supports this network on a daily basis in relation with the Parisian entities to which these people belong.
Directly involved in the bilateral French-American relationship, and remarkable for its size and the domains covered, this human resource is a perfect illustration of the role played by the US in our defence and security policy: strategic and multifaceted. The US being also a global power, we must cover all the geographical areas, all the domains ranging from outer space to seabed, including cyberspace. This prompts us to interact with a multitude of entities of the Ministry for the Armed Forces and beyond.
Moreover, our defence section’s activities dovetail with those of the French embassy in Washington, which is the largest in the network, thus giving our work a strong cross-departmental dimension.
2 – What are the issues specific to the defence section in Washington, or key topics ?
Due to the breadth of the geographical areas and domains covered, one of the first challenges for the defence section in Washington is to develop an overall vision of both the bilateral defence relationship and the US foreign and defence policy, as well as the transformation of the US armed forces.
Against a backdrop of rapidly evolving technologies and technical standards (the US spends nearly $140bn on R&D yearly), one of our main areas of focus is interoperability between our armed forces, i.e. the ability to act together, whatever the operational framework, in which our forces are and will be engaged.
3 – The US presidential elections took place in November. Generally speaking, which consequences might a national election have on the missions carried out by a defence section ?
In the short run and very concretely, we will have to rebuild part of our network in the Pentagon and the White House, since a change of administration, even if there is no political changeover at the head of the executive, goes hand in hand with a renewal of many of its members, the political appointees. By contrast, our military contacts will not be directly impacted by this political change.
Basically, our challenge will be to quickly decipher the new administration’s foreign and defence policy, and to anticipate developments, so that we can continue to play our role as a conduit for bilateral relations as effectively as possible.
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