Développer du code passe par la relation à l’autre

Direction : DIRISI / Publié le : 06 septembre 2023

La DIRISI compte de nombreux développeurs. Ces experts ont de l’or au bout des doigts pour faire en sorte que l’ordinateur se comporte comme on le souhaite grâce au codage. Coder, c’est traduire en ordres des besoins qui mis bout à bout délivrent un service utilisateur. L’enjeu consiste donc à aller chercher ce que veut le client. Décryptage de ce métier passion avec le Sergent-chef Julien, développeur, qui vient tordre le cou à la réputation cliché du geek.

Développer du code passe par la relation à l’autre

Pouvez-vous nous présenter votre parcours et nous expliquer en quoi consiste le métier de développeur ?

Sergent-chef Julien : Avec mon bac S en poche, je suis entré dans l’armée, c’est de famille. Comme l’informatique m’a toujours plu, j’ai choisi la filière « développeur » à ma sortie de Saint-Maixant (l’école des sous-officiers) et j’ai effectué un stage théorique de 8 mois à l’ETRS [école des transmissions] de Rennes.

Un développeur, loin d’être mutique et sédentaire, discute énormément avec ses clients. Nos clients sont interministériels : la gendarmerie (ministère de l’Intérieur) et le ministère des armées (armée de terre principalement). C’est indispensable pour définir la feuille de route ensemble. Les développeurs sont de fait de grands communicants. Ils doivent d’abord engager une relation de fournisseur à client, dialoguer, parfois mettre en lumière les contradictions, comprendre ce que veut le client, puis le traduire en langage informatique pour que le résultat soit le plus proche de l’attendu. Il y a parfois des critères sur lesquels on fait choisir le client mais surtout on le fait prioriser ses besoins car la liste des exigences est parfois trop longue. D’un besoin client en apparence « tout simple » peut émerger un travail de codage colossal. Les tâches prioritaires sont alors déterminées en accord avec le client, et les spécifications sont envoyées après. Tous les mois, des démonstrations au client permettent de valider le projet au fil de l’eau et d’apporter les adaptations nécessaires. D’une part, l’erreur est moins coûteuse en reprise, d’autre part la construction brique par brique permet d’éviter l’effet tunnel. C’est un des aspects du métier, la patience et la pédagogie sont des qualités essentielles.

En quoi les SIC sont-ils un métier passion ?

Sergent-chef Julien :  Il y a deux types de développeurs : celui qui choisit le métier et celui qui le subit. Quand on a la chance de vivre de sa passion, on apprend tous les jours et ça ne coûte pas. Il faut pratiquer pour être un as de la solution. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse en codage, il y a plusieurs chemins et l’enjeu est d’optimiser ce que le langage permet d’apporter pour répondre le mieux possible au besoin du client. Entre une solution la plus simple ou la plus durable dans le temps, j’opte pour celle qui dure. Selon qui travaille avec vous, l’important c’est d’être universellement compris pour faire un produit fonctionnel, facile. La devise du développeur chez nous : « rien n’est impossible, mais on est seulement tenu par le temps ». Notre approche est pragmatique : aller à l’essentiel pour avoir au bout un outil ergonomique et intuitif. On pense utilisateur.

De quoi êtes-vous le plus fier aujourd’hui ?

Sergent-chef Julien :  J’aime bien l’équipe que nous formons : au final on surmonte toujours les problèmes et dans une bonne ambiance. Les ingrédients d’une équipe qui marche ? J’ai beau être responsable d’équipe, je dirais qu’il n’y a pas de recette miracle : c’est une histoire d’alchimie, de feeling, d’envie dans le métier, de cohérence, d’honnêteté et de solidarité.

Que conseilleriez-vous à un développeur informatique qui sortirait de l’école ?

Sergent-chef Julien : De se rapprocher des anciens et d’apprendre avec eux, la théorie à l’école c’est bien, mais la pratique de l’optimisation c’est au travers du métier que cela s’acquiert. Les anciens donnent certaines clés aux plus jeunes, mais pour avancer il suffit de se mettre au travail et faire sa propre expérience.

Ensuite, comme la programmation est une science en constante évolution, il faut savoir rester humble car on ne peut pas connaître tous les langages. Un autre conseil utile : il faut savoir s’imposer dans la relation au client en toute diplomatie pour être écouté. Car notre métier consiste aussi à expliquer au client ce qu’il veut vraiment puisque le système d’information ressemblera à ce qui aura été élaboré ensemble intellectuellement.

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