[HISTOIRE] 1799-1815 : derrière les succès de Napoléon et de la Grande Armée, une communauté du renseignement
Il y a 219 ans, le 2 décembre 1805, Napoléon remportait la plus célèbre de ses batailles à Austerlitz. Plus globalement, sous le Consulat comme sous le Premier Empire, le renseignement militaire fut l’une de ses préoccupations permanentes.
Austerlitz le 2 décembre 1805, mais aussi Iéna, Wagram ou encore Ulm… : au-delà de ses sens tactique et stratégique, les victoires de Napoléon sont aussi le fruit de l’intégration et de l’utilisation du renseignement, en particulier le renseignement militaire, dans ses plans d’action.
Sous le Consulat comme sous le Premier Empire, le renseignement militaire fut en effet l’une de ses préoccupations permanentes. Plusieurs entités, unités, services ont ainsi contribué à l’élaborer ; la fusion de l’ensemble des productions étant souvent réalisée par l’Empereur lui-même1.
Au niveau stratégique, le renseignement est réalisé par quatre entités :
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le Dépôt de la guerre, chargé de rassembler une documentation exhaustive sur les adversaires potentiels. Il est divisé en une branche historique (ouvrages sur l’Histoire, les religions, les cultures, le Droit…) et géographique (cartes) ;
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le Bureau de la statistique générale, chargé du renseignement politique, commercial, financier ;
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les services diplomatiques, chargés de l’ordre de bataille des forces ennemies ;
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le cabinet noir2, chargé des interceptions de correspondances.
Aux niveaux opératif et tactique, plusieurs savoir-faire sont mis en œuvre par les armées :
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reconnaissance dans la profondeur par la cavalerie légère ;
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infiltration d’agents chargés de conduire des manœuvres de déception (en 1805, Charles Louis Schulmeister infiltra ainsi l’état-major autrichien et permit la capitulation du général Mack à Ulm le 19 octobre 1805, moins de deux mois avant Austerlitz) ;
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interrogatoire des prisonniers en vue d’obtenir tout élément sur les positions, mouvement et intentions des forces adverses.
1 Gérald Arboit, « Napoléon et le renseignement », Centre français de recherche sur le renseignement, Note historique n° 27, août 2009.
2 Le cabinet noir apparaît de manière officieuse et ponctuelle sous l’Ancien Régime, sous le règne de Louis XIII sous l’impulsion de Richelieu. Cette pratique s’institutionnalise sous Louis XIV, pour lequel Colbert organise un cabinet noir. Ce dernier demeure sous les règnes et régimes suivants.
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